Vies volées – Buenos aires Place de Mai

5 mars 2018 10 Par Bidib

Vies Volées de Mats et Mayalen Goust, publié chez Rue de Sèvres (janvier 2018).

C’est tout d’abord la couverture qui m’a interpellé dans Vies Volées. Je la trouve très belle et intrigante. On a envie d’en savoir plus sur ces personnages qui nous regardent avec un regard à la fois tendre et triste.

Ce que nous en dit l’éditeur :

De 1976 à 1983, la dictature militaire qui régit l’Argentine fait disparaître près de 30 000 opposants politiques. Parmi eux, des jeunes femmes enceintes auxquelles leurs enfants seront arrachés à la naissance. Depuis 1977, leurs grands-mères recherchent ces 500 bébés volés …

En Argentine, de 1976 à 1983, sous la dictature militaire, 500 bébés ont été arrachés à leurs mères pour être placés dans des familles plus ou moins proches du régime. Plusieurs années après cette tragédie, les grands-mères de ces enfants ne cessent de se battre pour les retrouver. Interpellé par ce drame largement médiatisé, Mario, un jeune homme de 20 ans qui s’interroge sur sa filiation décide d’aller à la rencontre de ses grands-mères accompagné de son ami Santiago et décide de faire un test ADN, Les résultats bouleverseront les vies des deux jeunes gens et de leur entourage. À travers leur quête, on s’interroge sur l’identité, la filiation, la capacité de chacun à se confronter à ses propres bourreaux, à surmonter une trahison et parvenir à envisager un nouvel avenir.

En lisant cette bande dessiné on suit les histoires de deux jeunes homme et d’une jeune femme mais on découvre aussi un pan  de l’Histoire (celle avec un grand H) de l’Argentine. Je savais que l’Argentine avait vécu sous une dictature militaire et que de nombreux opposant avaient été éliminés mais je ne connaissais pas du tout le mouvement des grand-mères de la Place de Mai. C’est un épisode tragique et douloureux de l’histoire du pays qui n’a pas encore cicatrisé. Parmi les enfants volés, nombreux sont encore ceux qui n’ont pas été retrouvé et même pour ceux qui ont été retrouvé cela doit être extrêmement douloureux.

Ces sentiments complexes Matz et Mayalen Goust arrivent à très bien les mettre en scène. Le point par lequel on entre dans le mouvement de la Place de Mai montre déjà tout l’ambiguïté et la complexité du problème. Les deux amis qui se présenterons pour l’analyse ADN ont une approche complètement différente, l’un doute de ses parents, l’autre ne se pose même pas la question et pourtant, les résultats ne serons pas du tout ceux attendus et la vie des deux amis va en être bouleversé. Avec la vérité, arrivent tout un tas de sentiments : la colère, l’incompréhension, le sentiment de perte… un ras de marée qui peut emporter cette amitié. Pourtant de belles choses peuvent aussi ressortir de cette vérité révélée et non désirée.

Les personnages sont tous très attachant. Leurs histoires sont différentes, mais il se retrouvent tous confronté au problème d’identité et de filiation.

J’ai vraiment beaucoup aimé cette bande dessinée. Et finalement je ne trouve pas les mots pour l’explique, j’ai plongé dans l’histoire et me suis laissé protée. J’ai adoré le dessin. Je le trouve très beau, expressif, on ressent la tension et l’émotion des personnages. Les dialogues sont aussi très agréables et naturels. S’il n’y a pas vraiment de surprise dans le scénario, cela emporte peu car on ne cherche pas tant à être surpris par les revirements de situation attendus que par voir la façon dont les personnages vont réagir.

J’ai trouvé cette lecture touchante, j’étais émue par les histoires personnelles tout comme par l’histoire du pays. Et c’est ce qui est particulièrement intéressant dans ce titre, non seulement c’est agréable à lire et à regarder mais on y apprends des chose. Du moins moi j’ai appris des choses que je ne savais pas et que j’ai envie d’approfondir.

Si je ne devait retenir d’un livre de mes lectures de février, ce serais sans doute celui-ci.

sur le site de l’éditeur

⇒ à lire aussi les avis de Mo’ et de Mes échappées livresques


 challenge petit BAC 2018


Le coin de curieux

Après avoir lu Vies volées j’ai eu envie d’en savoir plus sur ce mouvement des mères (et des grand-mères ) de la Place de Mai.

Disparition et témoignageJe commence ma découverte pas cet épisode de La Marche de l’Histoire de l’année dernière avec comme invité Alice Verstraeten, auteur de Disparition et témoignage. Réinventer la résistance dans l’Argentine des « Mères de la Place de Mai » (2013)

Avant de se lancer dans la lecture de son livre, on peut lire son article Les disparus argentins de deuxième génération : vies paradoxales dans les limbes du social disponible en ligne, publié dans la revue Frontières ( numéro 27 – 2015)

De fil en aiguille je suis arrivée sur le site des Abuelas de Plaza de Mayo sur lequel on peut lire en français l’histoire du mouvement.

Voici un reportage de France 24 sur le témoignage des enfants retrouvé. Le pendant réel de ce que nous raconte Vies volées qui se place également du point de vue de ses enfants devenus adultes et qui découvrent de pas être ce qu’ils croyaient être.

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