Le music-hall des espions – Bruno Birolli

16 février 2017 2 Par Bidib

J’avais aimé le livre historique de Bruno Birolli Ishiwara, l’homme qui déclencha la guerre, qui se lit comme un roman. J’étais impatiente de découvrir son premier roman.

Couverture La suite de Shanghai, tome 1 : Le music-hall des espions

On entre dans le vif du sujet dès les premières pages avec la découverte de cadavres bien puants. Nous sommes à Shanghai, dans les années 30. Autour du charnier, des officiers français, un homme des renseignements britanniques, un officier chinois et ses hommes. Mais qui sont donc ces cadavres. Qui est l’homme qui pleure ?

Marche arrière toute. On se retrouve en France. René est envoyé en Chine comme sous-officier par son oncle influent qui ne sait trop quoi faire du jeune homme dont il a la charge. Un neveu encombrant, une concession lointaine. Voici René embarqué pour une aventure à laquelle il ne s’attend pas. Pas mécontent de quitter la France (et surtout son oncle), René débarque à Shanghai où il travaillera aux renseignements avec Fiorini, son supérieur. Fiorini est un officier taciturne, de peu de mots. Mais il saura gagner la confiance et la fidélité de son sous-officier fraîchement débarqué.

Avec René, on découvre la vie de Shanghai, partagée entre ses concessions étrangères et ses quartiers chinois. L’ambiance est des plus tendues : homme d’affaires peu scrupuleux, taxi-girls, étrangers en mal d’aventure, autorités fidèles à Tchang Kaï-chek, espions communistes et japonais prêt à faire tout péter, on marche sur le fil du rasoir.

C’est au détour d’un incident peu commun, une attaque qui n’a rien d’un simple braquage que Fiorini, accompagné par René, se lance sur les traces d’espions communistes. Un jeu de chat et de souris, de pouvoir et de manipulation, duquel personne ne ressortira vraiment indemne, est en train de se jouer.

Ce que j’ai aimé dans ce roman ce n’est pas finalement tant l’intrigue policière que laissait entrapercevoir la découverte des cadavres par laquelle le roman s’ouvre. Ce qui est vraiment intéressant de ce livre, c’est de découvrir la ville de Shanghai avant que la guerre n’y éclate. C’est à travers le vécu de René qu’on découvre la ville, ces différents quartiers, sa dynamique, la façon dont les diverses concessions et les quartiers chinois interagissent. Bruno Birolli a su la rendre très vivante. Il y a profusion de détails, on a vraiment l’impression d’arpenter ses rues.

Les personnages, nombreux, sont tous attachants. Même les plus terribles d’entre eux ont quelque chose de profondément humain qui nous les rend familiers. On ne peut détester personne. Il n’y a ni de bon ni de méchants. Il y a des camps adverses, il y a la guerre, il y a les valeurs que chacun veut défendre. Des chemins contraires qui mènent à la confrontation, inévitable, acceptée telle une fatalité.

Un beau livre, qui se lit avec plaisir et qui nous fait découvrir un pan de l’histoire chinoise sans en avoir l’air.

Merci aux éditions Tohu Bohu et à Bruno Birolli pour cette lecture.


Le coin des curieux :

Je ne pouvais pas présenter ce livre sans proposer un coin des curieux ! Mais j’ai découvert, avec plaisir, que Bruno Birolli avait déjà bien préparé le travail avec la page facebook du roman où l’on trouve énormément de photos d’archives ayant servi à l’élaboration du roman. On y trouve même quelques musiques 🙂 Je vous invite vraiment à y faire un tour.

Que dire de plus après avoir feuilleté les albums photo ?

Je me contenterais de proposer deux autres lectures dans un genre bien différent pour découvrir sous un autre angle le Shanghai des années 30 :

La balade de Yaya nous amène à Shanghai en 1937 alors que la guerre opposant les Chinois au japonais a éclaté. Yaya, une petite bourgeoise, se retrouve perdue dans les rues de la ville à feu et à sang. Elle y rencontrera Tuduo, un gamin des rues. Ensemble, ils vont fuir et tenter de survivre.

Une très jolie BD jeunesse dont je vous ai déjà parlé ici. Si le dessin tout en rondeur fait vraiment penser à une BD pour enfant, le propos y est parfois très dur, à ne pas mettre entre des mains trop jeunes. Mimiko l’aime beaucoup et y revient régulièrement.

L’ombre de Shanghai, encore une BD jeunesse. Toujours aux éditions Fei, comme la balade de Yaya. C’est ici une jeune Chinoise, prise sous l’aile d’une riche famille de colons français qui est au centre de l’intrigue. Nous sommes toujours à Shanghai dans les années 30, mais les jeunes gens qui fréquentent le lycée de la concession française semblent bien plus inquiets par leurs peines amoureuses que par la guerre imminente. Une histoire fantastique et non une aventure historique, mais de belles planches où l’on peut observer les rues du Shanghai des années 30.

Je vous ai déjà parlé des premiers tomes de cette série ici.

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