Yagate Ai ni naru – un yaoi de est em

9 décembre 2014 13 Par Bidib

J’ai déjà parlé à plusieurs reprises d’est em, une mangaka peu connu (enfin, peu commercialisé) que j’aime beaucoup. C’est a-yin qui m’a fait découvrir cette mangaka, et c’est sur ses conseils que j’avais acheté Tango, son seul manga publié en France (aux éditions H). Ce fut le coup de foudre ! Un coup de foudre à retardement. La première lecture m’avait charmée, la deuxième m’a conquise. Depuis je suis devenue une inconditionnelle de est em.

C’est encore a-yin qui m’a conseillé, pas plus tard que hier (voir son article sur Ashinaga Ojisantachi no Yukue (Ichiko Ima)) de lire Yagate Ai ni naru un des ses yaoi d’est em préféré. Sur ce terrain là j’ai une complète confiance en les conseils de a-yin j’ai donc foncé sans réfléchir. Si le manga n’est malheureusement pas disponible en français, on peut en trouver des scans en anglais sous le titre Yagate ao ni naru (pas bien ! ben oui, mais quand on peut pas faire autrement… promis je l’achète des qu’il sort en français).

 

A la mort de ses parents Kota est adopté par la famille de Taisei. Les deux pré-adolescents deviennent ainsi frères. Mais Taisei n’a jamais considéré Kota comme un frère, et ce n’est pas en grandissant que ses sentiments vont changer.

Là certains se disant “oh mon dieu, encore une histoire de frères !”. Oui, sauf que c’est du est em. Vous n’aurez pas un étalage d’érotisme, de salive et autres fluides corporels dans des échanges incestueux et immoraux. Bon, tout d’abord, les deux jeunes homme ne sont pas de vrais frères mais plutôt des amis d’enfance ayant grandi sous le même toit. Ce n’est pas la même chose. Il y en a peut-être qui affectionnent les histoires d’inceste (il y en a surement puisque ces histoires sont si répondues autant dans le yaoi que dans le shôjo) mais moi ça me dérange, vieille bique que je suis. Je ne suis pas la seule à être réticente. Voilà pourquoi je précise 🙂

Et puis surtout c’est la façon dont cette histoire est raconté qui fait la différence. Comme je disais, on est pas là pour des échanges de fluides, mais des échanges de regards. Tout est dans le regard, les non-dits, les mains levées puis laissées retomber… La retenue mais aussi l’explosion, les mots qui ne sortent pas, les coups qui partent trop vite… Il est question ici de sentiments. Comment exprimer ses sentiments, comment recevoir ceux des autres, comment comprendre et se comprendre. Pas seulement des sentiments des deux hommes l’un pour l’autre mais de leur sentiments face à la vie, à leur famille à leur métier… Un récit tout en douceur et en subtilité.

J’aime la mise en scène de est em, mais ce que j’aime encore plus c’est son coup de crayon, tout de suite reconnaissable, beau, viril et touchant. Oui, je trouve qu’il se dégage une certaine virilité de ses dessins et des hommes qu’elle décrit. Même dans leur fragilité, ils restent viriles.

Le dessins d’est em provoque en moi une émotion particulière et je crois bien que peu m’importe l’histoire qui est raconté, ce sont les regards de ses personnages qui me captent et me parlent, plus encore que son scénario.

Pourtant un aspect de ce titre est particulièrement intéressant, Kota et Taisei sont les fils d’un artisan teinturier. Tout au long de l’histoire on voit l’atelier, les bain d’indigo, la façon dont les tissus sont préparés… Pour les amateur de japonaiseries c’est un plus non négligeable. En tout cas moi cet univers m’a ravi.

L’histoire des deux frères est suivie par d’autres histoires courtes, tout aussi touchantes et subtiles. J’ai particulièrement aimé celle de l’adolescent qui se rend à la piscine de l’école une fois la nuit tombée. La façon dont les sentiments du garçon sont abordé m’a semblé très juste et vraiment pas malsaine, ce qui n’est pas toujours le cas dans le yaoi.

C’est d’ailleurs un des aspect que j’aime dans les yaoi de est em : elle ne fait pas l’étalage de sentiments pervers comme peuvent le faire de nombreux titres. L’excès de sentiments malsains serait au yaoi ce que l’excès de violence est au seinen ou au shonen. Si son rôle d’exutoire est indéniable c’est parfois too much et je fait une overdose (je pense notamment à un titre qui m’avait été chaudement conseillé et qui m’a donné la nausée tellement c’est malsain et mélodramatique : Sakura Gari). Est em a le don de nous raconter des histoire avec beaucoup de naturel. C’est reposant 🙂


Pour les anglophones à lire aussi un article sur l’excellent blog Brain vs. Books

à découvrir également le tumblr d’est em

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