De l’autre côté du mythe, tome 1 : Ariadné
Bonjour tout le monde. On se retrouve aujourd’hui pour parler mythologie avec Ariadné, le premier tome de la collection de l’autre côté du mythe, romans jeunesse qui revisitent les classiques de la mythologie pour en livrer une vision différente.
Vous connaissez tous le mythe de Thésée et du Minotaure, Arianne et son fil. Flora Boukri prend le parti de raconter l’histoire du point de vue d’Arianne (ici Ariadné, pour une consonance plus grecque). Personnage très en retrait dans les versions courantes du mythe, elle prend ici toute sa juste place et donne une profondeur différente à l’histoire.
Tout commence avec la mort à Athènes du fils ainé de Minos, rois de Crète. Rendu fou de chagrin, le roi de Crète va imposer aux Athéniens un lourd tribut. Chaque année, Athènes envoie 14 jeunes gens qui seront sacrifiés au Minotaure sur l’île. Chaque année Ariadné attend ce moment avec appréhension, elle déteste ces fêtes et la tournure macabre que son père, devenu fou de vengeance, leur a fait prendre.
Cette année les choses ne se passeront pas comme prévu. Parmi les tributs se trouve Théseus, héritier du trône d’Athènes. Ariadné et Théséus, réuni par leur volonté de mettre un terme à cette folie vont très vite voir des sentiments d’attirance mutuelle naitre entre eux. Mais comment déjouer les plans de Minos ? Comment vaincre le Minotaure et sortir du labyrinthe, et surtout comment arrêter Minos et éviter une nouvelle guerre ?
Je trouvais l’idée de revisiter le mythe en prenant le point de vue d’Arianne très intéressant et j’étais très curieuse de découvrir ce roman jeunesse (conseillé par l’éditeur à partir de 13 ans, accessible dès la sixième selon moi).
Reprenant la structure d’une tragédie grecque le roman est composé d’un prologue, trois chants, des intermèdes et un épilogue. Le prologue raconte la mort de Andros, fils ainé de Minos. Le premier chant, composé de plusieurs chapitres, donne la parole à Ariadné. En compagnie de son frère et de sa soeur, la princesse se prépare pour les festivités du printemps et l’arrivée des sacrifices envoyés par Athènes. Cette partie est la plus longe du roman. Non seulement on découvre l’arrivée des Athéniens et sa rencontre avec Théséus, mais on découvre aussi la relation avec les différents membres de sa famille, y compris le Minotaure, qui est son demi-frère et qu’elle a connu avant que celui-ci ne soit contraint de vivre dans le labyrinthe. On découvre aussi le poids qui pèse sur ses épaules et ses responsabilités en tant que princesse. On découvre Crète et ses croyances, différentes de celles de la Grèce. On découvre le palais de Minos et la façon dont la naissance du Minotaure a détruit sa famille. Vue de Crète, cette histoire est bien différente et les dieux grecs se montrent bien manipulateurs envers les Crétois qu’ils souhaitent voir soumis à leur autorité.
J’aimais aborder le mythe par ce point de vue inattendu. Je trouvais qu’il y avait dans l’histoire des choses très intéressantes. Mais j’ai eu du mal à m’attacher à Ariadné, sans que je n’arrive trop à comprendre ce qui me gênait chez elle. Après mure réflexion, je crois que je n’ai pas du tout aimé la relation qu’elle a avec sa soeur, à peine plus jeune qu’elle et déjà âgée de 16 ans au moment des faits. Ardiané la traite comme un enfant, et même si on la voit évoluer et se remettre en question au fil des chapitres, son côté surprotecteur m’a agacé. Vouloir protéger sa soeur est une chose, l’infantiliser en est une autre.
Le ton change au deuxième chant. C’est Théseus qui prend la parole et on revit les mêmes jours qui viennent de s’écouler, mais cette fois de son point de vue avant de continuer plus avant l’aventure, toujours de son point de vue à lui. Et c’est là que j’ai commencé à vraiment aimer le roman. Non pas parce que je préférais la vision de Théséus, mais parce que ce regard croisé donne une profondeur toute différente au récit. La première partie du roman prenait une autre dimension à mes yeux en y ajoutant ce point de vue différent.
