Osamu Tezuka 8 courts métrages [film d’animation]

Osamu Tezuka 8 courts métrages [film d’animation]

19 juin 2021 2 Par Bidib

Affiche 8 Films d'Osamu TezukaBonjour tout le monde. Aujourd’hui je vous parle animation japonaise avec 8 courts métrages de Tezuka réuni en un seul DVD.

On m’a prêté ce DVD et je l’ai regardé sans trop savoir à quoi m’attendre. Si je connais assez bien Tezuka pour ses manga, je connais moins son travail de réalisateur. La personne qui m’a prêté le DVD était très enthousiaste, j’étais donc très curieuse de découvrir ces courts métrages. Et je dois avouer que ce fut une superbe surprise. J’ai adoré !

Bande-annonce La Légende de la forêtLe DVD comprend 8 films différents :

1: La légende de la forêt (1988 – 30 minutes) : la forêt menacée de destruction
2: La Sirène (1964-8minutes) : la passion d’un pêcheur et d’une sirène
3 : La Goutte (1965 – 4 minutes) : un marin en perdition meurt de soif sur un radeau
4: Le Film Cassé (1985 – 6 minutes) : les personnages quittent l’écran pour une balade
5: Le Saut (1984 – 6 minutes) : un personnage ne s’arrête plus de bondir
6: Histoires du coin de la rue (1962 – 36 minutes) : des objets prennent vie
7: Tableaux d’une exposition (1966 – 37 minutes) : les tableaux s’animent
8: Autoportrait (1988 – 13 secondes) : le visage de Tezuka comme dans un scopitone

Très disparate par leur durée, leur histoire, et même leur rendu visuel, ces films ont un point commun : pas de dialogue. Que des images et de la musique. Une sorte de Fantasia à la japonaise, si j’ose dire.

Cela m’a vraiment fait penser à Fantasia, non seulement à côté du mariage film muet et musique, mais aussi par certaines scènes similaires et certains clins d’œil que Tezuka fait au style de Walter Disney. Nous avons par exemple des nains qui semblent sortis de son Blanche neige, ou des fées qui dansent sur les goutes de rosée qui ne peuvent que nous faire penser à Fantasia. Mais il n’y pas que cela.

La Légende de la forêtDans ces différents films, Tezuka explore et s’amuse. Nous avons par exemple différentes techniques utilisées dans la légende de la forêt. Le dessin et l’animation évoluent au fur et à mesure qu’on avance dans l’histoire en passant par des phases très différentes des unes des autres, rappelant l’évolution des techniques et diverses influences : premiers dessins animés, Disney, animation soviétique, animation minimaliste, le gag cartoon…

Dans le film cassé, on joue avec les codes du film muet et on se joue des notions d’espace. Le saut met en scène un bond, de plus en plus grand, de plus en plus loin. La caméra rebondit dans le paysage, allant de plus en plus haut et offrant de nouvelles perspectives à chaque saut.

J’ai adoré Histoires du coin de la rue où les personnages des affiches publicitaires s’animent et se répondent dans une nouvelle histoire musicale.

Tableau d’une exposition est aussi amusant. À travers divers portraits, Tezuka s’amuse à caricaturer les défauts d’un domaine : la science, le business, le sport… et à chaque tableau un dessin différent.

Techniquement le travail est très intéressant, une véritable exploration. Mais cela n’intéressera, du coup, pas tout le monde. C’est assez particulier, un peu déroutant et différent d’une oeuvre à l’autre. Personnellement j’ai trouvé ça super, mais je pense que j’étais aussi dans de bonnes conditions pour bien en profiter. Je m’étais mise dans l’état d’esprit découverte et je ne m’attendais pas à découvrir des histoires, mais une recherche du réalisateur sur l’art de l’animation. Je n’ai donc pas été déçue, bien au contraire. Mais si j’avais été d’humeur à regarder un dessin animé, j’aurais été peut-être déçue, car il n’y pas vraiment d’histoire ou de fil conducteur entre un film et l’autre, pas de dialogues, pas forcement d’intrigue…

La Légende de la forêt

Pourtant, au-delà de la technique et du témoignage du travail en tant qu’animateur d’Osamu Tezuka, il se dégage de l’ensemble de ces courts métrages quelque chose de vraiment fort. On sent la blessure laissée par la guerre, elle est ici omniprésente, tout comme le militarisme qu’on associe d’ailleurs à l’industrialisation. Le chef des exploitants forestier est une caricature d’Hitler, ses bucherons des soldats sans scrupules. Le jeune homme dans « la sirène » est formaté par une société totalitaire qui ne supporte pas la fantaisie, le coin de la rue voit les affiches d’un dictateur s’imposer et détruire la douce mélodie qui y régnait… la guerre n’est jamais loin. Et l’écologie non plus . En cela, ces courts-métrages m’ont fait penser aux films de Miyazaki et des studios Ghibli où le message écologique est toujours tapi dans un coin. Cet aspect écologique est surtout évident dans la légende d’une forêt où les animaux et les créatures magiques voient leur milieu naturel détruit par des bucherons de plus en plus avides. On retrouve ce message aussi dans tableau d’une exposition où une petite cigale assoiffée se retrouve dans un jardin artificiel ou il n’y aucune place pour le vivant.

Sous un trait parfois très enfantin et disneyen, ces courts métrages racontent des histoires très violentes, l’Homme dans toute sa capacité destructrice, face à une nature parfois vengeresse, parfois fragile, parfois magique.

Une œuvre surprenante que je suis ravie d’avoir découverte. Je conseille ce DVD a tous les passionnés d’animation, c’est très intéressant.

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