Jane, le renard & moi
Pour cette nouvelle lecture, que je partage avec l’équipe K.BD, je pars outre-Atlantique, au Québec.
/!\ Spoiler /!\ attention, si vous ne l'avez pas lu et que vous n'aimez pas qu'on vous en dise trop à l'avance... Allez vite lire cette BD et revenez ici après ! J'en ai pensé beaucoup de bien, mais je n'ai pas su comment le dire sans spoiler. :)
Jane, le renard et moi c’est l’histoire d’une jeune fille qui se trouve trop grosse, ou plutôt que ses camarades trouvent trop grosse. Chaque jour est pour elle un enfer où elle doit faire face aux brimades incessantes de ses camarades. Pour faire face, elle se réfugie dans la lecture. Plus précisément dans la lecture de Jane Eyre. Quant au renard, c’est un petit renard aperçu à l’orée des bois tout à côté de la « tente des esseulées » lors d’un voyage scolaire. Un voyage qui est d’abord perçu comme un cauchemar par la jeune fille et qui finalement se révélera salvateur par sa rencontre avec une gentille fille aux yeux bleus.
Je me suis jetée dans cette lecture les yeux fermés, je ne connais pas les auteures (Isabelle Arsenault au dessin et Fanny Britt au scénario), ni le thème, ni le résumé, pas même la maison d’édition. On m’a passé le livre et je me suis engagé à le lire. Ce n’est qu’au moment de le lire, que j’ai tout découvert. Je dois dire qu’à la lecture des premières pages le dessin naïf noir et blanc m’a un peu piqué les yeux. Il ne me faisait pas vraiment envie… J’ai toute de même poussé la lecture quelques pages plus loin et très vite j’ai éprouvé de l’empathie pour cette petite héroïne rejetée de tous qui fait face avec dignité et en silence. De toute façon, que dire ? Y a-t-il seulement quelqu’un pour entendre ?
Les auteurs arrivent à très bien décrire l’état d’esprit d’Hélène, que ce soit par les mots ou par le dessin terriblement gris et triste, comme le quotidien de la petite fille.
Les mots sont justes, vrais. Ils montrent toute la méchanceté qui peut exister au sein d’un groupe d’enfant et le regard que cela pousse à avoir sur soi. Tous se moquent d’Hélène parce qu’elle est grosse, mais nous, lecteurs, ne voyons qu’une gamine ordinaire, ni particulièrement grosse, ni mince. Une petite fille tout ce qu’il y a de plus normal qui finit par détester son corps non pas pour ce qu’il est, mais pour ce que les autres prétendent qu’il soit. On sent sur elle le regard lourd et accusateur de ses camarades. J’ai eu de la peine pour Hélène. Heureusement que Géraldine et ses jolis yeux bleus apportent dans le monde d’Hélène des mots et des couleurs brisant sa prison de silence.
Graphiquement, si je n’ai pas été séduite au premier regard, j’ai finalement trouvé l’ensemble agréable et le jeu entre les planches grises du quotidien d’Hélène et les planches aux couleurs vives où l’on voit Jane Eyre très est intéressant. Un peu comme confronter une triste réalité et la fuite vers un imaginaire plus vif, plus coloré, porteur d’espoir.
Des mots justes pour parler d’une réalité difficile que vivent beaucoup d’enfants et qui, de plus, se finit bien. De quoi donner de l’espoir (ou des faux espoirs ?) aux petites Hélène du monde entier.
Merci Mo’ pour cette découverte, et merci aux éditions La Pastèque (petite fiche Jane, le renard et moi sur le site de l’éditeur). J’ai réellement apprécié cette lecture surtout que je ne m’y attendais pas.
Je n’en pense pas moins que toi ! Tout pareil 🙂
Le dessin est un peu austère de prime abord mais on se laisse vite séduire quand même, il est tout à fait juste et ces touches de couleur, en plus d’être tout à fait intégrées au récit, sont franchement belles (à l’instar des cases que tu mets en valeur ici).
c’est vrai que le dessin au début ne fait pas vraiment envie, puis on se laisse comme apprivoiser au fil des pages, peut-être un peu comme son héroïne par Géraldine, non?
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