Le Petit Prince
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu devenir écrivain. À peine ai-je appris à écrire, que j’écrivais des nouvelles. Bon d’accord je voulais aussi parler 5 langues, devenir anthropologue et faire des reportages animaliers… Mais de tous ces rêves d’enfant, j’en ai réalisé qu’un seul. Et encore, si je rêvais d’étudier le sanskrit, le grec ancien et le latin j’ai finalement opté pour des études d’anglais, espagnol et portugais. Mais j’ai quand même fini par parler 5 langues et réaliser un rêve d’enfant, ce n’est pas donné à tout le monde. 🙂
Mais pourquoi je vous raconte tout ça ? Et bien tout simplement parce que Le Petit Prince occupe une place particulière dans mon cœur et dans ma bibliothèque, une place spéciale, intimement lié à ce rêve d’enfant : devenir écrivain.
Chez moi il y a toujours eu une, voire plusieurs éditions du Petit Prince, alors je l’ai toujours connu. Mais je ne pouvais qu’en apprécier les images et rêver du jour ou je serais capable de lire le français. Et c’est ce qui s’est passé quelques années plus tard. C’est donc déjà âgé de 14 ans que je me suis plongé pour la première fois dans le texte du Petit Prince. Et là, ce fut le choc ! J’ai adoré ce livre, il me parlait vraiment et plus que ça encore. Le Petit Prince devint mon Graal. C’est comme ça que je veux écrire, me disais-je à l’époque. Un rêve totalement hors de ma portée. Peut-être même la fin de mon rêve, puisque je devais me rendre à l’évidence, jamais je n’écrirais comme Saint-Exupéry. J’arrêtais d’écrire, mais jamais d’aimer le Petit Prince.
C’est aujourd’hui, 18 ans plus tard, que je replonge dans ce texte. J’y songeais depuis longtemps et le challenge “Les 50 livres recommandés par Hayao Miyazaki” m’offrait là un excellent prétexte !
Me voici donc de retour auprès du Petit Prince. Est-il vraiment nécessaire de présenter l’histoire ? Peut-être y a-t-il des lecteurs qui ne connaissent pas encore (même si ça m’étonnerait) alors voici en quelques mots ce que nous raconte ce livre :
Le narrateur, un aviateur, a eu une avarie, et perdu dans le désert, il tente de réparer son avion. Un matin, une petite voix le lui demande “dessine-moi un mouton”. C’est le Petit Prince, habitant d’une toute petite planète loin dans les étoiles, qui est parti en voyage pour découvrir le monde et quitter sa fleur. Un long voyage qui lui permettra de découvrir que ce qu’il y a de plus précieux pour lui c’est sa fleur. Alors que le narrateur tente désespérément de réparer son avion, le petit prince lui raconte son voyage et ses rencontres.
Toute cette aventure n’est que prétexte pour critiquer le monde des adultes et les mettre en garde, avec tous leurs problèmes sérieux, ils passent à côté du plus important ! Et le Petit Prince sait ce qui est vraiment important, les enfants aussi savent, mais les grandes personnes ont oublié.
Je me souviens encore de la forte émotion que j’ai éprouvée en lisant ce livre pour la première fois. Cette relecture m’a amusé, mais ça m’a rendu triste aussi, parce que je suis devenue une grande personne. Et bien que j’ai mis tant d’effort à ne pas le devenir totalement, gardant les précieux conseils du Petit Prince dans mon cœur durant toutes ses années, je me sentais triste de ne plus voir de boa ayant mangé un éléphant, mais un simple chapeau.
Même si je suis devenue une grande personne j’ai su, à l’instar du narrateur, garder mon cœur d’enfant et ce livre et plein de petites perles. Il conservera sa place spéciale dans mon cœur. Si hier j’étais le renard qui veut être apprivoisé, aujourd’hui je suis devenu le narrateur qui a besoin qu’on lui rouvre les yeux et qu’on lui explique ce qui est vraiment important.
