L’ombre de Shanghai
Shanghai, années 30. La ville prospère et les concessions étrangères y sont nombreuses. Lila, une petite Chinoise élevée par Feng, vit dans le quartier français chez les Cartier, une famille de commerçant qui a recueilli Feng et sa fille quand celle-ci n’était encore qu’un bébé. Les Cartier ont un fils, Gaspard, du même âge que Lila. Ils ont grandi ensemble, mais Gaspard, en raison d’une maladie, a dû regagner la France où il a passé plusieurs années. Il a 16 ans quand, enfin guéri, ses parents le font revenir à Shanghai. Gaspard n’est que rancune et haine pour Lila qui a grandi auprès de ses parents comme une fille alors que lui, leur véritable fils, était au loin. Égoïste, capricieux, Gaspard manque vraiment de maturité et de discernement. Dès les premiers échanges sur le quai du port il succombe au charme de la malicieuse Clara et n’a pas un regard pour la petite Lila qui depuis tout ce temps attendait son retour. Alors que Mme Cartier fait pression pour que Lila soit admise dans le lycée français, Gaspard n’est que mépris, le lycée français ce n’est pas une place pour une Chinoise ! Ce mépris n’empêche pas Lila d’aimer Garspard et de pleurer. Parce que Lila pleure beaucoup. Jeune fille très intelligente (enfin, c’est ce que disent ses professeurs) elle est frêle et fragile, toujours soumise. Enfin, ce n’est qu’une facette de ce qu’elle est ! Car en réalité une autre facette se cache dans cette jeune fille extraordinaire. Une facette que nous ne découvrirons que dans le tome deux et qui donne son nom à la série.
L’ambiance :
L’histoire se déroule dans le Shanghai des années 30. Une ville cosmopolite et pleine de vie. Comptoirs de commerce étrangers, triades obscures, vie culturelle fleurissante… Une ville riche et intéressante a été prise pour décor dans cette histoire.
Chaque tome commence par une petite introduction écrite qui plante un peu mieux le décor, nous explique ce qu’était la ville à l’époque. Si c’est introductions sont très intéressantes et permettent de mieux replacer le récit dans un contexte historique précis, on peut regretter qu’on nous dise plus qu’on ne nous montre. Les divers tomes, assez courts et rapides, ne montrent pas beaucoup la vie dans le Shanghai des années 30 et se concentrent presque exclusivement sur les personnages principaux.
Les personnages
L’histoire s’axe sur Lila, jeune Chinoise recueillie par Feng puis par les Cartier. Elle est plutôt réservée et discrète, très bonne élève et fille sage. Elle est en admiration pour Gaspard qui, si dans leur enfance était comme un frère pour la petite Lila, est devenu, depuis son retour a Shanghai, un garçon méprisant et hautain. Très effacé et soumise dans le premier tome, Lila cache une facette dangereuse : l’ombre de Shanghai. Une étrange force prend possession d’elle quand la colère et la frustration lui montent à la tête. Elle n’est plus capable de rester la gentille fille soumise qu’on attend qu’elle soit et devient une créature inquiétante. Encore incapable de maîtriser cette force, Lila n’en reste pas moins bonne et juste. Elle vient au secours de « son » Gaspard qui, soyons francs, ne le mérite pas.
Gaspard est le deuxième personnage le plus important de l’histoire. Franchement antipathique dans le premier tome, on comprend bien vite que tout cela n’est qu’une façade. Il en veut à ses parents de s’être séparés de lui (malgré leur très bonne raison), il en veut à Lila d’avoir pu profiter de l’affection de ses parents à lui et tente de se faire accepter par ses nouveaux camarades de classe, notamment de la belle Clara, quitte à se montrer méprisant avec son amie d’enfance. En somme, Gaspard est un adolescent on ne peut plus banal, égocentrique et imbu de sa personne, qui en veut à la terre entière. Mais au fond est-il si méchant ? Au troisième tome, Gaspard prend seul contre tous le parti de l’ombre de Shanghai, cette étrange créature qui lui a sauvé la vie. Mais, là encore, le personnage manque de maturité et de profondeur.
Clara, camarade de classe de Lila et Gaspard, est l’inévitable pétasse. Il y a toujours une jeune fille plus belle que les autres, méchante et méprisante envers l’héroïne moins sexy, autour de laquelle tous les garçons rodent et qui tente de chiper le copain de l’héroïne. Ben voilà, Clara est là. Personnage typique, antipathique et pas très intéressant servant de déclencheur pour la transformation de la gentille Lila. Jeune fille riche et gâtée, elle n’a pas grand-chose pour elle si ce n’est sa beauté. Le fait que Gaspard en pince pour elle ne fait qu’accroître le côté immature du jeune homme.
