Aléas ~by Yomu-chan

12 novembre 2016 2 Par Yomu-chan

Salutations !

Aujourd’hui je vous propose un article un peu spécial puisqu’il a été le fruit d’un exercice scolaire. En effet j’arrive pour objectif de chroniquer « à la façon d’une revue littéraire » un recueil de nouvelles. Pour ça j’ai choisi de lire Aléas (que bidib avait déjà chroniqué ici). Voici donc cette critique au ton un peu particulier 🙂 J’espère que ça vous plaira !

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 Et quel est le véritable but de cette vie ? « Écrire » me dis-je dans un souffle, presque surpris .

Touchant message que nous envoie l’auteur d’Aléas, Franck Mercier. C’est avec cet amour de l’écriture qu’il emprisonne sur son papier 4 tranches de vie simples et pourtant si profondes, qu’il se plaît à développer, je dirais même décortiquer. L’auteur qualifie lui-même ces 4 nouvelles de « Situations imprévues soumises à une évolution incertaine ». Il me semble que ce sont les mots juste pour présenter ce recueil inattendu.

Je dis inattendu parce que Franck Mercier s’impose dans le monde de la littérature avec une audace particulière : Aléas est en effet le fruit de l’auto-édition. Démarche périlleuse, car la visibilité du livre s’en trouve réduite. C’est alors tout un défis pour l’auteur de faire découvrir son premier livre au grand public.

Et pourtant Aléas en a des choses à dire. Sur un ton ambiguë Franck Mercier nous raconte la vie. Dans toute sa simplicité et toute sa profondeur. Il questionne à travers la poésie, usant d’un langage parfois très métaphorique, imagé et allégorique, pour décrire la beauté et la sensibilité du monde. Il se plaît à jouer avec les personnifications et à bouleverser nos sens avec des tableaux presque romantiques.

 […] Cette communion divine de mon être et de la cité. A ces instants précis, elle est bien vivante cette vielle fille encrassée, son souffle s’infiltre en moi pour m’annoncer le perceptible et prochain réveil de l’humanité .

Il dénonce à travers les mots, usant un langage parfois très familier et cru, mettant ainsi en avant le quotidien et souvent son manque d’esthétisme. Et c’est cette combinaison si particulière qui donne son charme à l’écriture de Franck Mercier. Une écriture ancrée dans la réalité, embrassant l’ordinaire, et pourtant jamais dénuée d’un certain lyrisme adorablement poétique.

J’avais pas eu le temps d’ouvrir la bouche que ce sombre énergumène, aux fringues impeccables, fiché tel un christ grassouillet au travers de son portail, défenseur enragé de son petit monde m’avait expédié, que dis-je balayé comme une grosse merde.

C’est cette poésie de l’ordinaire qui peut parfois donner au texte un aspect un peu tiré, un peu flou et pessimiste ; car en effet on ne voit pas toujours où veut en venir l’auteur, et pourtant on adore le mouvement de ces jours, de ces mots qui se suivent parfois sans grande vitalité mais dans les quels on fini toujours par trouver le reflet d’une certaine beauté. On pardonne vite le rythme un peu brumeux qui convient bien à des textes courts.

On retrouve au travers de toutes les nouvelles du recueil un véritable respect pour l’écrivain, et plus encore pour l’écriture. Sans que cela occupe une place centrale dans chacun des récits, ces derniers s’articulent autour de personnages touchés et attirés par la grâce de l’écrit, de l’acte d’écrire, et de mettre le monde sur papier. Sans que cela soit réellement un fil conducteur, cet amour de l’écrit créer un lien particulier entre chaque texte, et interroge sur le rôle d’une telle action, écrire…

Interroger, c’est que fait Franck Mercier tout au long de son ouvrage. Il questionne beaucoup l’humain ; son sens, son rôle, son Moi et surtout son rapport aux autres. D’une façon très subtile l’auteur construit des récits très intimistes qui ne manquent jamais de s’inscrire dans une réflexion sur la place de l’individu paris le groupe. Pointant du doigt les mécanisme de la société il nous amène à nous interroger avec lui, poussant à la remise en question dans un processus d’identification très réussi.

L’envie, ouais, l’envie de voir de l’humain ; parler, pleurer et rire, l’envie toute bête de chaleur humaine, de frivolité, de tout ce qui caractérise notre espèce, les bonnes et les mauvaises aussi .

Et finalement à travers les rapports tendu qu’entretiennent ses personnages face au Hommes, Franck Mercier écrit une véritable ode à l’humanité. Montrant le beau, le lien et le simple là où il est le plus caché, là où il est le plus évident. Les personnages de Franck Mercier c’est cet homme si rien, si bancal, qui est pourtant vivant. Il nous écrit l’apocalypse du rien du tout. Il nous dit comment rien n’est jamais vraiment cassé.

Dans cette volonté de montrer le Beau, Franck Mercier donne une place particulière à la Nature dans ses textes. Presque omniprésente elle occupe un rôle à la fois fondateur pour l’Homme, qui va puiser en elle pour se créer, et un rôle transcendant, qui reste sublime et grande malgré les égarements des Hommes. On voit comme l’auteur pose sur cette Nature un regard aimant et respectueux. Je pense tout particulièrement à l’océan, qui semble être l’objet d’une fascination personnelle de l’auteur.

Deux jours déjà que l’océan se livre à mon regard tout neuf, deux jours que nul autre paysage de s’offre à moi, que le corps exulte, l’âme transpire, le rêve foisonne nourrissant ma nécessiteuse carcasse en émotions .

Finalement l’auteur arrive dans avec une composition harmonieuse à nous faire partager son intimité tout en imposant la réflexion sérieuse du nous et des autres. Sans être prétentieux c’est beau.

 L’envol sauvage sans direction prédéfinie.

Le grand plongeon dans l’inconnu et les limbes mystérieuse du soi avec soi.

Une aventure sans cesse renouvelée.

Un plaisir rare aux effluves sucrées amères. 

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