Maman papa les frittes et moi [roman jeunesse]

29 juin 2019 5 Par Bidib

C’est in extremis que j’ai enfin trouvé le temps de lire un roman dans la cadre du mois anglais. J’ai réussi à trouver 3 livres dans ma PAL qui entrent dans la challenge et comme il ne me restait que 3 jours pour le lire j’ai choisi le plus facile (le seul qui n’était pas en VO !). J’ai donc jeté mon dévolu sur Maman papa les frites et moi de Leila Rasheed, auteur britannique d’origine libanaise.

Couverture Maman Papa les frites et moi

Voici les premières lignes :

Premier jour.

18h47 et 47 secondes,

si je commence à écrire maintenant…

Cher nouveau journal,

j’ai une surprise pour toi. Une GROSSE surprise. (Ne t’inquiète pas, c’est aussi une BONNE surprise !)

Tu vas être super heureux quand je vais te dire de quoi il s’agit !

Tu es bien assis ?

Non, bien sûr, tu es étalé sur mon bureau pendant que j’écris sur toi.

Bon, respire à fond, et essaie de garder ton calme.

Bathsheba se confie à son nouveau journal qui sera le premier et seul témoin des bouleversements qui vont avoir lieu dans sa vie.

Bathsheba est une fille riche et gâtée qui vit dans les beaux quartiers de Londres. Gâtée matériellement oui ! mais délaissée affectueusement par une mère trop occupée. Sa mère est un écrivain à succès qui fait fortune en vendant des romans jeunesse dont l’héroïne porte le même nom que sa fille.

Pour Bathsheba, l’héroïne c’est elle. Faute d’avoir la compagnie de sa mère, elle vit dans son imagination faisant siennes toutes les extraordinaires aventures vécues par l’héroïne de fiction. Bathsheba et vantarde , puérile et n’a vraiment pas les pieds sur terre. Bathsheba est une petite peste qui en fait voir de toutes les couleurs à sa gouvernante, qui pourtant est la seule à faire attention à elle. Bathsheba nous parle des ces merveilleux super amis dans son merveilleux super collège, mais… tu ça ce n’est pas la vraie Bathsheba. La vraie est seule, et triste. Et plus elle est triste, plus elle en fait des tonnes.

Mais un grain de sable va venir bouleverser cette ennuyeuse vie faite de faux-semblant. Bathsheba a toujours grandi seule avec sa mère, mais voilà qu’un homme chauve met sa mère, pourtant toujours si impeccable, dans tous ces états. Qui est cet homme ? Bathsheba à l’imagination toujours trop fertile s’imagine tout un tas de choses, mais elle est loin de se douter de la troublante vérité. Le voici revenu dans sa vie, après une très longue absence, son père est là et il veut faire partie de sa vie. Pourquoi était-il absent pendant tout ce temps ? Pourquoi revenir maintenant? Et cet homme ringard ne peut pas être son père ! Ce n’est pas possible ! Son père doit être astronaute, agent secret ou superstar… pas un chauve avec un pull miteux ! Et pourtant, ce Bill si ordinaire va trouver le chemin du coeur de Bathsheba. Il est ordinaire certes, mais si gentil et attentionné. Mais casser la carapace d’illusions de Bathsheba n’est pas si facile. Est-elle vraiment si naïve ? croit-elle vraiment à ce qu’elle raconte ? Ou essaie-t-elle seulement de se construire une réalité moins triste ? Bathsheba va-t-elle sortir de sa solitude et enfin se faire de vrais amis ? Voilà ce dont sera témoins son journal (et le lecteur).

C’est un livre gai et plein d’humour. Mais aussi plein de sous-entendus et de seconds degrés. Si moi, adulte, j’ai tout de suite compris que ce que Bathsheba raconte au début de l’aventure est un tissu de mensonges, je me demande à quel moment du roman le jeune lecteur comprendra à son tour, va-t-il prendre les paroles de Bathsheba au premier degré ou va-t-il aussi percevoir l’absurdité de ce qu’elle raconte ? Je me suis interrogé sur le ressenti que pourrait avoir de cette double lecture nécessaire à la compréhension du roman un jeune lecteur, mais pour ma part j’ai trouvé ce procédé très intéressant. On commence avec Bathsheba qui se présente et qui en fait des tonnes. Tellement qu’on se doute que quelque chose cloche et plus on avance et plus ses mensonges, ou plutôt ces illusions se déconstruisent, se contredisent. On ne sait plus si elle affabule, si elle croit vraiment ce qu’elle raconte ou si elle fait semblant. Ce qu’on présent, en revanche, c’est que la vraie vie de Bathsheba, loin de son enthousiasme affiché, est bien triste. Sa mère n’a pas un moment pour elle et elle se sent bien seule.

Bathsheba a un sale caractère, elle est présomptueuse, hautaine, capricieuse, vantarde… mais on ne peut qu’éprouver de la tendresse pour elle, parce qu’on sent très vite qu’elle joue un rôle et que la vraie Bathsheba a un grand coeur qui ne demande qu’à pouvoir s’exprimer.

Le livre est très agréable et rapide à lire. Le fait que Bathsheba s’adresse à la première personne à son journal, en dialoguant avec lui, rend le récit très intime. Le lecteur devient le confident de l’héroïne, le seul à percer la vérité derrière le mensonge. Malheureusement cet amalgame entre le journal et les lecteurs donne lieu à quelques coquilles de traduction, le « tu » (toi journal) devient parfois un « vous » (vous lecteurs) seulement voilà, Bathsheba ne s’adresse pas aux lecteurs ! Mais seulement à son journal. Ce « vous » n’a rien à faire là ! Mais je chipote vraiment, car le texte que j’ai lu en français seulement, fonctionne très bien. J’ai aimé aussi les jeux de mots superlatifs inventés que Bathsheba utilise, comme pour souligner l’exagération de ce qu’elle raconte. Une exagération qui nous fait comprendre que la réalité est bien différente.

En revanche, j’ai trouvé le personnage très, trop puéril. Bathsheba est sensé être en sixième et n’a vraiment pas un comportement d’une petite fille de 11/12 ans. Elle se comporte plutôt comme une fille d’à peine 8 ans. Trop d’imagination et d’illusions pour 11 ans. Elle n’a vraiment pas les pieds sur terre ! Et je n’ai pas trouvé ça très réaliste.

Une lecture légère et amusante, mais sans plus. Je ne sais pas si Mimiko aura envie de le découvrir à son tour, mais je serais curieuse de connaitre son ressenti puisqu’elle a justement le même âge que l’héroïne.

Un petit mot pour la fin : j’ai acheté ce livre pour son titre, « les frittes » m’ont fait penser que ce roman serait parfait pour le challenge des livres en cuisine. Les frittes sont bien présentes dans le roman aussi, elles sont un peu la madeleine de Proust de Bathsheba, son lien avec son père. Et aussi une transgression à la vie saine que sa mère veut lui imposer.

Connaissez-vous ce roman ? qu’en avez-vous pensé ? Dites moi tout en commentaire 😉


le mois anglais, le mois anglais 2017

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