Petit panier de BD #3

22 décembre 2020 1 Par Bidib

Me revoici avec un petit panier garni, au programme quelques BD lu ces derniers temps.

Sœurs d’Ys – la malédiction du Royaume englouti

Couverture Soeurs d'Ys : la malédiction du royaume englouti

bande dessinée de M.T. Anderson (scénario) et Jo Rioux (dessin), publié chez Rue de Sèvres (2020)

Résumé : Ys, est une ville d’une beauté merveilleuse avec son palais et ses jardins au milieu des mers.

Leur souveraine, Malgven, « Reine du Nord » a utilisé sa magie pour maîtriser les monstres marins et ériger de grands murs qui protègent la cité des eaux tumultueuses. Après son inexplicable mort, ses filles s’éloignent l’une de l’autre. Rozenn, l’héritière du trône, passe son temps sur les landes à communier avec les animaux sauvages, tandis que Dahut, la plus jeune, jouit des splendeurs de la vie royale et tue sans regret ses amants au petit matin. Plus leurs destinées s’opposent et plus Ys se fragilise. Les écluses ne protègent plus la cité confrontée aux assauts de la mer, quel secret cachait la Reine ? Telle l’Atlantide, Ys est-elle condamnée à sombrer dans les abysses ? (source : Rue de Sèvre)

La légende d’Ys est une légende qui me tient vraiment à cœur. J’y suis attaché depuis longtemps et j’en ai lu de très nombreuses variantes. J’étais très enthousiaste à l’idée de découvrir cette BD. Mais mon enthousiasme est un peu retombé, non pas parce que la BD manque de qualité, mais parce que la version qu’elle propose donne le “mauvais” rôle à Dahut, or il se trouve que c’est mon personnage préféré de la légende. On peut diviser les versions de cette légende en deux grandes catégories : la vision païenne ou Dahut représente la résistance face à la christianisation de la Bretagne, et la vision chrétienne où Dahut est diabolisé et représente la débauche. Les auteurs nous offrent ici une version qui penche plus vers la vision chrétienne de la légende. Or vous l’aurez sans doute compris, j’ai un penchant pour la version païenne qui fait de Dahut un personnage fort et victime de manipulation et non un monstre qui mène la ville à sa perte.

Dans cette BD le roi Gradelon n’a pas une fille (comme dans toutes les versions que j’ai lues précédemment), mais 2. Les deux sœurs sont très différentes l’une de l’autre. Dahut pratique la magie et occupe son rôle de princesse, obéi aux ordres de son père, prend ses responsabilités très au sérieux. Sa grande sœur est une fille pure qui préfère les balades dans la nature aux intrigues de la cour. Si cette version avec deux sœurs antagonistes, ayant emprunté deux chemins très différents à la mort de leur mère, est très intéressante, je n’ai pas pu m’empêcher d’éprouver de la peine pour Dahut qui encore une fois se retrouve à jouer le rôle de la “méchante”. Ceci dit, ce que j’ai beaucoup aimé dans cet album c’est qu’on ne nous dit pas juste que c’est une mauvaise personne, on nous explique comment elle en est arrivée à adopter un tel comportement. Dahut est en colère, elle est frustrée, elle se sent seule et surtout elle en veut à sa sœur parce qu’elle a le sentiment que celle-ci l’abandonne. C’est la grande sœur qui est l’héritière pourtant c’est Dahut qui doit toujours s’occuper de tout. Et si elle obéit à son père, on sent la colère qu’elle éprouve à son encontre. De son côté Rozenn aime la simplicité et la nature et veut fuir cette cour qu’elle trouve malsaine. Si ses sentiments sont légitimes, elle n’en abandonne pas moins sa sœur et se comporte de façon très égoïste. Or c’est sa vertu qui sera recomposée tandis que le dévouement de Dahut sera maudit.

Un petit mot sur le dessin avant de passer au prochain titre. J’ai trouvé les planches très belles, j’aime beaucoup la coloration.

