Une vie chinoise – tome 1

2 septembre 2012 0 Par Bidib

Cela faisait un moment déjà que je souhaitais créer une nouvelle rubrique dédiée aux manhua, bande-dessinée chinoise. Je vais avoir le plaisir de l’inaugurer aujourd’hui en vous parlant du premier tome d’Une vie chinoise, manhua franco-chinois publié par Kana dans la collection Made in (2009).

une vie chinoise T1

Dessin : Li Kunwu

Scénario : P Ôtié

Résumé :

Une vie chinoise est un récit autobiographique romancé revenant sur la vie de Li Kunwu.

Tome 1 : Le temps du père

L’histoire commence avec la rencontre du Secrétaire Li (25 ans) et de la jeune Xiao Tao (17 ans) dans un petit bourg de la province du Yunnan en octobre 1950. De leur union naîtra, cinq ans plus tard Xiao Li.

Ce premier tome nous raconte l’histoire de la Chine vécue par Xiao Li, de sa naissance, en 1955, jusqu’à la mort du Grand Timonier, Mao, en 1976 alors que le jeune Xiao Li est dans l’armée.

C’est au travers du regard subjectif du héros que nous découvrons les grands  bouleversement que va connaître la société chinoise durant ces deux décennies.

Chapitre 1 : Rouge. Pur.

La petite enfance de Xiao Li se déroule pendant le Grand bond en avant. La Chine veut booster sa production, notamment celle de l’acier. Afin d’atteindre les buts fixés, toute la population est mise à contribution, y compris les petits écoliers. Mais la mauvaise gestion des ressources va provoquer une terrible famine de 1959 à 1961.

Chapitre 2 : Le petit livre rouge.

Xiao Li a 11 ans quand commence La Grande Révolution Culturelle Prolétarienne (1966). Muni de leur petit livre rouge, dont il ont appris le contenu par cœur, les petits collégiens, trop jeunes pour rejoindre les gardes rouges, vont « jouer » à les imiter et créant leur propres brigades de combat, sillonnant leur quartier à la recherche de tous les vestiges de la Chine « féodale ». Leurs professeurs aussi finirons sur la place lors de la première « assemblée d’autocritique ». C’est dans cette ambiance de chaos général que  Xiao Li passera son adolescence. Grâce au relation de son père il entre en apprentissage chez un peintre : le professeur Zhu.

Chapitre 3 : Armée rouge.

Ce dernier chapitre commence avec l’entrée dans l’armée du jeune Xiao Li en 1972, et se termine par la mort de Mao, le Grand Timonier, dont l’annonce laisse les jeunes soldats dans un état d’hébétude. Que vont-il s devenir, maintenant que Mao est mort ?

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Mon avis :

Voici une oeuvre autobiographique très intéressante qui nous fait vivre l’Histoire au lieu de nous la raconter. A travers le regard du jeune Xiao Li on découvre comment les chinois de l’époque on vécu les grands bouleversement de la Chine Maoïste.

En lisant ce manhua, j’ai repensé aux nouvelles de Bùi Minh Quôc (En un instant, une vie – Bùi Minh Quôc). Bien qu’il ne s’agisse pas du tout du même type de récit, les deux sont ambiantés dans un pays communiste et écrit à la première personne. Les réflexions, les informations que P Ôtié et Li Kunwu nous livrent au fil de ce roman graphique, se rapprochent des réflexions que Bùi Minh Quôc laisse transparaître dans ses nouvelles, tel, par exemple, les effets pervers d’une mauvaise gestion des ressources.

Avec Une vie chinoise j’ai pu en apprendre plus sur cette période de l’histoire chinoise, tout comme les nouvelles de Bùi Minh Quôc m’en ont appris d’avantage sur le Viet Nam communiste. Ce qui renforce l’intérêt de ses deux témoignage, c’est qu’il nous sont livrés par des personne ayant vécu dans le pays. C’est d’autant plus intéressant que le communisme se situe aux antipodes de la société dans laquelle j’ai moi-même grandi. C’est difficile d’appréhender ce que ça implique pour la population quand on se contente de lire un livre d’histoire.

Bien que le scénario d’Une vie chinoise aie été écris par un français, celui-ci à travaillé en étroite collaboration avec le dessinateur Li Kunwu, dont la série romance la vie. Il ne s’agit donc pas d’un regard extérieur venant apporter un jugement sur l’histoire de Chine. Une vie chinoise est le fuit d’échange entre deux auteurs, l’un français, l’autre chinois, qui permet d’offrir à la fois le regard subjectif de celui qui a vécu tous ces bouleversement socio-culturels et une approche permettant au public étranger de comprendre, de mieux appréhender les événement contés.

Le dessin de Li Kunwu est très particulier, plutôt sombre, des trait noirs, langes. Les personnages sont stylisés, cependant l’ensemble est très expressif. Le texte est à la fois agréable et percutant. L’ensemble fait de se manhua, une oeuvre que l’on dévore rapidement et que l’on veut relire à peine terminée, pour s’assurer d’en avoir saisi les moindre détails. Bien que je l’ai découvert en empruntant ce premier tome à la bibliothèque, il rentre dans la catégorie des livre que j’aime posséder pour les relire à l’envie.

Une idée cadeau, peut-être 😉

(oui parce que à ce prix là, il faut prévoir ! Près de 20€ le tome, tout de même. Heureusement la série ne comte que 3 tomes)

Lire un extrait : link

Les auteurs :

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Li Kunwu est l’un des rares artistes de sa génération à avoir pu vivre de la bande-dessinée tout au long de sa carrière. Membre du parti Communiste, il a d’abord travaillé dans la Bande-dessinée de propagande, puis il s’est intéressé aux minorité culturelles de la région du Yunnan. Il est l’administrateur de l’Association des artistes du Yunnan et de l’Institut chinois du dessin de presse. Bien que ce soit un auteur connu et reconnu en Chine, aucun de ces travaux n’est encore traduit en
Français.

P Ôtié scénariste de bande dessiné à ses heures perdues, il s’agit ici de son premier ouvrage BD publié. De son vrai nom Philippe Autier, il a vécu en extrême-orient de nombreuses années. Il est directeur du Bureau de Wuhan de la Mission économique Ubifrance en Chine depuis 2008.


à lire aussi moi avis sur le tome 2 et 3

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