Sorcières d’or
Hello. Aujourd’hui je vous retrouve pour vous parler de sorcières d’or de Ciannon Smart, publié chez De Saxus.
Je l’ai déjà brièvement présenté sur mon compte Instagram, je vais ici détailler davantage
Aiyca, royaume insulaire sur lequel règne la doyenne Cariot d’une main de fer depuis 10 ans. La doyenne a reversé l’impératrice Obeah et réduit son ordre à l’esclavage. Les Obeah qui jusque là avaient dirigé l’île rêvent de vengeance et de rébellion. Mais la doyenne à d’autres ennemis, ses méthodes sont critiquées au sein même de son ordre, les Alulbrar. Et que dire des puissants royaumes voisins qui depuis toujours convoitent l’île ?
C’est dans ce contexte très tendu que nous allons suivre Jazmyne et Iraya, deux antagonistes qui partagent le même but : renverser la doyenne, mais chacune pour des raisons bien différentes. Jazmyne est la fille cadette de la doyenne. Elle en veut terriblement à sa mère depuis que sa soeur ainée est morte lors d’un rituel de sacrifice humain que sa mère pratique chaque année pour assurer la sécurité de l’île. Jazmyne s’est rallié au Sans noms, un groupe de sorcières Alumbrar qui n’apprécient pas la politique sanguinaire de la doyenne et complotent pour la renverser. Iraya, est quand a elle, la fille de l’ancienne impératrice Obeah. Depuis dix ans elle vit cachée, dans l’anonymat, parmi ces condisciples incarcérés dans les prisons réservées aux Obeah. Iraya va sortir de la prison pour rejoindre un groupe de combattant d’élite Obeah au service de la doyenne (service bien évidemment imposé par la force). La jeune femme rêve depuis toujours de venger ses parents. Son désire de vengeance l’aveugle, et lui fait perdre le sens des priorités. Les deux jeunes femmes vont-elles pouvoir s’unir face à la doyenne malgré leur différence ?
Sorcières aux pouvoirs magiques inquiétants, complots, vengeance, trahisons seront au programme de cette lecture riche en rebondissements.
Ciannon Smart s’inspire du folklore jamaïcain pour nous livrer un univers très intéressant où les femmes occupent une place de choix. L’influence de la culture jamaïcaine ne se retrouve pas seulement dans la magie et les divinités, mais aussi dans le vocabulaire utilisé par les habitants de l’île. Nous avons d’ailleurs un petit lexique en fin de livre pour nous aider à nous y retrouver.
L’originalité de cet univers ce n’est pas tant son inspiration caraïbéenne, mais son organisation matriarcale. Ces derniers temps, surtout en fantasy, on retrouve de plus en plus de romans proposant une inversion des dominations, mais je ne crois pas en avoir déjà lu. Si c’est intéressant d’évoluer dans un univers où se sont les femmes qui occupent toutes les fonctions importantes c’est dans la subtilité du langage que j’ai trouvé cela particulièrement percutant. Puisque nous sommes dans une société matriarcale où les femmes dirigent, le féminin est dominant dans la langue utilisée. Tout comme le masculin l’est actuellement dans notre bon vieux français. J’ai trouvé ce détail très intéressant et amusant. Au début j’en étais même déstabilisé tant nous n’avons pas l’habitude de parler au féminin. J’aime bien l’idée.
