Les péripéties de Bidib à Angoulême [FIBD 2019]
Tout a commencé un jeudi matin. Enfin, un peu plus tôt. Fallait bien s’organiser. Où plutôt se désorganiser ! Comme, par exemple, oublier de réserver son billet de train et découvrir à la dernière minute qu’évidement il est complet. Jeudi midi, donc. Un train avec encore de la place. Monter vers le nord pour redescendre vers le sud, joie des chemins de fer français… Manquer d’oublier sa valise dans le premier train, rester coincée dans le second, joie d’être moi-même… Paniquer et enfin sortir sur le parvis de la gare d’Angoulême. Ça y est, j’y suis !
Après avoir tant hésité, failli annuler jusqu’à la dernière minute, parce que… parce que ! Tout ce monde, toute cette agitation, et si je loupe mon train, et si je panique et si… Mais ça y est, j’y suis. Trop tard pour faire machine arrière, maintenant je suis obligée de m’amuser et cette année je n’ai pas l’intention de laisser l’angoisse me gâcher la fête. Mais il faut vite que je trouve mes anges gardiennes. Elles sont là ! Joie des retrouvailles. Joie des rencontres. Il est 15h30 Framboise, Poiscaille, Scotte et moi-même partons à la conquête d’Angoulême.
Plusieurs épreuves devront être surmontées avant de profiter du Festival. Dompter le dragon-bus bondé. Récupérer les clés du Q.G., échanger des politesses avec la maîtresse des lieux. Puis… des filles qui sortent d’un long voyage en train… (je ne suis pas une fille, il y a plus de doutes). Patience mon petit chaperon orange ! (ne voyez dans le choix de cette couleur aucune obscure symbolique, c’est juste la couleur de mon bonnet, fait main, je vous prie). Les chevalières charmantes ont besoin de temps pour s’armer.
Passée l’épreuve du donjon vient celle du badge. Il nous faut maintenant entrer dans le château récupérer le badge sacré. Le premier passage fut simple et efficace. Signe d’une nouvelle dynamique trouvé ? Nous entrons dans le rythme de la dance ? Non. Simple distraction momentanée. Égarement passager. Nous ne faisons pas dans l’efficacité aujourd’hui.
La quête suivante sera dure et éprouvante. Nous arpenterons les rues d’Angoulême, montant et descendant des collines en quête d’une information qui n’existait pas. Tels les moulins de Don Quichotte, nos géants restent invaincus. Mais en chemin nous avons trouvé des trésors. C’est ainsi que, sans y avoir songé, je me retrouvais avec une place pour la rencontre internationale avec Emil Ferris. Qui ? Mais si, tu sais, l’auteur de « Moi, ce que j’aime c’est les monstres« . Ah oui, la BD que je n’avais pas envie de lire. OK, pourquoi pas. Le « pourquoi pas » qui changea mon festival ! Mais ça, c’est une autre histoire. Pour l’heure, il est encore jeudi.
Nos pérégrinations et quêtes inabouties ont duré longtemps. Il nous reste à peine le temps d’un petit tour vite fait dans le Monde des Bulles. Et là, magie ! Enchantement ! La chevalière charmante devient dragon. En moins de temps qu’il me faut pour dire « ouf », Framboise a déjà récolté de beaux trésors, arracher à la volée à de preux auteurs avant que leur première journée de festival ne s’achève. Quels étaient ces trésors, il vous faudra le demander à Framboise. Moi ce que j’ai retenu c’est qu’il faut que je lise un roman (fais-moi la colère). Vous vous demandez peut-être quel est le rapport entre ce roman et le Festival d’Angoulême ? Le rapport c’est Villeminot, l’un des preux auteurs sus-cités.
Le monde des bulles et d’autres retrouvailles. Lunch, l’invincible (parce que ça sonne bien). Il est là, il est beau et… il est pressé. On se promet de se retrouver demain. L’heure de l’apéro a sonné. Ce soir on est sage. Promis. Promesse ténue. Dîner à l’eau. Quoi !!? De l’eau ! Que diable se passe-t-il ici ? Personne ne voudra jamais me croire. Mais nous avons bien dîné à l’eau. Est-ce l’improbable carte avec ses pizzas au kebab qui nous a perturbés ?
La journée est finie, nous n’avons presque rien fait, mais qu’est-ce qu’on a ri.
Vendredi. La première quête du jour arrive bien tôt. Une chevalière a programmé un inopportun réveil matinal. 6h. Et ne s’est pas réveillé. Personne ne bouge. Je pars en quête du maudit téléphone. Les joies de la chambre partagée. Mais cette fois on est bien. Souvenir ému pour l’amas de matelas dans un tout petit studio au chauffe-eau qui goutte et aux toilettes qui ne ferment pas. Si ce n’était pour ce réveil un peu trop matinal, cette année nous sommes bien installées. Lits douillets. Plancher qui craque, jolie vue sur vallée angoumoise et sur le plus improbable des jardins microscopiques.
Seconde épreuve : pas même le temps d’avaler un café qu’il faut parler anglais. Un collectionneur canadien, fort sympathique, mais très bavard, partage notre repère.
