La Violence dans le Manga / Dissertation ~by Yomu-chan
L’article que je vais vous proposer aujourd’hui est un peu saugrenue et plutôt différent de tout les précédents. Permettez moi de vous remettre dans le contexte qui m’a poussé à écrire ce qui suit. Il y a quelques mois, alors j’ai été vilaine et que j’ai fais une bêtise mon chaaarmant proviseur m’a gentiment exclu pendant plusieurs jours. Youhouuu des vacances de 4 jours, le pied !! Eh bha non. Maman Dragon ne l’entend pas de la même manière. Quelques jours auparavant je venais d’essuyer une note plutôt décevante sur une disserte qui traitait de la violence dans le genre théâtrale et patati patata, du coup ma môman Otaku à trouvé vachement drôle de m’imposer une dissertation officieuse + un commentaire littéraire sur une nouvelle en Anglais + faire la liste de toute les formations qu’il est possible de faire quand on veut faire le métier que je veux faire ( faire faire faire), tout ça pour m’occuper pendant mon exclusion.
Et vous l’aurez compris, si vous avez lu le titre de cet article, le sujet de ma dissertation officieuse était la violence dans les mangas (et les animes) ! La problématique étant, si je me souviens bien, quelque chose dans le genre “ Comment expliquer que les gens soit subjugué par la violence présente dans les mangas et les animes ? “
Et aujourd’hui je vous propose ma tentative de réponse. J’avais pour projet de la retravailler un minimum parce que mon aimante correctrice ne m’avait mis que 12/20, mais le souvenir de ces heures travail est tellement douloureux que j’ai préféré m’abstenir :3 Flemme quand tu nous tient ! Enfin cessons les palabres et voici ma dissertation sur la violence dans les mangas (soyez indulgent please ! )
Le manga est un média qui aujourd’hui c’est totalement intégré à la société, Japonaise ou même européenne, il prend de plus en plus de place et a de plus en plus de succès ; cependant il ne fait pas encore l’unanimité, certain parents condamnent la trop grande violence des mangas ou des dessins animés japonais et l’influence qu’elle peut avoir sur leurs enfants. En effet la violence peut provoquer une certaine fascination chez le lecteur et le spectateur, on montrera que les mangas et les animes peuvent être le reflet d’une telle fascination mais aussi que ces arts mineurs peuvent utiliser la violence à des fins plus profondes. La violence peut être physique ou verbale, tragique ou comique, elle recèle de l’amour, de la colère, du désir de domination ou de la vengeance… Être fasciné c’est être subjugué, c’est tout oublier, cela peut aller jusqu’à la vénération. Pour parler du manga et de l’anime il faut d’abord les définir ; le manga c’est la bande dessiné japonaise, au même titre que la BD franco-belge chez nous (quoique qu’avec ses propres codes), c’est un art mimétique qui montre le monde mais c’est aussi un prétexte à la fiction et l’imagination, de nombreux univers naissent du manga. Ce qu’on appel « anime » c’est souvent l’adaptation en dessins-animés de mangas à succès, on ajoute alors une bande sonore, des couleurs, et des fois un nouveau graphisme. Afin de comprendre cette subjugation et comment le manga utilise la violence pour des objectifs moins superficiels nous nous demanderons pourquoi le lecteur/spectateur est fasciné puis nous développerons les desseins plus profonds de la violence dans la BD japonaise et son adaptation animée.
On peut considérer que le manga est un des reflets de la fascination. En effet, c’est un moyen d’expression qui laisse une grande liberté à ses auteurs quant à son contenu, il permet de faire passer toute sortes de messages et de raconter toutes les histoires que l’on veut, ainsi n’importe qui peut trouver sa part de fascination. On peut cependant se demander pourquoi la violence est un des aspect qui plaît, qui est recherché par les lecteurs, pourquoi sont-ils fasciné par cette brutalité que l’on peut trouver dans les animes et les mangas.
