Blanc autour [BD]

6 janvier 2021 28 Par Bidib

Couverture Blanc autour

bande dessinée avec Lupano au scénario et Fert au dessin, publié chez Dargaud (sortie prévue pour le 15 janvier 2021)

résumé :

1832, Canterbury. Dans cette petite ville du Connecticut, l’institutrice Prudence Crandall s’occupe d’une école pour filles. Un jour, elle accueille dans sa classe une jeune noire, Sarah.

La population blanche locale voit immédiatement cette « exception » comme une menace. Même si l’esclavage n’est plus pratiqué dans la plupart des États du Nord, l’Amérique blanche reste hantée par le spectre de Nat Turner : un an plus tôt, en Virginie, cet esclave noir qui savait lire et écrire a pris la tête d’une révolte sanglante. Pour les habitants de Canterbury, instruction rime désormais avec insurrection. Ils menacent de retirer leurs filles de l’école si la jeune Sarah reste admise.

Prudence Crandall les prend au mot et l’école devient la première école pour jeunes filles noires des États-Unis, trente ans avant l’abolition de l’esclavage. Nassées au coeur d’une communauté ultra-hostile, quelques jeunes filles noires venues d’un peu partout pour étudier vont prendre conscience malgré elles du danger qu’elles incarnent et de la haine qu’elles suscitent dès lors qu’elles ont le culot de vouloir s’élever au-dessus de leur condition. La contre-attaque de la bonne société sera menée par le juge Judson, qui portera l’affaire devant les tribunaux du Connecticut. Prudence Crandall, accusée d’avoir violé la loi, sera emprisonnée…

La douceur du trait et des couleurs de Stéphane Fert sert à merveille ce scénario de Wilfrid Lupano (Les Vieux Fourneaux), qui s’est inspiré de faits réels pour raconter cette histoire de solidarité et de sororité du point de vue des élèves noires. (source : Dargaud)

sur le site des éditions Dargaud

lire un extrait

→ sur Amazon, BD Fugue, Decitre ou chez votre libraire préféré

→ Stephane Fret (tumblr, Facebook, Instagram)

→ à lire aussi l’avis de Lunch

le mot de Bidib :

Page 7 Blanc autourUne superbe bande dessinée à la fois belle, agréable à lire et instructive. Nous voici plongés dans l’Amérique du XIX où les jeunes filles noires du pensionnat seront confrontée à la fois au racisme et au sexisme. Richement documentée, cette histoire m’a particulièrement touchée. Le courage de ces femmes suscite mon admiration. Alors qu’elles n’aspirent qu’à l’éducation, la population blanche de la ville leur voue une haine démesurée et inacceptable voyant en ces jeunes filles avides de connaissances une menace. Les dialogues, avec beaucoup d’habileté, nous entrainent dans une réflexion assez poussée sur plusieurs axes, l’accès à l’éducation des noirs dans l’Amérique du début XIX, l’accès à l’éducation des femmes, ainsi que leur exclusion de la parole publique, seuls les hommes ont droit de décider si oui ou non Mlle  Crandall  aura droit de maintenir son école ouverte ni elle, ni ses élèves n’ont le droit de s’exprimer à ce sujet. Mais au-delà du droit à l’accès à l’éducation, on nous pousse également à réfléchir à quelle éducation. Bref c’est vraiment très intéressant et riche, sans jamais devenir ennuyeux. On est prix par le fil de l’histoire, on veut savoir si Mlle Crandall réussira à mener à bien son projet, on s’attache aux différents personnages, nombreux, et on est séduit par la beauté du dessin. Les planches sont magnifiques, la coloration m’a particulièrement touchée. Alors que l’histoire racontée est très dure, le dessin est tout en douceur.

Un très beau titre que je ne peux que recommander. Avec un dossier historique à la fin qui apporte un complément d’information très enrichissant.

le mot de Yomu-chan :

Page 8 Blanc autourTrès jolie bande dessinée !

A la fois sur le fond et sur la forme !

Un dessin vraiment charmant, tout en douceur, mais incroyablement expressif. L’artiste sait amener une touche d’onirisme dans cette histoire adaptée de fait réel tout en représentant à merveille cet univers de l’Amérique du 19° siècle.

Quant au scénario, il est d’une justesse incroyable, le scénariste  réussi ce tour de maître, qu’est de rester incroyablement fidèle à l’Histoire (avec un grand H) en sachant mettre en lumière des problématiques complètement modernes. J’ajouterai au passage que c’est d’une tristesse affligeante de voir que ces « anecdotes » ségrégationnistes font encore tellement écho à l’actualité. Mais les auteurs (qui sont des hommes blancs d’ailleurs, disons le lol) ont ce mérite de porter une parole d’espoir et qui sent bon le changement.

J’aime leur façon, à travers leur éventail de personnages, de traiter différents aspects de la question raciale et féministe. Sans jamais s’enfoncer dans le politiquement correct ni dans la mièvrerie, ils abordent toute la subtilité historique et sociale que révèle la création d’une école qui enseigne aux jeunes filles noires dans les États-Unis de 1832. On balaye la réaction de la communauté blanche, la question de la religion, l’idée d’une culture noire, les fondamentaux  de l’enseignement, etc.

Et si la narration rapide fait que l’on n’a pas vraiment le temps d’apprendre à connaître en profondeur tous les personnages, ces derniers sont tous très touchants. Les dialogues sont très bien écrits, et on se laisse emporter par une forme de poésie douce, mais vaillante. Certaines répliques vont tourner dans ma tête pour quelques jours encore.


C’est notre proposition (à 4 mains) pour le rendez-vous

cette semaine on se retrouve chez Moka


avec ce titre je participe également au challenge Petit Bac 2021

petit bac 2021

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