Petit panier de manga #26
coucou tout le monde, me revoici avec un tout petit panier. Deux titres, deux tomes 2, deux belles lectures.
Arte, tome 2
un seinen manga de Ohkubo Kei, publié chez Komikku (2015)
Je vous avais parlé ici du tome 1 il y a déjà quelques années. J’avais aimé le contexte de ce manga, ainsi que les personnages, mais j’avais quelques réticences et j’attendais de lire la suite pour me faire une meilleure idée. Après avoir laissé le manga en pause pour un bon moment j’ai enfin eu envie de reprendre cette série et j’ai ressorti de ma PAL le tome 2. J’en ai profité pour relire le premier tome aussi.
→ si vous ne connaissez pas la série, je vous invite à lire ma chronique sur le tome 1 (avec en bonus une présentation de quelques femmes peintre italienne, contemporaine d’Arte)
Ce manga raconte les déboires d’une jeune femme qui plaque tout pour devenir peintre à Florence au XVIe siècle. Dans le premier tome, on faisait connaissance avec Arte, jeune femme issue de la noblesse florentine, et l’on découvrait comment, à force d’obstination, elle avait réussi à trouver une place d’apprentie dans un atelier de peinture. Leo, son maitre, est un peintre taciturne et solitaire. Il ne la prend pas vraiment au sérieux et la met au défi lui promettant une place, convaincu que la jeune femme abandonnera. Mais c’était mal connaitre Arte dont la ténacité et la motivation sont à toute épreuve. Faut dire que ce n’est pas que par amour de l’art qu’elle veut cette place ! C’est surtout parce qu’elle refuse de se plier aux coutumes qui veulent qu’une femme se marie et dépende de son mari. Elle veut être indépendante et subvenir à ses propres besoins en gagnant sa vie grâce à son talent pour la peinture. Elle réussit donc l’épreuve imposée par Leo et comme il n’a qu’une parole il l’accepte. Une fois Arte à son service, il découvre que loin de n’être qu’une jeune femme gâtée et naïve, Arte est aussi talentueuse que motivée et il commence à la prendre vraiment au sérieux. Voici Arte devenue une véritable apprentie dans un monde traditionnellement réservé aux hommes.
J’avais aimé le contexte historique et le personnage de Arte, qui est touchant même si ce n’est pas un personnage original. On retrouve ce type de personnage très fréquemment dans les manga. Mais je les aime toujours, car ils sont pleins d’énergie et de détermination, ils donnent envie de suivre leur exemple et de se donner à fond. Arte est adorable, pleine de vitalité on a envie de la suivre, de la voir se faire une place. Elle nous met de bonne humeur, avec son énergie et son humour.
Quant au contexte historique, j’adore ! La Renaissance italienne est une période que j’affectionne beaucoup depuis toujours, ça m’a toujours fait rêver. Et je connais bien la ville de Florence. J’adore suivre Arte sur les rives de l’Arno, voir il duomo de sa fenêtre. Le cadre à quelque chose de très familier pour moi.
En relisant ma chronique sur le premier tome, j’ai vu qu’à l’époque je faisais 2 reproches au titre :
1) l’auteur fait l’amalgame entre une femme qui travaille et une noble femme qui travaille. On y voit Arte accomplir des tâches telles que tirer un chariot et tout le monde de s’étonner parce que c’est une femme. Je trouvais que l’auteur en faisait des tonnes, que chaque fois qu’Arte fait quelque chose on nous remet une couche sur le fait quel les femmes ne travaillent pas à l’époque, etc. Or si, les femmes au XVIe siècle travaillent, comme elles ont toujours travaillé ! Ce qui est choquant pour les concitoyens d’Arte, en la regardant tirer sa charrette, ce n’est pas que ce soit une femme, mais une femme issue de la haute société (ce qui se voit à ses robes). Car les femmes du peuple qui travaillent ça ne choque personne. Je trouvais dommage que l’auteur ne soit pas plus précis à ce sujet. Le premier tome donne vraiment l’impression que les femmes (toutes les femmes) ne travaillent pas, alors que cela ne concerne que la classe sociale dont est issue Arte.
2) on n’échappe pas à l’inévitable romance. Dans le premier tome Arte tombe amoureuse de Leo. Quelle surprise ! (ton sarcastique). Je trouvais cela vraiment dommage, d’autant plus que cela vient contredire le propos général. On nous raconte l’histoire d’une femme qui veut s’émanciper, éviter le mariage, travailler, entrer dans un milieu traditionnellement réservé aux hommes… et la première chose qu’elle fait, c’est tomber pour son maitre ? Sérieux ! J’avais vraiment peu que cet aspect du récit vienne gâcher la suite.
