Une vie chinoise – suite et fin

26 décembre 2012 1 Par Bidib

Cet été je vous avais parlé un manhua franco-chinois qui m’avait enthousiasmé : une vie chinoise. La lecture de la suite m’a bien moins séduite.

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Le dessin est toujours aussi intéressant, mais on s’y habitue. L’histoire prend un tournant mois intéressant. Enfin, non, ce n’est pas que l’histoire soit moins intéressante en soi, c’est plutôt que cela ne rentre pas en résonance avec mon ressenti et ma sensibilité occidentale. Je m’explique : l’auteur est membre du parti communiste chinois, alors je ne m’attendais pas des critiques ouvertes. Mais là, j’avais presque l’impression de lire de la propagande et cela m’a vraiment dérangé. Bien que les auteurs cherchent à rester neutres, il y a un moment où, avec toute la bonne volonté possible on est obligé de prendre position. Et si cette BD retrace la vie de Li Kunwu, elle est bien obligé de nous faire partager son point de vue sur ce qui se passe en Chine durant les périodes cités. Alors que dans le tome 1 il parle de son expérience dans les brigades rouges tout en les critiquant. On n’aura plus vraiment de critique sur les politiques suivantes. Cela ne doit pas être encore à l’ordre du jour en Chine.

Les révoltes étudiantes, les manifs de la place Tian’anmen, le Tibet… autant de sujet qui nous interpellent, nous les occidentaux mais qui ne sont pas importants pour l’auteur, qui prétend que c’est le sentiment que partagent la plupart de ses compatriotes, et je veux bien le croire. Pas important ? Mais alors, qu’est-ce qui est important ? Ce qui compte c’est de rester fidèle au parti ! Un parti qui change de direction comme de chemise ? Oui, mais peu importe ce que le parti veut, il faut vouloir la même chose. À la lecture de la scène où le père, envoyé par le passé dans un camp de rééducation par le parti, et qui, sur son lit de mort, dit à son fils que, quoi qu’il arrive, il doit rester fidèle au parti, je n’ai pas pu m’empêcher de penser le plus grand mal de ce cher monsieur. J’ai eu beau essayer de rester impartiale, de ne pas juger, de me dire qu’il faut respect le point de vue d’une autre culture et blablabla… Il y a des choses qui me dépassent et ce genre de comportement en fait partie. Mais ça ne s’arrête pas là.

Qui a-t-il de plus important encore? le progrès. Et là, moi je bondis ! Alors, le pays prend une direction qui nous mène tous droit dans le mur, basé sur un modèle que l’on sait ne plus être viable, basé sur la surconsomation de matière première dont les reserves commencent déjà à fléchir, la production de bien inutiles, la pollution, l’oppression, des nombreux sacrifices au passage… Mais c’est pas grave, ce qui compte c’est de progrès ! Là encore, j’ai beau me dire qu’il s’agit d’un point de vue d’une culture différente, je ne peux pas adhérer.

À cause, finalement, de cette idéologie distillé à petites dose homéopathique, mais tout de même présente entre les lignes, je n’ai pas du tout adhéré à la suite de cette série. Il y a quelques bons passages, des tas de choses intéressantes, mais cela m’a laissé un goût amère dans la bouche. J’ai d’ailleurs dévoré le premier tome et mis plusieurs mois à lire la suite, et encore quelques mois à me décider à en parler. Parce que en réalité, cela fait déjà plusieurs mois que j’ai lu les tomes 2 et 3 et ce qui m’en reste, c’est que je n’ai pas aimé.

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