Les suffixes -kun, -san, -chan… dans les manga

1 août 2012 0 Par Bidib

Traduire ou ne pas traduire, là est la question !

A l’arrivée du manga en France, une première polémique est née sur le sens de lecture que devaient prendre les versions françaises. J’en ai déjà parlé dans  Manga : petit guide de lecture pour néophytes, inutile de m’étaler sur le sujet.

Une nouvelle polémique est née autour de la traduction. Certains défendent l’idée que, lors de la traduction, on doit laisser les suffixes qu’utilisent les japonais avec noms et prénoms car ils sont de précieux indicateurs permettant de mieux comprendre les personnages et les relations qu’ils entretiennent. En effet, ces suffixes changent en fonction du contexte. D’autres préfèrent une traduction intégrale et la suppression des suffixes, inexistant en français. Il arrive parfois que ces derniers puissent être remplacé par des tournures de phrases ou des surnoms afin de rendre la même intention. Mais, la plupart du temps, la traduction française ne contient que nom du personnage sans aucune nuance.

Sur la question mon avis est assez partagé. Il est vrai que, pour celui qui a quelques notion de japonais, les suffixes donnent un aspect plus authentique. Ils ont, parfois même, un rôle humoristique non négligeable. En revanche, pour celui qui lirait un manga sans rien connaître de la langue japonaise resterais perplexe devant une “Kazura-san”, “Haru-chan” et autre “Ryu-senpai”. Non seulement ça ne l’aiderais pas à comprendre, mais cela aurais plutôt l’effet inverse.

Dans cette polémique s’affrontent peut-être deux camps : d’une part ceux qui entendent populariser le manga et toucher tous les publiques, et de l’autre celui des “puriste” voulant garder le manga pour un public “d’expert”.

Faut avouer qu’une partie, sans doute non négligeable, des lecteurs de manga sont également amateur d’anime, adeptes de la VO en streaming ou en téléchargement. Souvent ils ne se contentent pas de lire des manga papier, nombreux sont ceux qui lisent des scans d’œuvres non encore licencié en France. Ces scans, traduits par des fan, restent généralement  très proche du texte initial et gardent les suffixe et autres expressions courantes en version original (comme par exemple “o-nii-chan”). Pour ce genre de public, habitué à la VO, un “senpai”, “sama” et “dono” n’aura aucun secret, il pourrait le comprendre aussi bien qu’un “monsieur” ou “madame”.

La question est alors : pour qui doit-on traduire les manga ?

Personnellement je vois dans la bande-dessinée bien plus qu’un simple divertissement. Si j’ai appris le français en lisant Tintin, je suis ravie d’en apprendre plus sur la culture et la langue japonaise en lisant un manga. Une petite note à côté du suffixe expliquant ça signification suffit à aider celui qui n’est pas encore habitué à ce genre de mot. Tout comme les petites notes au côté des noms de plats traditionnels, coutumes particulières sont parfois nécessaires pour éclairer le lecteur.

Mais pourquoi relancer cette polémique ici, sur ce blog ? tout simplement pour vous proposer un petit lexique permettant à ceux qui ne se sont pas encore familiarisé avec ses suffixes de s’y retrouver (^_^)

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dessin de Yomu-chan. arigatou ^-^

Les suffixes :

Dans la société japonaise les différences de statut sont très marquées, notamment au niveau de la différence d’âge. Évidemment c’est la cas en France aussi, mais au Japon cela est plus évident, notamment grâce à l’utilisation de suffixes accolé au nom/prénom des personnes. Ce suffixe change suivant que l’on s’adresse à un ami, un inconnu, un supérieur, une personne plus âgé que soit, plus jeune, etc.

Dans certains cas, l’omission du suffixe peut-être considéré comme une offense, puisque on n’utilise le nom seul, sans suffixe, qu’avec des amis proches, l’omettre revient à nier le respect qu’on doit à l’interlocuteur dû à son âge ou  à son statut social.

Les suffixes les plus couramment utilisés :

dono (殿) : suffixe archaïque et très formel. Il n’est aujourd’hui plus utilisé que dans des situations extrêmement formelle ou dans les
films de samouraï.

Il est néanmoins assez courant dans les manga et les animes. Dans les histoires de samouraï, évidemment, mais pas seulement. Cela indique, soit le sentiment infinie humilité du personnage utilisant le suffixe dono face à la personne qu’il nomme ainsi (serviteur-maître par exemple) soit on peut y voir aussi une utilisation humoristique (exagération de politesse).

sama (様) : Autres suffixe très formel, mais plus répandu que le précédent. De nos jours il est utilisé soit à l’écrit soit dans la relation client-vendeur. Le vendeur s’adresse à son client en l’appelant o-kyaku-sama (お客様) que l’on pouvait traduire par “monsieur le client”.