Le moment de violence peut avoir un aspect spectaculaire. Le manga et son scénario suivent un rythme dramatique particulier. Et les moment de férocité sont des moments intenses et capitaux pour l’histoire. Durant ces passages le personnage condense toutes ses énergies et toute sa réflexion préliminaire (préparation de vengeance, quête héroïque, concours, etc…) et tout ça explose dans ces moments d’agressivité. Se sont des scènes qui embarque le public de par leurs rythmes et le rôle qu’elles peuvent avoir dans le déroulement de l’intrigue, pour ne laisser plus que les « Va-t-il y arriver ?! », « Vas y ! Fait le !! » ou encore « Non ne fait pas ça ! ». Dans Naruto ( de Masashi kishimoto) on retrouve souvent ce schéma, notre héros blond se fait taper dessus sans jamais abandonner et nous sert de long discours sur les valeurs des ninjas avant de remettre son adversaire sur le droit chemin par un ultime coup ; comme lors de sa première rencontre avec Gaara. On retrouve aussi ce type d’explosion d’émotions dans l’attaque des titans quand, juste après leur promotion, la brigade de jeunes est envoyée dans le district de Trost et que le Titan colossal apparaît, là Eren totalement résolu ( après de nombreux débat intérieur et d’auto-discours de résolution) réagit très vite et n’hésite pas un instant à se lancer dans le combat.
La violence nous renvoie à notre humanité comme un miroir. En effet, elle raconte les grande préoccupations humaines, comme l’amour avec la rivalité, la jalousie, le désir de possession, ou le pouvoir avec la domination et l’oppression. Alors, voir ces traits, qui appartiennent à tout les Hommes, sous forme de dessins (qui en plus dans les mangas sont souvent très expressifs) peut être intéressant, peut être fascinant. On opère, consciemment ou inconsciemment, une identification, soit avec nous même soit avec notre entourage, nos connaissances et nos expériences. Et l’humanité fascine tant par sa beauté que par son éxcessivité. On reste sans voix, on observe jusqu’où elle peut aller, jusqu’où elle peut pousser la violence, la barbarie et des fois le sadisme. On voit ce genre de violence psychologique dans Fruits Basket ( de Natsuki Takaya) quand Akito violente les autres personnages par manque d’amour et d’affection, elle noie sa solitude dans la violence aussi bien verbale que physique. Ou dans Battle Royale (Kôshun Takami) on se demande où va s’arrêter la folie destructrice de Kiriyama.
Mais la violence n’est pas seulement sujet de fascination, elle peut aussi avoir un but plus précis et mon superficiel.
Quelles sont alors ces fins plus profondes pour les quelles les mangaka utilise la violence. Parlons déjà de la place du manga dans l’histoire du Japon. En effet cet art à une identité culturelle très forte. Les premiers mangas voient le jours sous les doigts d’Hokusai au XIX° siècle, puis la période où il explose c’est pendant et juste après la 2° Guerre Mondiale ; à cette époque le Japon n’est pas dans son état le plus glorieux, nous n’oublions pas les deux bombes atomiques qui l’acculent et l’occupation américaine qui s’en suit. Pendant cette période le peuple japonais est pauvre et désillusionné, le manga offre alors une possibilité de divertissement peu onéreux et accessible à tous. Ensuite le manga devient le support parfait pour traiter des fait historiques et politiques de façon humoristique (ou pas, d’ailleurs). Cela devient un devoir de mémoire. Ça explique les explosions d’agressivité de certains auteurs, les japonais ont souvent était sous pression, que se soit par l’occupation ou même aujourd’hui par leur propre système, c’est une population qui à un moment donner à besoin d’expulser. C’est un art populaire qui permet de comprendre le point de vue de la population,être mangaka n’est pas réservé à une quelconque élite sociale, il suffit de savoir dessiner un peu (et encore) et d’avoir des idées, des choses à dire ou a raconter. On retrouve ce devoir de mémoire dans Gen d’Hiroshima (Keiji Nakazawa) où on nous dépeint la violence de la guerre, par exemple quand on voit les corps fondre sous l’effet de la bombe nucléaire. Ou encore, plus récemment, dans de nombreux ouvrages qui ont vu le jour suite au terrible tsunami de 2011 comme Japon, 1 an après (recueil de 8 histoires avec pour trame les événements de ce mars 2011) où on découvre la violence des paysages et des maisons balayés ainsi que les Hommes dévastés.
