Elle qui se laissait dévorer [manhua]
C’est d’une courte nouvelle taïwanaise que je vais vous parler aujourd’hui. D’une nouvelle et de son adaptation en BD par 61Chi, car ce sont les deux versions que la récente publication aux éditions H nous permet de découvrir.
Cela commence sur le rebord d’une fenêtre. Une jeune collégienne s’apprête à sauter sous le regard effrayé de ses camarades. Comment en est-elle arrivée là ? C’est trois mois plutôt que tout a commencé. Shih-Jhen est une jeune fille timide et discrète. Elle en pince pour le beau et jeune prof de maths, comme ces camarades. Elle partage une chambre avec 2 autres filles dans le pensionnat de cette école privée perché en haut de sa colline loin de tout. Tout commence avec une rumeur, un geste, des mots mal interprétés, la jalousie, la méchanceté feront le reste. Shih-Jhen devient la cible de rumeur et harcèlement, le prof subit lui aussi le même sort. Mais lui, c’est un adulte, il peut partir. Il partira, laissant Shih-Jhen seule face aux mensonges et aux reproches. Shih-Jhen, déjà si timide, devient transparente, invisible. Elle ne dort plus, mange assise dans la remise. Sombre, petit à petit. C’est là qu’elle rencontre une créature fantastique : un tapir dévoreur de rêves. Celui-ci lui reproche de ne plus faire assez de rêves pour le repaitre. Bien que l’étrange tapir ne mache pas ses mots et se montre peu tendre avec elle, sa présence rassure la jeune fille. Peut-être même que le tapir va lui sauver la vie et dévorer ses cauchemars.
J’avais déjà repéré le travail de 61Chi au festival d’Angoulême, et je désespérais de la voir un jour publiée en France. Voilà que les éditions H viennent d’exaucer mon souhait avec cette courte nouvelle d’une trentaine de planches. Le manhua est complété par la version originale de la nouvelle écrite par Godwind Hsu ainsi que par des annexes : recherches graphiques, interview, biographies et postfaces.
J’ai beaucoup aimé le travail de 61Chi, son dessin n’a rien du manga classique. Son aspect aquarelle donne une touche onirique au récit, le surnaturel vient s’y insérer très discrètement. Seule la présence d’un tapir glouton contraste avec le décor et les personnages réalistes. Quelques subtiles différences distinguent la version de 61Chi de celle de Godwind Hsu. Les deux m’ont beaucoup touché, faisant remonter en moi des souvenirs pas très heureux de ce que furent mes années collège : 4 longues années en milieu hostile. J’ai beaucoup aimé le tapir et sa philosophie. Ces mots ont résonné en moi comme s’il avait été à mes côtés à l’époque. Ce qu’il dit c’est exactement ce que je me répétais tel un mantra pour survivre à la pression, à l’exclusion, aux brimades, aux insultes.
“Cette école est si petite, elle ne t’enfermera pas. Il faut être idiote comme toi pour imaginer que c’est là tout ton monde ”
[…]
“Ouvre les yeux, petite sotte. Plus petite que cette école, on ne fait pas. Ce que les gens racontent n’a aucune importance.”
Le tapir n’est vraiment pas tendre, mais la vie l’est-elle ? Faut se ressaisir. Et c’est ce qu’il incite à faire. Sa présence donne du courage à la petite Shih-Jhen qui finit par se rendre à l’évidence.
C’est beau, c’est touchant, que demander de plus ! Je ne peux que vous conseiller cette lecture.
→ sur Amazon, BD Fugue ou chez votre libraire préféré
→ à lire aussi l’avis de Tachan
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Le coin des curieux
61Chi
Le Tapir dévoreur de rêves
Créature légendaire chinoise (貘, , le tapir dévoreur de rêve se retrouve également dans le folklore japonais (獏, baku) et coréen (맥, maek). C’est une créature positive qui débarrasse le dormeur de ses cauchemars.
