Heidi, le roman

24 juillet 2015 6 Par Bidib

– je suis en train de lire Heidi

– Pardon ?

Heidi, tu sais la petite fille dans la montagne…

– Mais c’est pas de ton âge !

– …

C’est peut-être pas de mon âge (en déplaise à maman) mais moi j’adore la littérature jeunesse et je m’éclate à lire des romans pour enfants. Il y a tant de livres que j’aurais aimé pouvoir lire enfant, mais je n’y arrivais pas ! Alors aujourd’hui que j’ai réussi à surmonter mon handicap j’ai envie de les découvrir tous ces romans ! Et pas seulement ceux que je n’ai pas pu lire avant, mais aussi ceux récent que j’achète pour mes filles ou mes neveux !

Oui, bien sûr je pourrais lire des livres d’adultes, et je le fait, mais je trouve dans la littérature jeunesse de quoi nourrir mon enfant intérieur et à chaque fois il est si heureux que je n’ai aucune envie de le priver de ce bonheur. Voilà, c’est dit. Ben oui quoi, ça fait jamais plaisir ce genre de remarques !

Mais je suis pas là pour régler mes comptes avec ceux qui attendraient de moi que je sois une bonne adulte, je suis là pour parler du dernier roman jeunesse que j’ai lu : Heidi de Johanna Spyri.

couverture illustré par Carlo Chiostri – 1939

Je dois cette lecture au challenge les 50 livres conseillé par Hayao Miyazaki. Quand j’y ai découvert le titre, il m’est revenu en mémoire l’anime que je regardais enfant. Je revoyais la petite brunette gambader sur les vers pâturages des Alpes… un anime qui, sans m’avoir vraiment marqué, m’a laissé un joli souvenir. Miyazaki y a d’ailleurs travaillé avant de créer son propre studio. J’ai eu envie de découvrir l’oeuvre originale, un classique de la littérature jeunesse qui a connu bien d’autres adaptations (j’ai trouvé une liste assez impressionnante de film).

Pour ceux qui ne se souviendrai pas de l’anime ou qui ne l’aurai pas vu, c’est l’histoire d’une petite orpheline que sa tante abandonne aux bons soins d’un grand-père qui vit en ermite sur des alpages suisses. Heidi n’a que 5 ans quand elle arrive chez l’oncle de l’alpages, c’est ainsi que tout le monde nomme son grand-père, vieil ours mal léché vivant reclus sur sa montagne. La petite Heidi par sa joie de vivre et son caractère toujours positif et débrouillard va faire fondre le cœur glacé du grand-père, un homme blessé par la vie. Le grand-père ne sera pas la seule personne à retrouver la joie de vivre grâce à Heidi.

L’édition que j’ai lu date de 1995, traduit par Jeanne-Marie Guillard-Paquet et proposé par les éditions Gallimard Jeunesse dans sa collection Chefs-d’oeuvre universels. Cette éditions est enrichie par de nombreux documents et illustrations d’époque qui font découvrir le quotidien des alpes à l’époque du récit aux quels s’ajoutent les illustrations de Rozier-Gaudriault. Si les documents historiques sont intéressants, les illustrations ont plutôt mal vieilli. Mimiko les a carrément qualifié de moche, quand à moi, je n’ai pas trop d’affection pour les illustrations vintage, je préfère quelque chose de plus pop. En revanche je trouve la couverture très jolie.

Quant à l’histoire, j’ai beaucoup aimé la lire, les pages filent toutes seules et malgré la mièvrerie générale, on se surprends à les enchaîner curieux de connaître la suite. Heidi est trop bonne pour être vraie, et parfois l’auteur en fait trop pour montrer à quel point sa présence illumine l’existence de ceux qui l’entourent (je pense notamment aux scènes avec la grand-mère de Peter) mais on est malgré tout pris par le récit et la lecture est très agréable. J’ai regretté cependant un excès de bondieuseries. Si au début cela reste discret et peut être simplement mis sur le compte du contexte historique, le Bon Dieu se fait de plus en plus présent dans les derniers chapitres et l’oeuvre qui font presque office d’acte prosélytique.

– Qu’arrive-t-il à celui qui oublie de le prier ? murmura le grand-père.

– Oh ! Il ne sera pas heureux, car le Bon Dieu l’oubliera aussi, il le laissera faire ce qu’il veut, et quand tout ira mal pour lui et qu’il se plaindra, personne n’aura pitié de lui. On se contentera de dire : Il a commencé par s’éloigner du Bon Dieu, alors maintenant, le Bon Dieu, qui pourrait lui venir en aide, le laisse tomber aussi.

Ce qui m’a assez dérange, non pas tellement par le message qu’il délivre que par celui qu’il ne délivre pas. S’il est question ici de pardon et de rédemption, de courage et de confiance, il n’y est aucunement question de tolérance.

Malgré cet aspect que l’on peut pardonner étant donné l’époque à laquelle le roman fut écrit (1880), cela reste une très bonne découverte. Un classique à redécouvrir.

3/50

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