Mais si les femmes dominent, les hommes ne sont pas pour autant absents. Un personnage en particulier va jouer un rôle très important aux côtés de Jazmyne et Iraya. Un rôle si important que j’ai regrettait parfois ne pas avoir sa vision des choses. En effet tout le récit nous est raconté de façon subjective. Nous allons suivre toute l’intrigue vue de point de vue antagoniste de Jazmyne et Iraya. Cela donne une perspective très différente aux événements et ça rend leur dualité d’autant plus intéressante. Mais aussi parfois plus frustrante tant le lecteur se rend compte qu’elles partagent des aspirations similaires et qu’il suffirait qu’elles se parlent. Mais quand on fait partie de deux peuples qui se détestent depuis des siècles, pas facile de dépasser ses a priori. Et je trouve d’ailleurs que l’autrice aborde ce sujet avec subtilité. Il n’y a pas véritablement de gentil ou de méchant, chaque camp à ses moments de neublesse et ses actions répréhensibles. Si la doyenne est un terrible despote, elle a, elle aussi, de bonnes raisons d’en vouloir aux Obeah. Si on découvre les Obeah réduites à l’esclavage et qu’on ne peut qu’en être que révolté, on découvre qu’elles n’étaient pas de meilleures dirigeantes et que leur domination sur les Alumbram explique la révolte de ses dernières. Bref, rien n’est tout blanc ou tout noir. Et il n’est pas si simple pour nos héroïnes de se défaire de leur encombrant héritage.
Vous l’aurez compris, ce que j’ai aimé dans ce roman c’est son univers riche et bien construit, ne tombant pas dans le manichéisme. Et comme j’aime les contes et les légendes, j’ai beaucoup aimé tout ce qui est de l’ordre de la magie, des esprits, des divinités, etc. La nature y est aussi exubérante avec son lot de créatures fascinantes (j’ai un petit faible pour le félin géant qu’on découvre à la fin du roman).
J’ai aussi aimé voir l’évolution des personnages au fil de l’histoire. L’une comme l’autre ne sont, à la fin du roman, plus du tout les même jeunes femmes que nous découvrons dans les premiers chapitres. Une évolution intéressante.
Je suis séduite par l’univers créé par Ciannon Smart, je le suis un peu moins par son style. Les premiers chapitres sont un peu confus, et au vu des nombreux termes, de nombreux personnages que l’on rencontre, il faut s’accrocher quelques chapitres avant de bien cerner l’univers et d’enfin se laisser aller à l’histoire. Dans ces premiers chapitres, j’ai aussi tiqué sur des détails de langage, des choix que je n’ai pas toujours trouvé judicieux, soit le registre de langage choisit en décalage avec la scène, soit une description un peu trop alambiquée, j’ai eu du mal avec la plume de l’autrice (ou de la traductrice?) pendant environ 8 chapitres. Après quoi soit j’ai fini par m’habituer, soir l’autrice trouve sont rythme et maitrise mieux sa narration je ne serais le dire, en tout cas j’ai trouvé ça beaucoup plus fluide et agréable. Néanmoins la narration est assez lente, et bien qu’il se passe toujours des choses, les multiples rebondissements et les interminables contretemps ralentissent un peu trop l’intrigue à mon goût. J’ai donc fait le choix de lire par petit bout de 2 ou 4 chapitres (on alterne un chapitre sur deux entre les deux héroïnes et leur point de vue respectif) afin de ne pas me lasser et garder le plaisir de la lecture.
J’ai aimé la fin. Si elle est très ouverte et invite à découvrir le tome 2. Je trouve qu’elle fonctionne très bien comme ça aussi (une fin très ouverte du coup, mais qui fonctionne très bien).
En conclusion je dirais que celle lecture est une belle découverte, avec un univers original et bien construit et des héroïnes qui vont connaitre une véritable évolution au cours du récit. Si je regrette quelques longueurs, cela ne m’empêche pas d’avoir envie de découvrir la suite.
J’ai hâte maintenant que Kio le lise à son tour pour que nous puissions échanger nos avis.
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petit clin d’oeil au plus curieux, dans ce récit on va croiser Anansi, divinité d’origine Africaine dont je vous ai déjà parlé ici.
Pas certaine que ça me plairait, par contre la couverture est vraiment très jolie !
je ne sais pas si ça serait ton style, mais si tu cherche une lecture avec des sorcière ça change de ce que j’ai lu jusqu’à présent.
Comme toi une jolie lecture même l’imprégnation n’était pas toujours facile facile. ça me rassure sur mes facultés de concentration.
[…] 14 Bidib […]