Les préparatifs du vendredi matin ne sont guère plus efficaces que la prise en main des lieux de la vaille. Patience petit chaperon orange, les chevalières préparent leurs armes. (Je ne suis décidément pas une fille !).
Le programme de la matinée : partir à l’assaut du musée d’Angoulême de (plus si) tôt matin pour déguster sans modération les expos qui si trouvent : Taiyô Matsumoto dessiner l’enfance et Richard Corben donner corps à l’imaginaire.
Entre Taiyô et nous se fut le coup de foudre, le coup de cœur. Nous avons aimé.
Entre Richard et moi, le courant n’est pas passé, trop de testostérone, trop de grosses poitrines improbables, de muscles luisants et de postures…. je n’aime pas. Je n’aime vraiment pas ! Mais tu n’as pas lu les explications ! Peut-être bien, mais je suis comme ça, moi. Quand j’aime pas, je lis pas. Et je n’étais pas la seule à avoir été insensible au charme de Richard. D’autres ont été conquises.
J’enchaîne sur un micro pause, oui, déjà. Faut que je dépose mes trésors au Q.G., je n’ai pas résisté au catalogue de l’exposition de Matsumoto. Et je profite des cette échappée du peloton pour une halte solitaire dans la cathédrale où j’aurais le plaisir de prendre quelques minutes pour discuter avec un preux auteur : Camille Moulin-Duprè, dont le premier tome du Voleur d’estampe avait conquis mon cœur.
Nous nous séparons, mais ce n’est que pour mieux nous retrouver. Enfin… non s’en s’être perdue dans le dédale de ruelles angoumoises avant. Se perdre et penser à Mo’. La reine de notre table ronde. La reine qui n’est pas là cette année et qui nous manque. Se perdre et repenser à notre première quête commune, il y a quelques années déjà. Parties à la recherche de Toppi nous tournament en rond longtemps. Mais en ce vendredi midi, c’est Poiscaille que je cherchais.
Se retrouver, manger, échanger sur nos impressions du matin et filer. Il est déjà l’heure ! Nous avons rendez-vous avec Emil Ferris. J’y vais pour être avec mes amies et je prendrais une claque, mais une de ces claques ! Cette femme est magnifique ! Elle dégage une énergie incroyable. Je n’ai pas lu son livre, je n’ai même pas eu envie d’essayer, à priori ça ne m’attire pas du tout. Et pourtant Emil Ferris m’a bouleversé. Ce n’est pas tant ce qu’elle a dit, mais comment elle dit les choses. Ses phrases me sont allées droit au cœur et j’en étais toute émue. Retournée même. Il faut que je lise Moi ce que j’aime c’est les monstres !
Pour me remettre de mes émotions, et parce que j’étais là, je m’engouffre dans l’expo Manara itinéraire d’un maestro de Pratt à Caravage. Jolie expo, à laquelle je n’ai jeté qu’un œil distrait, encore tout à mon émotion précédente. J’ai néanmoins pris le temps de découvrir les facettes non érotiques de son oeuvre, puisque si j’adore Manara, je ne connais de lui pratiquement que ce qui se trouvais dans la salle rouge avec l’écriteau de mise en garde, réservé à un public averti. Et comme je connaissais déjà, je n’ai pas pénétré dans l’antre rouge. C’est quoi ce jeu de mots mal placé ! pas fait exprès, je l’jure.
Mais l’heure n’est pas encore à l’air frais. Je retrouve Poiscaille, nous sommes amoureuses. Nous sommes amoureuses d’un homme de papier. Nous ne savons pas son nom, seulement celui de son père : Tsutomu Nihei. Ensemble, nous parcourrons l’exposition qui lui est dédiée : l’arpenteur des futurs. Que c’est beau. Enfin… sauf pour les profils. Décidément les profils ce n’est pas son fort. Mais on pardonne quelques profils ratés, parce qu’il nous offre de sacrés paysages métalliques. Beau et angoissant, une sensation de néant tout proche. C’est ce que j’ai ressenti.
4 expos et une rencontre internationales nous ont épuisés. Il est temps de faire une vraie pause. Et ça tombe bien, un nouveau temps de retrouvailles est proche. Moka, Noukette et Jérôme sont arrivé à Angoulême ! La ville tremble et elle a bien raison. Les chevaliers de l’apocalypse sont tous réunis. Mais non, je plaisante ! C’est la confrérie des mojito qui est presque au grand complet. Il nous manque la reine, mais elle est dans nos cœurs et c’est à sa santé qu’on va trinquer ce soir. Mais avant le mojito, thé et madeleine.
Qu’avons-nous fait du reste de la journée. Je ne sais plu. Je crois bien qu’au thé, à suivi l’apéro et qu’à l’apéro à suivi le dîner. Italien. Gabriel est notre hôte. Un beau prénom pour un homme charmant, mais les raviolis sont beaucoup trop salé ! Trinquer, rire, manger. Il est tard. Un grain de folie s’est emparé de Framboise. Noukette et moi-même battons en retraite. Pour nous se sera un thé et au lit. Qu’a fait le reste de la confrérie cette nuit-là ? J’aime mieux ne pas le savoir, mais au samedi matin je comprends que leur nuit fut longue, et arrosée.