Le manga a aussi une préoccupation sociale. En ciblant précisément les différentes catégories de lecteurs, par sexe ou par âge (shôjo pour les jeunes filles, shonen pour les adolescents masculin ou seinen, josei, etc…) le manga offre une exceptionnelle diversité et peut ainsi adresser toute sorte de messages sociaux, dénoncer les abus sociopolitiques, se révolter contre une société japonaise très exigeante, parler de la dégradation des valeurs familiales, de l’argent qui devient la valeur reine dans l’esprit des gens, ou tout les soucis de l’univers nippon, comme son fort taux de suicides, son état économique, le bizutage en masse, etc… C’est dans les années 60 que le manga prend une tournure adulte, sociétale et politisée. On montre la violence pour la dénoncer. Mais cette violence, dans les mangas, peut aussi prendre une forme comique, en effet dénoncer certaines choses de façon légère et provocatrice peut aussi être très efficace. On trouve cette implication sociale dans Lady Oscar de Riyoko Ikeda, qui est beaucoup plus engagé qu’on ne pourrait le croire, on nous propose tout de même une femme habillée en garçon et qui se bat mieux que certains hommes, c’est une idée assez moderne. Il y a aussi X day (Mizushiro Setona) qui nous montre le mal-être des jeunes, près à faire exploser leur lycée. On peut aussi parler de Suicide Island (Kôji Mori) qui relate du trop grand nombre de suicidés et de comment la société doit les gérer.
Il existe aussi un aspect non négligeable du manga et de l’anime, c’est la catharsis. Cet effet thérapeutique qui agit sous forme de purge. Cette philosophie nous viens du théâtre grec, bien que les japonais on dut s’inspirer d’autre chose, je doute de l’étendue de la culture nippone au niveau de ce patrimoine dramatique antique, en tout cas dans les mangas on trouve des trucs rigolos sur le sujet. Bref, le principe de la catharsis c’est de se libérer de la violence, du mal que l’on a en nous en les voyant de façon excessive sur scène, sur l’écran ou dans notre cas, sur papier. Si on prend en compte le faible taux de criminalité japonais on peut se demander si le trop plein de violence de certains genres de mangas et d’animes n’y est pas pour quelque chose. La bande dessinée japonaise agirait alors comme un défouloir, on s’expose à outrance à la brutalité et ainsi on évite de tuer quelqu’un pour de vrai. On s’enivre de pensées sadiques, vicieuses,et perverses pour éviter que ces pulsions n’explose dans la réalité. On peut reprendre l’exemple de battle royale mais cette fois en parlant du personnage de Mitsuko Sôma qui est du début à la fin démesurément « sexy », nue, sensuelle, cruelle et vicieuse. Doubt est aussi un exemple de cette violence sanguinolente excéssive, on y trouve un mixe de toutes les émotions abominables, celles que l’on enfouit au fond de nous. Dans un autre esprit on peut citer Death note (Takeshi Obata et Tsugumi Onba) dont le héros n’est pas un gentil malgré qu’il soit très attachant , c’est ce genre de personnage humain pour de vrai, ce n’est ni vraiment un méchant mais ce n’est clairement pas un modèle de vertu.
Nous avons expliqué pourquoi le lecteur et le spectateur peuvent être subjuguer par la présence de violence dans les mangas et les animes ; en disant le rôle dramatique des moment où cette violence fait son apparition, et en explicitant comment la violence est une part de l’humain qui pousse à la fascination et à l’interrogation. Nous avons aussi vu quelles sont les fins plus profondes aux quelles sont destinées les représentation de la violence dans la BD nippone en replaçant le manga dans l’Histoire du pays, en montrant ses aspects sociétaux et en parlant du phénomène de la catharsis. On peut à présent se demander si, malgré tout les prétextes à la démonstration de violence que nous avons développés plus haut, cela n’a pas une influence néfaste sur les jeunes lecteurs et lectrices de mangas, et jusqu’où va cette influences, qu’elles en sont les limites.
