Le loup de Hinata
Ce manga m’a été conseillé suite à mon article Quand l’anime nous parle d’histoire (1). Dans ce premier volet, en effet, je m’intéressais à la période du Bakumatsu et de la Restauration Meiji. A cette époque le Japon en fini avec le système féodal basé sur le pouvoir du Shôgun et des Daimyo, et se modernise.
C’est justement à la période Bakumatsu que se déroule le récit du manga Le loup de Hinata. Ce manga raconte le genèse du Shinsengumi, milice en charge de la protection de Kyoto et qui prit part activement au conflit qui opposa les partisans de l’Empereur aux partisans du Shôgun lors de la guerre civile qui divise l’élite du pays à la fin du XIX siècle. Dans Le loup de Hinata, il est pas encore question du Shinsengumi, mais on y découvre comment le capitaine et le vice capitaine de ce dernier en sont venu à diriger cette célèbre milice.
Le récit commence à l’an 3 de l’ère Bunkyû (1863), les samouraï du Rôshigumi se rendent à Kyoto où le Shôgun a été appelé par l’Empereur. Leur mission est d’assurer la protection du Shôgun durant son séjour dans la capitale impériale. S’en suivent de nombreuses intrigues politiques, alliances et conflits internes. Kondo et Hijikata, tous deux d’origine paysanne, voient en cette période trouble une opportunité pour devenir des hommes importants. Quand le Shôgun quitte Kyoto pour retourner à Edo, ces derniers, avec d’autres rônin, décident de rester sur Kyoto. Leur milice, le Seishû Rôshi gumi, sera dirigé par Serizawa et Kondo. Seulement la vision de ce que doit être un samouraï et la façon de diriger la milice des deux hommes diverge de plus en plus. Serizawa devient à obstacle aux ambitions de Kondo et Hijikata, qui ont une vision très idéaliste du samouraï.
À ceux qui cherchent des manga d’action, avec de vaillant samouraï brandissant leur katana dans des combat sanglants…. je déconseille ce titre. Ce n’est pas que le sang ne coule pas, mais on voit plus souvent les « vaillants samouraïs » boire et courir la gueuse que combattre. Il y a bien plus d’alcool que de sang, plus d’intrigues politiques que d’action. Et là, se pose le deuxième problème, comment suivre les enjeux de ce qui se joue quand on ne connais pas l’histoire du Japon et plus particulièrement les événements qui s’y déroulent au XIX siècle ? Et bien, moi qui ai un peu étudié la période, j’ai eu beaucoup de mal à m’y retrouver. On rencontre une profusion de personnages historiques dont je me souvenais vaguement du nom, mais de là à tous comprendre… Après, on peut aussi le lire comme s’il s’agissait d’une pure fiction, sans s’intéresser au côté historique. Mais là, le manga risque de se révéler un peu ennuyeux par son manque d’action.
Quelques mots sur la forme : le dessins m’a tout de suite fait penser à un shôjo. La profusion de beaux gosses et les traits efféminé de Hijikata, les décors à peine esquissé, les gros plan sur les personnages sont autant de caractéristique que l’on retrouve traditionnellement dans le dessin shôjo et contrastent avec l’environnement purement masculin et viril des samouraïs, ainsi qu’avec l’intrigue politique. Si bien qu’on ne sait pas trop comment on doit prendre ce récit : sérieusement ou à la légère.
Pour revenir sur le dessin, je l’ai trouvé plutôt joli et agréable à l’œil, mais un peu trop « classique », trop typé bishônen (parfait pour du yaoi). Un peu de bishônen n’est pas pour me déplaire, mais, comme je disais plus haut, cela cadre assez mal avec le sujet, ou plutôt avec la façon dont le sujet est traité ici, puisque Shinsengumi rime souvent avec bishônen. Je pense notamment à l’anime Hakuoki.
Pour conclure je dirais que Le loup de Hinata est un manga assez agréable mais je comprends aisément que sa commercialisation ai été stoppé, car pour le public français il est assez peu intéressant. Ou plutôt il doit intéresser fort peu de personne. Pour ma part, je ne le conseillerais qu’au passionné d’histoire japonaise.
Fiche technique :
Titre VO : ひなたの狼
Auteur : Saitô Misaki
type : seinen
genre : historique, samouraï (chambara)
année : 2004
nombre de volumes : 5/5 série terminée (commercialisation stoppée)
Editeur VO : Gentôsha
Prépublié dans : Comic Birz
Editeur VF : Kami
Traducteur : Thomas Guillemin
Les éditions Kami ont depuis fermé leurs portes, mais on peut encore trouver leurs mangas d’occasion. Quant à l’auteur, Saitô Misaki, deux autres de ses manga sont traduits en français : Taimashin, le carnet de l’exorciste (au dessin seulement) et Drog-on, deux seinen.
Pour la petite anecdote, l’auteur à aussi écrit un yaoi : Ultra panic. Bien évidemment il n’est pas licencié en France et je n’ai pas non plus trouvé de scan.