Dino, pendant masculin de Clara. S’il faut une peste, il faut aussi l’amoureux transi de la peste près à toutes les bassesses pour écarter ses rivaux et s’en prendre au héros. Tout comme Clara ce personnage est très stéréotypé et ne présente pas grand intérêt.
Les Cartier sont eux plus charmants. Très progressistes, ils semblent en avance sur leur temps et tentent d’inculquer autour d’eux des valeurs nobles comme l’égalité et le respect entre les différentes cultures. La mère est un personnage intéressant. Du moins le soupçonnons-nous.
Il nous reste Jim, le journaliste alcoolique qui est censé apporter une touche d’humour. Un personnage sympa, mais finalement pas très drôle, Feng le mercenaire repenti, tuteur de Lila et employé fidèle des Cartier et Monsieur Li, homme influent et dangereux.
L’histoire et le rythme
Pris séparément les divers éléments de cette série m’ont paru assez peu convaincants. Les personnages sont trop stéréotypés et l’intrigue reste trop superficielle, l’abiamtation trop rapide. Pourtant dans son ensemble L’ombre de Shanghai s’est révélée être une lecture assez plaisante. Les pages s’enchaînent , captées par un rythme assez rapide, on finit un tome avant même d’y avoir pensé et en enchaîne assez directement avec la suite mue par un je sais quoi qui donne envie de connaitre la suite. Moi j’ai passé un bon moment.
J’ai aimé le cadre pris pour l’histoire : le Shanghai des années 30 qui est à la fois exotique et familier par la forte présence d’étrangers d’origine européenne. Le brassage de diverses cultures en fait un bon cadre pour une histoire d’aventure et les petites infos distillées en introduction enrichissent les connaissances du jeune lecteur.
Les trois premiers tomes lus d’affilés forment un ensemble plaisant. Les personnages assez antipathiques dans le premier volume acquièrent un peu plus de complexité au fil des tomes et l’intrigue prend forme, le mystère s’installe. Cependant cela reste assez superficiel et simple. Le rythme de lecture et le graphisme étant agréables, je conseillerais cette lecture surtout à de jeunes lecteurs que trop de détails pourraient ennuyer, ils auront ici un joli aperçu de la Chine des années 30 tout en ayant une histoire d’action et de mystère à se mettre sous la dent. Les personnages on ne peut plus classiques permettront sans doute une rapide identification. La lecture est facile, rendant la série accessible aux petits lecteurs fainéants.
Les lecteurs plus vieux n’y trouveront sans doute pas leur compte, justement parce que c’est trop rapide et pas assez approfondi à la fois sur la construction du cadre historique et sur celle des personnages qui restent assez superficiels.
Une jolie BD pour les 10/11 ans. Mystère et Histoire. Joli dessin couleur, belle couverture cartonnée.
Informations techniques :
- Titre : L’ombre de Shanghai
- Auteurs : William Crépin & Patrick Marty
- Illustration : Li Lu
- Date de parution : 03/10/14 (tome 1) 22/05/14 (tome 2) 09/10/15 (tome 3)
- Prix public : 12.90€
- Pagination : 96 pages, couleur
- Format : 18 x 22,5 cm, couverture cartonnée
Découvraient des extraits sur le site de l’éditeur : tome 1, tome 2, tome 3
Tome 4 à paraître en janvier 2016
Merci aux éditions Fei pour cette collaboration
Lecture commune avec OliV
à lire aussi l’avis de Mo’
Oui, c’est vrai que les avant-propos nous en disent plus que ce qui est montré… mais bon, ça attise la curiosité ! Et, comme toi, j’ai trouvé cette lecture simple mais avec un côté agréable 😉
Article qui exprime très bien ce qu’est L’ombre de Shangai…
Bien que l’intrigue (un peu trop.. « facile » à mon goût) n’est pas réussie à m’emporter; je n’ai pas réussie à m’attacher aux personnages; il se dégage de cette bande dessinée une ambiance intrigante. Le cadre est sympa j’espère qu’il sera un peu plus exploité dans les tomes suivants. En fait je pense que la série a un bon potentiel mais qu’elle est encore trop bancale et qu’elle aurait grand besoin de mûrir un peu.
[…] L’ombre de Shanghaï un global manhua soit une collaboration franco-chinoise tout en couleur proposé par les éditions Fei. […]
[…] Je vous ai déjà parlé des premiers tomes de cette série ici. […]
[…] L’ombre de Shanghai, BD jeunesse de William Crépin, Patrick Marty et Li Lu, aux éditions Fei. […]
[…] ⇒ mes chroniques ici et là […]