C’est vrai que le manga a souvent (toujours ?) était décrié car n’étant qu’un concentré de “violence & de sexe”. Mais bon de manière générale le débat sur la violence dans les supports narratifs n’est pas nouveau donc je vois pas pourquoi ça serait le manga le plus fautif. De mon point de vue la violence est également présente dans les supports franco-belge de manière plus insidieuse.
Il y a effectivement un effet cathartique, même si, comme toi, je doute qu’il y ait eu beaucoup de japonais dans le bassin méditerranéen pendant l’antiquité (sauf dans Thermae Romae). Ce dire que nous, nous ne ferions jamais ça à autrui, nous, nous sommes des êtres civilisés doués de raisons.Ceci dit je ne pense pas que ce soit l’élément majeur du faible tôt de criminalité au japon. Si je prend les USA par exemple quand on y regarde de plus prêt malgré des séries (TV ou BD) violentes ça ne les empêchent pas d’avoir un taux élevés de blessés et morts par armes à feu. Ca serait plus culturel (la possession d’armes est inscrit dans la constitution par le 2eme amendement, après il est possible de faire l’amalgame entre libéralisme et violence “le renard libre dans le poulailler libre”). Ceci dit au japon même si le taux de criminalité est faible, la violence est ailleurs et se manifeste sous d’autres formes (harcèlement par ex) parce que l’on aime pas le clou qui dépasse.
L’être humain a des pulsions violentes et sadiques de nature que la société et ses règles aident à réprimer ou réguler mais il suffit de changer de peu le contexte pour que ceux-ci réapparaissent (cf l’expérience de Milgram, de Stanford…) donc dans un sens le manga n’est qu’un reflet, une sorte de memento de la nature humaine. Au lieu que se soit la fiction qui inspire la réalité, c’est peut être la réalité qui inspire la fiction…Qui n’a jamais eu envie d’en coller une à celui qui nous a offensé au lieu de tendre gentiment l’autre joue ?
On peut aussi allier la violence à la pulsion de mort, en le reliant comme tu l’as dit à des événements marquants voir traumatisant, mais entre la 2nde guerre mondiale et mars 2011, il y a un écart niveau temps (bon à l’échelle humaine pas vraiment). Je doute que la 2nd guerre mondiale soit encore “fraîche” dans les mémoires de certains.
Certains passages violents, le sont tellement que ça en devient presque grotesque (comme avec Battle royal) ce qui nous renvoi au fait que tout ceci n’est pas réel, ce n’est que de la fiction. Même si nous arrivons à nous projeter, à éventuellement ressentir par empathie, cela nous permet aussi de nous détacher de prendre un certain recul.
La violence elle même est assez vaste entre celle physique, celle psychologique, celle qu’on ne voit pas mais qu’on laisse le lecteur imaginer, celle gratuite (quoique souvent elle n’est pas si gratuite que ça), symbolique, etc…. La violence se complique également quand c’est avec une idée de “faire le bien” (akumetsu). Mais dans un cas comme dans l’autre le lecteur prend partie, on en peut que s’indigner devant les maltraitance de l’héroïne de Life par exemple.
C’était ma contribution pas très utile \o/
Plus sérieusement c’est un débat intéressant mais qui me donne l’impression d’être sans fin… :/
C’est vrai qu’on ne pourra pas donner de vraie réponse à ce débat, mais ta contribution était très intéressante :p Il est vrai que dans ma rapide analyse je n’ai pas pris le temps de départager les différents types de violences comme il aurait fallu que je le fasse, peut-être que si j’ai le courage je me replongerai dans la réflexion pour trouver des argument plus profonds.. Quoique.. Au final est-ce qu’on a vraiment besoin de se poser la question 😉 ?
[…] Et pendant ce temps, sur Ma petite médiathèque, vous pouvez consulter un article sur la violence dans le manga. […]
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