Le troisième chant, très court, apporte le dénuement à la plongée dans le labyrinthe. Cette fois c’est à travers les yeux de Pasiphaé, la mère d’Ariadné et du Minotaure que l’on voit les événements. J’ai aimé cette conclusion que j’ai trouvé vraiment très touchante, même si l’autrice s’en sort avec une pirouette un peu facile, la scène finale n’en reste pas moins émouvante, tout comme Pasiphaé qui prend ici une dimension à laquelle je n’avais jamais songé. C’est vrai que le mythe en fait un personnage assez dérangeant, elle poursuit de ses ardeurs un taureau tout de même. Ici on remet à l’honneur sa nature divine et tout prend une autre dimension.
Durant les intermèdes, on fait des apartés en compagnie de Dionusos (Dionysos). Le dieu observe Ariadné, fasciné par cette jeune femme dont le destin n’est pas scellé. On retrouve Dionysos dans l’épilogue, sur l’île Naxos.
C’est finalement ce jeu de point de vue différent qui donne toute la profondeur à la réécriture de Flora Boukri. Et si au début j’étais un peu perplexe, j’ai finalement beaucoup aimé ce roman. Il donne une dimension beaucoup plus profonde au mythe et surtout aux personnages féminins, Arianne, mais aussi sa mère. Cela m’a aussi donné envie d’en savoir plus sur la civilisation de la Crète antique que j’assimilais à tort à la culture grecque.
Un bon roman, facile à lire et agréable, avec une véritable aventure. Même si on connaît le mythe on est pris par l’enchainement des évènements et on veut savoir comment l’autrice nous mènera au dénuement que l’on connait. Je le conseille aux passionnés de mythologie, mais aussi, pourquoi pas, aux jeunes lecteurs de fantasy. Loin de nous livrer un récit fantasy à la Percy Jackson, l’autrice reste ici très proche du mythe classique, mais lui donne la profondeur et les sentiments digne d’un roman d’aventure.
→ Je partage cette lecture avec Blandine et Janelle.
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avec cette lecture je participe au challenge Contes & Légendes, au challenge le tour du monde en 80 livres, au challenge 2022 en classique et au challenge de l’imaginaire
J’aime beaucoup les romans autour des mythes, celui-ci m’attire pas mal ! Dans un autre genre, j’aime énormément « Le Chant d’Achille » et « Circé » de Madeline Miller <3
Circé est dans ma PAL. C’est ma fille ainée qui me l’a prêté j’ai hâte de le lire 🙂
C’est vraiment un très bon roman qui nous apprend beaucoup !
A ton inverse, j’ai apprécié Ariadné, moins la romance qui prenait un peu trop de place. Merci pour cette LC
ce n’est pas que je n’ai pas aimé Ariadné, je n’ai pas aimé la relation qu’elle entretien avec sa sœur. Mais sinon c’est un personnage intéressant. La romance moi ne m’a pas dérangé, au contraire, je préfère cette version à celle où Thésée profite d’Arienne avant de l’abandonner. Ici au moins c’est un amour réciproque.
Oh intéressant ! Je le note pour une idée de cadeau à mon petit frère fan de mythologie 🙂
Une collection qui à l’air intéressante.
[…] jeunesse : Ariadné, de l’autre côté du mythe de Flora Boukri […]
C’est cool de voir 1-/ qu’il est facile à lire 2/ que si j’avais du mal au début, je pourrai faire confiance à la suite.
Je sais maintenant que je peux le sortir de ma PAL en ayant confiance.
Merci pour ce riche avis !
[…] Lapière 12. Evil Eater, tome 1, Issei Eifuku et Kojino 13. Centaures, tome 3, Ryo Sumiyoshi 14. De l’autre côté du mythe, tome 1 : Ariadné, Flora Boukri 15. Possession, Moka 16. Avatar, le dernier maître de l’air – La Promesse, […]
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