Alors, qu’en est-il dans ce deuxième tome ? Et bien, je suis rassurée. D’une part Arte rencontre des femmes couturières, ce qui vient pondérer les propos du premier tome et montrer que les femmes aussi travaillent dans la société florentine du XVIe siècle. D’autre part, si Arte est troublée par ces sentiments, elle ne perd pas de tête son objectif. Elle va donc tout faire pour ne pas se laisser troubler et se donner à fond dans son travail. D’ailleurs on découvre dans ce deuxième tome beaucoup de choses intéressantes sur la vie dans les ateliers des artistes de l’époque : leur organisation, la façon dont on y travaille… Par sa ténacité et son application au travail, Arte commence à gagner le respect d’autres artisans et artistes, même si tout le monde est loin d’accepter qu’une femme exerce ce métier. Arte grandit, gagne en maturité, réfléchit beaucoup à ses motivations et à son désir d’indépendance.
Il y a aussi un échange intéressant entre Arte et un autre apprenti qui l’apprécie beaucoup. Il se montre très protecteur envers elle et elle le rembarre. Elle ne veut pas être protégée, elle veut être traitée en égale et être prise au sérieux. Un échange très intéressant qui fait s’interroger le jeune homme sur son attitude qui partait pourtant d’une très bonne intention. Il y a vraiment toute une réflexion sur la position de la femme dans la société qui, s’il prend pour prétexte un contexte historique qui s’y prête, mais reste toujours pertinent de nos jours et nous pousse à réfléchir sur la place de la femme dans notre société. Il y est d’ailleurs question de différence de salaire entre hommes et femmes, un sujet, malheureusement, toujours d’actualité.
Une double lecture ici : à la fois manga historique qui nous en apprend plus sur le monde de l’art italien durant la renaissance, mais un manga très actuel offrant une belle réflexion sur la position de la femme dans la société. Et tout ça en étant drôle et léger.
J’ai beaucoup aimé ce deuxième qui vient effacer les doutes que j’ai eus lors de ma première lecture du tome 1. J’ai d’ailleurs acheté les deux tomes suivants. Affaire à suivre.
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→ à lire aussi l’avis de Tachan
Avec cette lecture je participe au mois italien, je fais un petit clin d’œil au challenge des livres (et des écrans) en cuisine avec de jolies scènes au marché et à table, je participe également au challenge des histoires & des bulles (catégorie 21 : un thème autour de la femme)
C’est le titre que j’ai choisi pour la BD de la semaine
Rendez-vous chez Stephie
Asadora ! tome 2
seinen manga de Urasawa Naoki, publié chez Kana (2020)
J’avais lu le premier tome l’année dernière (j’en ai très brièvement parlé ici). J’ai enfin prix le temps d’emprunter la suite à la bibliothèque.
Dans le premier tome nous faisions la connaissance d’Asa, une gamine de 10 ans, septième enfant d’une famille très nombreuse dans le Japon d’après-guerre. Une petite fille souvent oubliée au milieu de ses très nombreux frères et soeurs, mais qui sait ce qu’elle veut et qui n’a vraiment pas froid aux yeux. Elle rencontre un vieil homme désespéré qui la kidnappe. Mais alors qu’ils sont cachés tous les deux , la ville est dévastée par un tsunami. Le vieil homme se révèle ne pas être un si mauvais bougre et devant un tel drame il fait ressortir sa véritable personnalité, un ancien militaire, as du vol qui a à coeur de sauver un maximum de gens. S’ensuit tout un tas d’aventures. Asa et le vieil homme se retrouvent dans un petit avion qu’ils utilisent pour distribuer de la nourriture aux survivants prisonniers sur les toits des maisons. C’est dans cet avion qu’on retrouve Asa dans ce second tome. Lors du premier survol des maisons, Kasuga, le vieil homme, et Asa ont vu une énorme empreinte qui a écrasé tout un pâté de maisons. La maison d’Asa a disparu, mais elle retrouve 3 membres de la fratrie, 2 petits frères et une petite soeur. Kasuga a donné son maximum, mais blessé il doit s’en remettre à la petite Asa, qui, du haut de ses 10 ans doit apprendre à piloter. Une révélation pour la gamine qui veut devenir pilote. Il lui faut cet avion. Ainsi, après bien des péripéties, on la retrouve quelques années plus tard, elle a 17 ans et elle est un as de l’aviation, il faut dire qu’elle a eu le meilleur des instructeurs. Kasuga est toujours à ces côtés et ensemble ils ont monté une petite société. Pendant ce temps là des scientifiques sont sur les traces d’une créature géante, un ancien supérieur de Kasuga aussi.
