Katori Shintô Ryû : le ken-jutsu
Le ken-jutsu (剣術) n’est qu’une des nombreuses disciplines étudié dans la Katori Shintô Ryû. Cependant elle est très importante par deux aspects : tout d’abord parce que c’est par elle que commence l’entraînement, puis parce que, comme nous avons dit dans l’introduction, le Karori Shintô Ryû est une école d’arme crée par et pour les samouraïs, et quel est l’arme de prédilection du samouraï ? son sabre, évidemment. C’est tout tout naturel de commencer son entraînement par cette discipline.
Mais avant d’aller plus loin dans la présentation du ken-jutsu, voyons un peu l’étymologie de ce mot :
Ken-jutsu s’écrit 剣術
le mot est composé du kanji 剣 (ken) qui signifie sabre
et 術 (jutsu) qui signifie art, technique.
J’attire ici votre attention sur la différence qu’il y a entre le 術 (jutsu) et le 道 (dô) de kobudô (voir introduction). Le terme jutsu fait référence à une technique, il est utilisé dans de nombreuses désignation de l’art de la guerre. Le dô est une voie, cela dépasse la simple notion de maîtrise de la technique pour y ajouter une dimension beaucoup plus spirituelle, morale et personnelle. Celui qui s’engage dans une voie va y dédier sa vie autant par l’entraînement physique que par le respect des valeurs défendues par cette voie. Ainsi, alors que le ken-jutsu (剣術) fait référence à la techniques du sabres, à l’art de manier le sabre, le kendô (剣道) c’est la voie du sabre. En d’autres termes, le jutsu se réfère à la pratique, aux techniques nécessaires au combat, alors que le dô se réfère au développement personnel à la fois physique et spirituel.
Le ken-jutsu est donc l’art de manier le sabre. Cependant, afin d’éviter de se blesser ou d’abîmer son précieux sabre, lors des entraînements, on n’utilise pas de katana. Les différents kata sont exécuté avec des armes en bois : le bokken.
Le bokken 木剣
bokken (木剣) sabre de bois aussi appelé bokutô (木刀), cette dernière appellation étant plus courante au Japon ou l’on préfère utiliser le kenji ken (剣) en préfixe comme dans 剣術 (ken-jutsu) et le kenji katana (刀) en suffixe (prononcé alors tô). 木 signifie quant à lui bois.
Le bokken est une arme en bois reprenant les caractéristiques du ken. Utilisé de tout temps pour l’entraînement, et même parfois au combat, il permet d’éviter d’abîmer son ken ou de se blesser durant l’entraînement.
Miyamoto Musashi (宮本 武蔵) est connu pour ses combats au bokken, notamment contre Kojirô Sasaki (佐々木 小次郎), célèbre bretteur de son époque.
Traditionnellement fabriqué en chêne blanc ou rouge du japon, la forme du bokken varie selon l’école. Généralement il mesure 105 cm et pèse entre 400 et 500g. Sa forme doit aussi être adapté au pratiquant, les femmes utilisent généralement un bokken plus léger que les homme en raison de la masse musculaire moins puissante. Quoi qu’il en soit, ses caractéristiques (longueur, poids, centre de gravité) doivent être similaires à celle du ken pour permettre un bon entraînement aux techniques de ken-jutsu. Il existe également des écoles qui étudient la pratique du bokken en tant que telle, profitant des ses qualités propres et non comme substitut d’un ken.
Source : “Le Bokken”. Dragon n°31
La forme du bokken varie d’une école à l’autre. Le bokken du Katori Shintô Ryû est légèrement plus court (97 cm) et plus épais (entre 520 et 620 g) qu’un bokken classique et n’a pas de garde (tsuba).
source de l’image : link
Armé de son bokken, le budoka (pratiquant de budo) va exécuter des kata (enchaînement de mouvements imposé). Car la pratique du Katori Shintô Ryû se fait par l’exécution de kata. Il ‘ny a pas d’échanges libres, ni de compétition. On exécute les kata encore et encore, perfectionnant ses postures, la rapidité du geste, l’équilibre, etc. Plus on avance dans l’apprentissage plus les kata deviennent complexes et subtiles.
Dans l’introduction, nous parlions de l’aspect secret de l’école. Bien que les secrets soient moins précieusement gardé que par le passé, il est toujours cultivé et ce même au niveau de la pratique en dojo. Je m’explique : quand on commence l’apprentissage on nous enseigne un kata que l’on doit reproduire à la lettre. Or ce kata dissimule la véritable
gestuelle, celle qu’il faudrait appliquer en cas de combat. Au fur et à mesure que l’on avance dans son apprentissage, on nous révèle tel ou tel geste dissimulé. Le débutant restant dans l’ignorance. Ce qui fait que finalement, après 3 ou 4 ans de pratique, on découvre encore des détails cachés du premier kata qu’on nous a appris. C’est fascinant, mais cela demande beaucoup de patience.
Les kata s’exécutent à deux. Comme il n’y a pas de compétition, on ne parle pas d’adversaire mais de partenaire. Les deux partenaires vont jouer chacun un rôle différent : celui de l’élève et celui du professeur. Le professeur ouvre le kata par une première attaque puis fait des ouvertures permettant à l’élève de lancer à son tour des attaques.
Le ken-jutsu se divise en trois sous-disciplines : les techniques au sabre long, les techniques avec deux sabres utilisé simultanément (ryô-tô) et les techniques au petit sabre (小太刀/kodachi).
Dans un prochain article, je vous présenterais les 4 premiers kata de ken-jutsu, nécessaires au passage du premier dan.
それじゃ, また
-_-_-_-_-
petite précision apporté par Step (commentaire sur overblog) : “en fait le bokken katori est fidèle aux dimensions d’un sabre réel contrairement au bokken standard qu’on utilise pour les katas de kendo et en aikido. Le bokken standard n’est pas fait pour reproduire parfaitement le travail au sabre mais pour perfectionner une technique, la position de la lame est plus importante que sa maitrise donc la lame est donc un poil plus long et la poignée un poil plus courte. Dans le katori comme c’est la maitrise du sabre qui l’emporte le bokken est donc plus fidèle à la réalité en terme de dimension et de poids.”
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