Samedi. Mon dernier jour. Mon dernier demi-jour pourrais-je dire. 15 h sonnera le glas de ma quête angoumoise de cette année. Mon carrosse (un imposant ouigo) partira, avec ou sans moi et j’aime autant que ce soit avec. Alors, le chaperon orange n’aura pas de patience et n’attendra pas. Enfin, un peu quand même, juste le temps de dire bonjour aux belles endormies qui ouvrent à peine l’œil et je m’en vais. Je suis venue vous dire que je m’en vais, pas au vent mauvais, mais à Manga city où m’attend Lunch l’invincible (vous ne trouvez pas que ça sonne drôlement bien ?). Je ne veux pas partir sans avoir vu la nouvelle bulle, pompeusement appelée Manga City. Loin du centre-ville, tout en bas, à côté du musée de la BD. J’en attends beaucoup. Nouvel emplacement, nouveau nom. Ça doit valoir le détour ! Bon, je ne vous cache pas que j’ai été déçue. C’était très sympa, pavillon coréen et Taïwanais riche en découvertes, comme d’habitude. Mais, justement, c’est comme d’habitude. Rien de nouveau, si ce n’est que c’est plus loin. Je m’attendais à quelque chose de plus impressionnante.
J’ai tout de même pris le temps d’y découvrir quelques auteurs que j’aimerais bien voir publiés par chez nous !
Et j’ai retrouvé Lunch, accompagné de sa petite sorcière qu’il avait assommée à grand coup de Chi. Non, ne vous inquiétez pas. Je ne parle pas d’une prise de kung fu. Mais de Chi, le chat. La petite sorcière y est plongée et c’est à peine si elle lève le nez pour marcher. Ces sorcières-là, il faut les nourrir de livre pour les faire bien grandir.
Ensemble nous avons profité d’être là pour passer au Musée de la BD voir les expos de cette année : Futuropolis et Jean Harambat. La première je l’ai passé en 5 minutes top chrono. Soit j’arrive à saturation, soit… j’avais pas envie, voilà tout. Aller-retour de Jean Harambat m’a déjà plus touché, mais je crois tout de même que je sature un peu. Trop d’information pour mon petit cerveau. J’ai tout de même noté le titre de Ulysse, les chants du retour, dans un coin de ma tête.
En attendant que Lunch finisse sa quête futuropolisienne, je jette un œil au prix scolaire. On y trouve toujours de jolies choses.
La faim se fait sentir, nous allons gravir la colline pour retrouver Badelel et son petit ogre au St Martial. Enfin… gravir, gravir… on va plutôt laisser le dragon-bus la gravir pour nous. Serré comme des sardines dans son estomac.
Retrouvailles encore, manger, papoter. Angoulême c’est aussi ça, le rendez-vous des retrouvailles.
A peine rassasiée on se quitte déjà, sieste pour les ogres, dédicace pour les petites sorcières et moi je profite de mon ultime heure pour faire un tour au nouveau monde. Un tour en mode express. Je crois bien que je n’ai encore jamais passé aussi peu de temps dans la bulle des éditeurs indépendants. Mais ma quête s’achève bientôt et la visite se fera sous le signe de l’efficacité. Je ne quitterais pas Angoulême sans mon pèlerinage au stand des éditions Comme une Orange. Visite express, mais fructueuse, je m’en reviens avec 2 nouveaux albums, et des nouveautés à explorer.
C’est ici que ma quête s’achève. Retour solitaire au Q.G., je ramasse mon barda, je monte une dernière fois dans le dragon-bus. La gare, la citrouille-ouigo et me voilà partie, il n’est même pas encore minuit. Pas les temps pour des au-revoirs, mais c’est mieux ainsi. J’aime pas dire au revoir et je quitte toujours Angoulême seule, dans le silence des images et des rires plein la tête.
Merci à tous les preux chevaliers et chevalières pour leur compagnie, leur énergie et leur chaleur, merci aux valeureux auteurs et merci aux magiciens organisateurs. Pardon aux jolies fée de l’espace presse, j’ai passé sous silence notre pitoyable passage, mais je salue leur patience et leur sourire. L’année prochaine, promis, on sera plus professionnel, nos questions on les préparera avant et non après 😉
Invincible et beau je sais pas mais pressé, là… tu marques un point 😛
😀
Bidib, j’ai très envie de me programmer le prochain Angoulême ! Ton périple, ta quête, a été formidable ! Tu es adoubée !!!
j’espère qu’on aura l’occasion de s’y croiser 🙂
<3
Quel programme !
Merci pour ce beau billet, j’ai bien ri et contente de revivre notre escapade à travers tes lignes ! Vivement l’année prochaine . Et oui cet homme de papier…. difficile de l’oublier …. <3 Merci !
oui ! vivement l’année prochaine ! <3
Je me suis régalée à te lire !!!!! 🙂 Quelle aventure ! de très beaux moments et de très belles découvertes ! merci pour les photos que tu nous fais partager.
merci, je suis contente que ce billet ai plu, je me suis régalée à l’écrire 😀
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