Dans les manga il est souvent utilisé par des jeunes filles pour nommer le “prince” du lycée ou encore dans les relations maître/serviteur.

 

san (さん) : c’est le suffixe le plus commun. On l’utilise pour parler d’une personne (ou à une personne) que l’on ne connais pas, qui est hiérarchiquement supérieure ou plus âgé. On conseille généralement aux étranger de se contenter de celui-là afin de ne pas commettre d’impaires. C’est poli, mais sans trop en faire.

Dans les manga, plus que ça présence, c’est son absence qui a de l’importance. En effet, il n’est pas rare qu’un personnage s’étonne de s’entendre appeler ou d’entendre deux autres personnages s’appeler par leur nom/prénom sans suffixe. Le fait de ne pas mettre –san (ou – kun) derrière un nom implique une certaine intimité entre les personnages.

kun (君) : Ce suffixe est utilisé soit dans le cas d’un supérieur s’adressant à quelqu’un hiérarchiquement inférieur, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, soit entre jeunes hommes, par exemple entre camarade de classe. Il est l’équivalent du vouvoiement mais en moins formel que le – san. Utilisé par une femme, il peut indiquer une certaine affection pour l’homme qu’elle désigne ainsi.

Évidemment très rependu dans les manga surtout dans le school life, puisqu’il est utilisé par les jeunes hommes pour se désigner les uns les autres.

chan (ちゃん) : suffixe affectueux utilisé avec les enfants. Également utilisé pour les jeunes filles avec lesquelles on entretient une relation proche. Avec un nom d’homme cela équivaut à le traiter comme un enfant (ou une fille).

Tout comme kun, il est très rependu dans les shôjo et shônen (personnages jeunes). On le retrouve dans d’autres types de manga également, notamment  avec les enfants. Dans les yaoi aussi. Histoire d’en rajouter une couche, le garçon effémine se voit appelé avec le suffixe – chan, évidemment cela implique une relation intime.

 

Suffixes indicant la fonction ou le stat social :

 – sensei (先生) : signifie professeur. Utilisé pour les profs, les médecins, les artistes, les maîtres (d’art martiaux, cérémonie du thé, ou tout autre art ayant des maîtres).

senpai (先輩) : pour désigner votre supérieur dans un cadre précis : un élève/étudiant plus âgé, une employé étant entré dans l’entreprise avant vous. L’opposé de senpai, c’est kôhai (後輩), qui désigne un plus jeune étudiant/employé, mais ce mot n’est guère utilisé comme suffixe. Le senpai s’adresse à son kohai en utilisant -kun ou -san.

shachô (社長) : chef  d’entreprise.

kaichô (会長) : directeur d’entreprise.

kachô (課長) : chef de section (d’une entreprise).

buchô (部長) : chef de département (d’une entreprise), menager, éditeur.

senshu (選手) : sportif/athlète

Grand frère et grande sœur :

o-nii-san (お兄さん) : signifie “grand frère”. Linguistiquement cette expression est utilisé pour désigner le grand frère d’une autre personne, celui de l’interlocuteur ou d’une tierce personne. Pour désigner son propre grand frère on utilise simplement le kanji 兄 sans le o (お) honorifique ni le suffixe, la pronciacion change également : ani. Mais les enfants utilisent o-nii-san pour désigner leur propre frère. En remplaçant le san par le chan on obtient une expression plus affectueuse. On utilise cette expression également pour s’adresser à lui. Le petit frère / petite sœur n’appelle pas son aîné par son prénom mais “o-nii-chan“.

o-nee-san (お姉さん) : signifie grande sœur. Ce mot fonctionne exactement de la même façon que le précédent. Pour parler de sa propre sœur on utilisé 姉, prononcé ane, mais les enfants s’adressent à leur grand sœur en l’appelant o-nee-chan.

O-nii-san et o-nee-san ont une deuxième utilisation. Les enfants/ado peuvent s’en servir pour s’adresser à un jeune homme/ jeune femme dont il ne connaissent pas le nom. Pour s’adresser à une femme/homme adulte ils utiliseront oba-san (おばさん) qui signifie tante et oji-san (おじさん) qui signifie oncle. Et enfin, pour s’adresser à des personnes âgé ils utiliseront obaa-san (おばあさん) et ojii-san (おじいさん) qui signifient
respectivement grand-mère et grand-père.

Ces expressions sont très fréquentes dans les manga. Et sont souvent prétexte à gag , comme par exemple une jeune femme qui se vexe après qu’on l’aie appelé oba-san au lieu de o-nee-san : ça lui fait prendre un coup de vieux !


Bibliographie :

 Marc Bernabé. Le Japonais en MANGA, cours élémentaire de japonais au travers des Manga. Glénat, 2005.

 Vous pouvez aussi lire cet article sur Japan info. Vous y retrouvez les même suffixe mais avec des exemples concrets. bonne lecture.

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