J’ai longtemps pensé que faire lire ce livre à des enfants, c’était les faire passer à côté du message du texte. Aujourd’hui je me dis que j’ai eu tort, les enfants n’ont pas besoin de comprendre le message, ils savent ! C’est nous, les grandes personnes qui avons besoin d’explications. Ceci dit je ne pense pas qu’il faille le lire trop tôt, il faut un peu de recul et de sens critique pour l’apprécier. Et surtout, je pense qu’il ne faut pas l’étudier à l’école ! Pourquoi ? me diriez-vous. Pour une fois qu’il y a un livre intéressant au programme… Ben oui, mais je sais d’expérience personnelle qu’“étudier” un livre est la meilleure façon de le détester. Durant toutes mes études (qui ont été bien longues), je n’ai rencontré qu’un seul professeur capable de me faire aimer les livres, tous les autres m’en ont dégoûte. J’aurais trucidé George Sand, Maupassant et, plus encore, Zola, seulement parce que j’ai été obligé de les étudier. Étudier c’est pour les grandes personnes qui ne savent pas ! Étudier Le Petit Prince c’est tout gâcher. Le Petit Prince se savoure, il ne s’étudie pas !
Un petit extrait, pour le plaisir :
Comme je disais plus haut, à 14 ans j’étais comme le renard. Ce passage m’avait beaucoup ému. Je voulais moi aussi rencontrer quelqu’un qui rende la couleur du blé inoubliable.
[…] Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » ?
– C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens… »
– créer des liens?
– Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…
– Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur… je crois qu’elle m’a apprivoisé…
– C’est possible, dit le renard. On voit sur Terre toutes sortes de choses…
-Oh ! ce n’est pas sur la Terre, dit le petit prince.
Le renard parut très intrigué :
– Sur une autre planète ?
– oui.
Il y a des chasseurs, sur cette planète-là ?
-Non.
– ça, c’est intéressant ! Et des poules ?
– Non.
– Rien n’est parfait, soupira le renard.
Mais le renard revint à son idée :
– Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé…
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
– S’il te plaît… apprivoise-moi ! dit-il.
Le petit prince dans L’antre de la louve
[…] Le Petit Prince […]
Un roman poétique et philosophique magnifique!
Je partage cette même passion
Bonne journée!
Je viens de découvrir ton article sur le Petit Prince…
Je ne peux que partager ton avis, ton sentiment, et particulièrement concernant les lectures scolaires! Je ne peux toujours pas lire de Jules Verne, relire Raymond Queneau et ses fleurs bleues, que j’ai adoré, m’aura pris 11 ans, et 14 pour le Grand Meaulnes, que j’avais détesté à l’époque et qui m’a profondément ennuyée à la relecture…
Il semblerait que les lectures au collège et lycée soient maintenant plus contemporaines, moins figées que pour nous… Ma fille, en CM1, a eu des lectures sympa à l’école, pour le moment. Espérons que ça dure!
[…] Le Petit Prince […]
[…] Le Petit Prince […]
[…] plus qu’un plaisir des yeux je vous offre une curiosité, un hommage au Petit Prince déniché dans la série Seikimatsu Occult Gakuin (épisode 5 et […]
[…] re-relu le petit prince avec Mimiko, en lecture du soir. Elle a beaucoup aimé, je suis contente d’avoir partagé […]
[…] impression d’être devenue une grande personne. Sa m’avait rendu un peu triste (ma chronique après cette deuxième lecture). Cette troisième lecture était en revanche très émouvante puisque je l’a partagé avec […]
[…] pour finir Le Petit Prince, le prince des […]
[…] ⇒ ma chronique […]
[…] j’ai peur de gâcher le souvenir qu’ils m’ont laissé. Parmi ces livres il y a le petit prince, vipère au poing, le portrait de Dorian Gray et 1984. J’ai relu les deux premiers, je suis […]
[…] un jour, motivée par un challenge, je me suis dit qu’il était temps d’en faire une seconde lecture. Ce fut la douche froide. Cette seconde lecture me laissait un goût très amer. Je n’avais […]