Un manga sur Gozilla sans Gozilla, voilà comment on pourrait résumer ce manga dans lequel il se passe énormément de choses avec en fond cette monstrueuse créature que l’on de fait qu’entrevoir.
Asa, en bonne héroïne manga, est tenace, déterminé, prête à se retrousser les manches, à travailler dur, à venir en aide aux autre… bref c’est une petite fille extraordinaire qui n’a pas froid aux yeux. Elle est adorable et on ne peut que l’aimer. Son compagnon d’infortune se révèle finalement très attachant aussi.
Avec son saut dans le temps, ce deuxième tome est un peu moins touchant que le premier, mais il y a tout de même beaucoup d’émotions avec les membres de la famille retrouvés, le pilotage in extremis, Kasuga blessé, Asa plus déterminé que jamais. Un tome qui m’a donné envie de lire la suite.
J’aime le style de Urasawa, il a le sens du rythme et ses capté son lecteur, j’aime sa façon de raconter les histoires. Et même si je trouve le scénario d’Asadora assez confus, je suis capté par la narration et j’ai envie de découvrir la suite des évènements.
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Avec cette lecture je participe au challenge des histoires & des bulles (catégorie 2 : seinen)
Je ne suis toujours pas attirée par les mangas
XD pas de soucis, mais tu sais quand je parle manga tu n’est pas obligé de venir me lire. Je me vexerais pas 😉 je comprends parfaitement que certains n’ai pas envie d’en lire.
je suivrai volontiers ce voyage à Florence!
un joli voyage 🙂
J’adore Asadora. Effectivement, il y a beaucoup de thèmes et ça se mélange un peu, mais j’adore quand même. C’est un manga à lire et relire.
Ce que tu dis et ta réflexion autour d’Arte me plaisent beaucoup.
Certes, la jeune femme a de l’ambition et sait ce qu’elle ne veut pas, pourtant peut-on prévoir l’amour ? Même si le scénario semble verser dans l’attendu/prévisible, j’ai envie de dire que ça, ça se prévoit pas (et tant mieux d’ailleurs !).
oui bien sûr l’amour ne se prévoit pas et en soit cela n’a rien d’étonnant que la jeune Arte qui a toujours vécu dans un environnement clos et protégé éprouve les émois de l’amour aussitôt sortie de son cocon. Ce que je trouve dommage c’est que ce soit un automatisme. Dans toute les fictions le même cliché : la jeune femme tombe amoureuse de son mentor plus âgé au charme bourru. On peut avoir de l’admiration et de l’affection pour son mentor sans en tomber amoureuse. Elle aurez pu tomber amoureuse d’un jeune apprenti de son âge ou pas tomber amoureuses du tout (ça oui ça serait originale !). J’ai rien contre l’amour en soit ni les histoires romantiques mais que se soit automatique et inévitable ça me dérange. Ceci dit même si l’auteur n’échappe pas au cliché il n’est fait pas non plus le centre de son histoire et ça c’est déjà pas mal.
J’ai beaucoup aimé Asadora aussi, mais j’ai préféré le premier tome. Le troisième m’attends j’ai hâte de le découvrir
Les deux ont l’air foisonnants
Encore une jolie sélection que tu nous proposes !
Je suis entrain de lire Arte et je ne peux que te confirmer que c’est un excellent choix.
Pour Asadora, je vais voir si je le trouve dans une des médiathèques auxquelles je suis inscrite 🙂
Merci du partage 🙂
j’ai commencé le troisième tome de Arte et je me régale 🙂
Toujours de belles idées de manga chez toi ! 😉
vu que je ne lis pas de manga, je passe 😀
J’avais quelques réticences au début avec Arte mais la série se bonifie vraiment au fil des tomes et on s’attache énormément à l’héroïne qui est pétillante et forte comme j’aime.
Avec Urasawa par contre, c’est toujours un coup de foudre au début, mais c’est souvent vers la fin que ça se dégrade lol A voir cette fois 😉
Merci pour les liens en tout cas ^^
oui, moi aussi à la lecture du premier tome j’ai eu peur qu’Arte ne glissé vers une romance cliché mais finalement dans les tomes suivant on se recentre sur l’art et la quête d’indépendance de l’héroïne.
Pour Asadora j’ai bien moins accroché au deuxième tome qu’au premier mais bon, comme je les emprunte à la bibli, je prends aucun risque ^^
Toujours pas attirée non plus mais j’aime assez le graphisme du premier.
Peut-être le 2e 🙂