Le tapir dévoreur de rêve mythologique est une chimère à la trompe d’éléphant, aux yeux d’un rhinocéros, à la queue de vache et au corps de tigre. Pour son tapir, 61Chi s’est inspiré du tapir de Malaisie noir et blanc tout en le rendant plus petit et plus mignon (une sorte de grosse peluche gloutonne et peu aimable).
À l’origine la créature mythique chinoise protégeait des maladies, puis en arrivant au Japon elle a changé et est devenue un protecteur de rêves, et c’est en tant que tel qu’elle revient en Chine.
avec cette lecture je participe aux challenges
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Ce que tu dis et les dessins me font très envie!
je ne peux que t’inciter à y jeter un œil 😉
[…] Elle qui se laissait dévorer [manhua] […]
[…] Elle qui se laissait dévorer [manhua] […]
Je n’accroche pas avec le dessin…
moi j’aime beaucoup, mais je peut comprendre. Son aspect brouillon ne plaira pas à tout le monde
Totalement tentée !
j’espère que tu aura l’occasion de le lire 🙂
Me reste une impression bizarre à la fin de cet avis mais en même temps, c’est assez intrigant… Pourquoi pas ?
c’est très court, ça se tente 😉
Ça fait un moment que je te vois faire référence à cet ouvrage. Des illustrations que tu as partagée, puis tu en as parlé durant le FIBD. Bref, bien tentée. J’irai embêter mon libraire la prochaine fois si je ne trouve pas l’album dans ses rayons 😉
j’aime bien faire monter le suspens comme ça
tu me dira ce que tu en pense si tu le lis
Je suis néophyte en la matière mais la couverture est splendide et les dessins sont forts je trouve…!
j’aime beaucoup le dessin et ça ne fait pas du tout manga. D’ailleurs comme c’est taïwanais ça se lis dans le même sens de lecture qu’une bande dessinée française. Si tu as l’occasion, jette un œil 😉
Ton avis donne envie et les dessins ne font pas “manga” et me plaisent bien à priori…
Tu achèves de me convaincre avec le sens de lecture !!
yes ! j’y arriverais, j’y arriverais à te faire lire de la BD asiatique 😉 😛
[…] ⇒ ma chronique […]
Le combo couverture / planches / article me donne très envie de lire ce titre !
Merci pour la découverte !
une lecture qui vaut le détour
Tout est réuni pour me plaire!
à lire, alors 😉
Je ne connaissais pas du tout que ce soit ce titre ou la légende du tapir dévoreur de rêves !
Merci pour cette double découverte 🙂
j’ai découvert la légende du tapir avec cette lecture, j’aime bien l’idée d’un animal fantastique qui dévore nos cauchemars 🙂
Woaw ! Merci pour la découverte !
avec plaisir 🙂
J’adore le dessin ! Très tenté du coup 😉
j’espère qu’il te plaira 🙂
Elle fait envie cette BD taïwanaise (je viens de terminer un roman policier taïwanais !).
Bon weekend 🙂
j’ai lu quelques BD mais pas encore de roman taïwanais
pas forcément fan du dessin mais j’avoue que tu me rends assez curieuse !
Le dessin me plait énormément! Je vais vérifier si c’Est présent à ma biblio
Ravie de voir qu’on partage le même avis et que toi aussi tu as aimé découvrir ce titre !
Et merci pour le lien 😉
oui, c’est très joli titre. Je suis ravie de l’avoir découvert
[…] Lire un titre qui ne soit pas d’origine japonaise : Elle qui se laissait dévorer […]
Tu as l’air très convaincue, alors je vais au moins essayer de trouver ce titre… mais pas certaine que j’y arrive !
oui, je ne suis pas sûr qu’il soit facile à trouver en bibliothèque mais il n’est pas cher 🙂
[…] très belles découvertes BD : Elle qui se laissait dévorer, une courte nouvelle , manhua taïwanais, sur le harcèlement scolaire ; tout conte fée, une BD […]
[…] ⇒ ma chronique […]
[…] : son billet de présentation 1 Elle qui se laissait dévorer [manhua] 2 Miss Charity, tome 1 : l’enfance de l’art 3 tout conte fée 4 Quentin le monstre […]
[…] Elle qui se laissait dévorer [manhua] […]