Lettre au père – Franz Kafka

1 septembre 2014 2 Par Bidib

Voici ma première participation au challenge l’Union européenne en 28 livres. Je n’ai pas acheté ce livre pour l’occasion, en réalité, lettre au père était dans ma PAL (comprendre pile à lire, je précise pour les non blogofages) depuis… plus de 15 ans !! Oui, oui. Vailà plus de 15 ans que j’ai acheté ce livre et me suis promise de le lire. A l’époque moi aussi j’avais une lettre au père à écrire, mais le niveau de langue soutenu m’empêchait de le lire (je débarquait à peine en terre francophone et la lecture était encore un pour moi un combat perpétuel contre la dyslexie). C’est ainsi que Kafka fut relégué à la bibliothèque poussiéreuse, où pourtant il regagnait régulièrement le haut de la PAL.

Le moment était venu ! Plus de lettre à écrire, plus de difficultés pour lire… il était temps que je lise ce récit et le challenge m’offrait une très bonne opportunité.

Lettre au père est une très longues lettre de Franz à son père où il essaie d’expliquer pourquoi ses relations avec lui sont si difficiles, en quoi ce père l’a littéralement écrasé sous son autorité naturelle, lui l’enfant craintif, et en quoi l’éducation qu’il a reçu a contribué à faire de lui le fils décevant qu’il est devenu.

Pourquoi ce livre ?

Comme je l’ai dit plus, j’avais acheté ce livre quand j’étais au collège. A l’époque, moi-même en conflit avec mon père, j’avais entrepris de lui écrire pour lui signifier mon point de vue sur notre relation… inexistante. C’est à ce moment là que je suis tombé sur ce livre. Tout naturellement j’ai désiré l’acheter. Peut-être Kafka y disait de bien meilleure façon ce que je désirait moi-même exprimer ? Mais je n’arrivais pas à le lire. J’avais mis la barre trop haut…

Qu’ai-je donc ressenti en lisant ce livre 15 ans plus tard ?

Et bien, mon premier sentiment fut une légère déception. En effet, si Kafka entreprend ici d’écrire à son père, tel que je le fis moi aussi à l’époque, ses relations avec son père n’ont rien de semblable à celle qui nous unissaient (ou désunissait) moi et mon père. Je cherchait des mots qui exprimassent mes sentiment, il n’y avait là rien de tel.

Je n’allais tout de même pas laisser tomber après quelques pages ! J’ai donc poursuit la lecture et une chose bien curieuse c’est produite. Alors que je m’attendais, en ouvrant ce livre, à m’identifier au fils, plus j’avançais dans la lecture plus je m’identifiait au père !

Je ne suis certes pas aussi sévère que Kafka père (c’est même plutôt le contraire) mais je me suis sentie proche de lui dans sa façon d’être, sa façon de s’imposer, dans sa tyrannie et ses contradictions. D’ailleurs, quand Franz fait prendre parole à son père à la fin de la lettre, pour lui faire dire ce qu’il pense être ses reproches à la lecture de la lettre, c’est, à quelques nuances près, exactement les même reproche que moi je lui fait.

Voilà donc que Kafka me joue un tour ! Alors que je m’attendais à être sur le banc des plaignants, je me retrouve du côté des accusés ! J’ai été surprise, mais agréablement surprise car au delà de la qualité du texte en tant qu’exercice littéraire, cette lecture m’a beaucoup fait réfléchir, sur moi, sur mes relation avec mes enfants mais aussi avec mes parents. J’en suis venue à me questionner sur l’opposition apparente qu’il peut y avoir entre une éducation permissive (mes enfants peuvent faire un peu prêt tout ce qu’ils veulent) et mon caractère de tout évidence tyrannique (et ils sont les premiers à me le dire).

Je n’étalerais pas ici le fruit de ma réflexion, cela serait bien trop long et bien trop intime, mais je tenais néanmoins à vous en faire part car c’est là l’intérêt, pour moi, de ce livre.

Pour ce qui est de l’exercice littéraire, je ne suis pas amatrice de ce genre. La langue utilisé est démodée, les tournures lourdes, les phrases longues… cela me demande un effort particulier de concentration pas toujours plaisant (dyslexique un jour, dyslexique toujours! )

République Tchèque

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