Féline – Bu Hui-ryeong

19 juillet 2013 1 Par Bidib

Après deux light-novel japonais (Le gardien de l’esprit sacréN°6) c’est au tour de la littérature jeunesse coréenne d’être à l’honneur sur Ma
petite Médiathèque.

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Féline

Bu Hui-ryeong

2006

traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Françoise Nagel

Picquier jeunesse

2009 pour la traduction française

Lire un extrait

Ce roman c’est la vie d’un chat de gouttière qu’il nous raconte. Il est écrit  à la première personne. Le héros est un jeune chat que sa mère, l’estimant assez grand pour survivre par ses propres moyens, a abandonné. Apeuré et seul, il doit apprendre à subvenir seul à ses besoins, chercher de la nourriture et se défendre des gros matous bien plus dangereux que les humains.

Alors qu’il est en quête de nourriture dans un parc, il y rencontre une jeune fille pas comme les autres. C’est le coup de foudre au premier regard ! Serait-elle ce que, dans le monde des chats, on appelle un homme-chat ?

La fille fouilla dans sa poche et en sortit quelques petits anchois séchés qu’elle me tendit. Pour la première fois de ma vie, je mangeai à même la main d’un humain. Elle était douce.

Tout en humectant les anchois de ma salive avant de les saisir entre mes canines, je pris une décision : j’allais l’apprivoiser.

Si Minet a le coup de foudre, Minyeong ne semble pas vouloir s’intéresser à lui. Réussira-t-il à la séduire et rester auprès d’elle ?

Dans l’avant-propos, l’auteur s’adresse à ses jeunes lecteurs dans ces termes :

Le souhait que je voudrais exprimer dans mon roman, c’est que vous appreniez à grandir pour devenir aussi autonomes que les chats. Même si ce n’est pas toujours facile !

C’est bien de cela qu’il est question dans ce court roman : le chemin vers l’émancipation que doit entreprendre tout adolescent. Tout comme Minet, à la fois personnage principal du roman et narrateur subjectif, la jeune Minyeong doit apprendre à laisser sa mère lui échapper et commencer à prendre soin d’elle-même. C’est ensemble que le jeune chat et l’adolescente vont parcourir la route qui mène à l’indépendance.

Le style de l’auteur est très plaisant. Elle nous offre un texte à la fois facile à lire et subtil. Bien qu’il s’adresse à de jeunes lecteurs, j’ai pris un réel plaisir à lire ce roman. Les personnages sont très attachants, tout particulièrement le jeune chat qui jette sur les humains qui l’entourent un regard à la fois tendre et critique. Le fait de montrer les humains à travers les yeux de chat permet de prendre un certain recul.

Quand on aime quelqu’un, c’est normal d’avoir envie de rester près de lui. J’étais sûr qu’elle avait de l’affection pour moi. Alors pourquoi avait-elle fait cela? Cela voulait-il dire que chez les humains le cœur et la tête ne fonctionnent pas en harmonie ? Pour quelle raison ?

Il arrive parfois que les humains se montrent plus sages que nous, mais pas toujours. Sur deux points, ils sont particulièrement bêtes. Tout d’abord, ils sont incapables d’oublier le passé. Ensuite, ils s’inquiètent à l’avance de l’avenir. Du coup, ils ratent le plus important : le présent. Ils ignorent la valeur de ce qu’ils possèdent. Ils désirent toujours ce qu’ils ne peuvent pas
obtenir. Quelle bêtise !

La vie de chat nous est racontée avec beaucoup de détails : la chasse, la litière, la pluie… mais l’auteur sait comment captiver notre attention et ne jamais rendre le récit ennuyeux. Il s’agit du premier roman de l’auteur et je trouve qu’il est particulièrement réussi. J’espère que d’autres de ses romans seront traduits prochainement en français. Comme je l’ai dit plus haut, ce livre s’adresse aux jeunes lecteurs, mais il plaira tout autant aux moins jeunes.

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