Jardin de la paix, ou comment commémorer la Grande Guerre avec des jardins

12 novembre 2018 3 Par Bidib

C’est au détour d’une page du dernier numéro du magasine L’Ami des jardins & de la maison que j’ai découvert ce projet paysagiste particulièrement intéressant. Différents projets sont menés par l’association art & jardins – Hauts-de-France en collaboration avec la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale pour créer des jardins en mémoire des blessures laissées par la Grande Guerre dans le nord de la France. Au total, 15 jardins verront le jour sur différents sites. Les premiers ont été inaugurés en ce début de novembre, d’autres sont encore en cours de réalisation.

Les jardins que vous pouvez déjà visiter :

Le Quesnoy 

Le Quesnoy accueille 2 jardins de la paix :

À l’assaut du rempart (Belgique)

Sous les fortifications de Le Quesnoy, les paysagistes Mathieu Allain et Thomas Van Eeckhout  ont reproduit à l’horizontale une portion des fortifications pour rendre hommage au bataillon qui les ont escaladés pour libérer la ville. Transformer les remparts en terrasse permet de se rendre compte de leur taille impressionnante (12 m de haut). Cette terrasse allie la brique rouge et le pavé de gré et laisse la végétation prendre place pour reproduire le vieillissement des remparts.

Rangimarie (Nouvelle-Zélande)

La paysagiste Xanthe White et son équipe, Zoë Carafice et Charmaine Bailie rendent hommage aux troupes néo-zélandaises qui a libéré la ville le 4 novembre 1918. Le nom du jardin reprend une expression maorie : rangimarie, qui « représente en effet l’espace calme, à l’image des heures qui précèdent l’aube, où il est possible de cheminer en compagnie de ses ancêtres ». 

Craonne

Craonne accueil 3 jardins de la paix.

592 (Italie)

Le village du Vieux Craonne a été entièrement détruit durant la guerre, dans cette bataille 592 soldats italiens ont disparu. Les paysagistes Lorenza Bartolazzi, Luca Catalano et Claudia Clementini leur ont rendu hommage avec leur réalisation. Ils ont souligné la configuration tourmentée du terrain en réalisant des rétentions d’eau dans les creux. Des piqués planté dans le sous-bois symbolisent les bataillons. Du printemps à l’automne, les piquets sont rejoints par 33 variétés de plantes à bulbes qui, par leurs floraisons se succédant, symbolisent les soldats.

Cultiver la mémoire (Allemagne)

Le paysagiste allemand Thilo Folkerts propose un jardin très particulier dans lequel les rôles s’inversent. Trois grands cercles en métal soulignent la topographie du sous-bois modifié par les bombardements. Dans ces 3 anneaux, les promeneurs sont invités à plantes de bulbes. Plus que le jardin, c’est processus de plantation qui vient ici rendre hommage. Le visiteur vient activement participer au travail de mémoire.

Jardin des hespérides (Maroc)

Dans ce jardin, les paysagistes Karim El Achak (Maroc) et Bernard Depoorter (Belgique) rendent hommage aux soldats marocains tombés au combat. ce jardin fait référence à un jardin oriental légendaire :  le fabuleux verger des Hespérides. Au centre il accueille un bassin reflète le paysage alentour.

Thiepval 

À Thiepval se sont deux jardins qui ont été aménagés :

Try goetir yn ysgafn – À travers la forêt à la légère (Pays-de-Galles) 

Dans ce jardin on rend hommage aux soldats gallois morts dans la Somme.  Sous les bois, la pièce principale de ce jardin est un très long banc de 33 m de long constitué de bois de chêne gallois et de pierres de Portland  faisant écho au mémorial déjà existant. Tout aux tours du banc se sont les primevères qui ont été mises à l’honneur. Ce jardin a été conçu par deux paysagistes britanniques :  Andrew Fischer Tomlin et Dan Bowyer.

Pax Dryades (Angleterre)

Ce second jardin a été réalisé par les paysagistes James et Helen Basson. Leur jardin s’inspire des cicatrices laissées par la guerre et reproduit les chemins sinueux des tranchées par des allées bordées d’arbustes et marquées par les poteaux en bois de châtaigner. Sur des câbles métalliques rappelant les babelait qui bordaient les tranchées, s’enroules des plantes grimpantes, créant un parcourt labyrinthique. Des cercles blanchis à la craie symbolisent les trous d’obus.

pour en savoir plus : Jardin de la paix

Je n’ai pas encore eu l’opportunité de visiter ces jardins, mais j’avais envie de souligner cette initiative que je trouve très intéressante. Comment rendre mieux hommage à un lieu blessé par la guerre qu’en en faisant un jardin ? Ramener la vie la où il y a eu trop de morts, et matérialiser par la configuration du paysage la mémoire des lieux, se souvenir de ceux qui y sont tombés.

J’espère pouvoir vous reparler de ces jardins après les avoir visités. Et si vous y allez avant moi, venez me donner vos impressions.


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