Sœurs d’Ys sur le site des éditions Rue de Sèvre

→ Jo Rioux (Instagram)

→ sur Amazon, BD Fugue, Decitre ou votre libraire préféré

→ à lire aussi l’avis de Soukee, Tachan

⇒ envie d’en savoir plus sur la légende d’Ys ? Je vous invite à lire mon article Allors à Is, vous y découvrirez 2 albums, 4 BD et un bonus en musique

⇒ avec cette lecture je participe au challenge Contes et légendes et au challenge de l’imaginaire

Visa Transit, tome 1

Couverture Visa Transit, tome 1

bande dessinée de  Nicolas de Crécy, publié chez Gallimard (2019)

résumé : «Je dois partir et vivre, ou rester et mourir» écrit Shakespeare, repris par Nicolas Bouvier en exergue de «L’usage du monde». À l’été 1986, quelques mois après l’accident nucléaire de Tchernobyl, Nicolas de Crécy et son cousin ont à peine 20 ans quand ils récupèrent une Citroën Visa moribonde. Ils remplissent la voiture de livres, qu’ils ne liront pas, ajoutent deux sacs de couchage, des cigarettes… et embarquent pour un voyage qui n’a pas de destination, mais doit les mener le plus loin possible. Ils traversent le nord de l’Italie, la Yougoslavie, la Bulgarie et descendent en Turquie, dans un périple qui les confronte au monde autant qu’à eux-mêmes. (source : Galimard)

J’ai emprunté cette BD après l’avoir rencontré lors du rendez-vous BD de la semaine. Elle a trainé un moment dans mon sac parce qu’après l’avoir emprunté je n’avais plus du tout envie de la lire (allez savoir pourquoi). Finalement je l’ai ouverte et les premiers chapitres m’ont tout de suite séduit. Les illustrations pleine page sont superbes et cette histoire de voyage à travers l’Europe des années 80 m’intéressait. Mais mon enthousiasme est retombé avec la deuxième moitié du volume, à l’évocation des souvenirs d’enfance. Au début je les ai trouvé amusants, mais ils sont vite devenus trop présents et lourds. J’avais envie d’en revenir au voyage. Dans les derniers chapitres, je me suis ennuyé. Je ne ressors pas tout à fait convaincue de ce premier volume, malgré des aspects intéressants et un coup de crayon remarquable.

Visa Transit sur le site des éditions Galimard 

aperçu

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Le voyage d’Abel

Couverture Le voyage d'Abel

bande dessinée de Isabelle Sivan (scénario) et Bruno Duhamel (dessin) publié chez Grand Angle (2020)

C’est l’histoire d’un vieil homme qui rêve de voyage. Il rêve toujours et encore de voyage. Il déteste sa vie de paysan, il a repris la ferme à la mort de ses parents parce qu’il n’y avait personne d’autre pour le faire. Depuis des années il planifie des voyages, c’est pour bientôt. Et les saisons filent, et le voyage est toujours pour demain, jusqu’à ce que de demain il n’y en ait plus.

J’ai découvert cette bande dessinée toujours grâce au rendez-vous du mercredi et j’avais été séduite par les planches, mais l’histoire… j’étais septique. Mais les critiques étant très bonne, je me suis laissée tenter et j’ai emprunté cet album. Et là je dis chapeau ! Les deux auteurs arrivent à nous embarquer dans cette histoire où il ne se passe rien du tout. On en prend plaines les mirettes et on ne décroche pas un instant jusqu’à la fin. C’est beau, c’est touchant, terriblement triste et parfois drôle.

sur le site de l’éditeur

lire un extrait

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→ à lire aussi les avis de Mo’, Azilis

Le voleur de souhaits

Couverture Le voleur de souhaitsbandes dessinées jeunesse de Loïc Clément (scénario) et Bertrand Gatignol (dessin), publié chez delcourt (2017)

Encore un titre découvert grâce au rendez-vous de la BD de la semaine, mais cette fois pas de bonne surprise. J’avais été séduite par la critique, aspect conte du titre m’intéressait, la couverture me plaisait, la critique était bonne et pourtant j’ai été déçue. Vraiment déçue. J’ai trouvé ce titre très ennuyeux. L’histoire est effectivement racontée comme un conte par un narrateur et il n’y a quasiment aucun dialogue, sauf que j’ai trouvé la narration très ennuyeuse. Et si le point de départ était original et amusant : un garçon qui collectionne les souhaits des autres en les capturant à chaque fois que quelqu’un éternue, le dénuement de l’histoire lui est d’une accablante banalité. Tout ça pour en revenir toujours à la même chose, voilà ce que j’ai pensé en refermant le livre. Côté dessin, j’ai trouvé les planches très belles, mais il y a un quelques chose de figé qui me perturbe. Peut-être accentué par l’absence de dialogue.

sur le site de l’éditeur

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→ à lire aussi les avis de Noukette, Mo’

⇒ avec cette lecture, je participe au challenge de l’imaginaire


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