La maison qui parcourrait le monde [roman jeunesse]

25 octobre 2020 5 Par Bidib

Maison qui parcourait le monde (La)Envie d’une histoire de sorcières, des maisons magiques, de voyage et de quêtes initiatiques ? Je vous propose de revisiter le conte de Baba Yaga et sa maison à pattes de poulet avec La maison qui parcourait le monde de Sophie Anderson, tout juste sorti dans la collection Médium des éditions l’école des loisirs.

Marinka a 12 ans, elle vit depuis toujours avec sa grand-mère Baba Yaga dans une maison magique qui peut parcourir le monde grâce à ses pattes de poulet. La maison s’installe toujours dans un coin isolé loin des vivants. C’est que les vivants ne doivent pas découvrir se que cache la maison : une porte permettant aux morts de rejoindre les étoiles. C’est ça le travail de Yaga, accompagner les morts et garder la porte.

Baba Yaga apprend à Marinka tout ce qu’il faut savoir pour devenir la prochaine gardienne, mais la petite fille ne veut pas devenir gardienne. Ce qu’elle veut elle, c’est vivre avec les vivants. Comment faire comprendre ça à sa grand-mère !

Marinka ne peut pas vivre loin de la maison, sa place est ici, auprès des mort et de la porte, Baba Yaga voudrait tant le faire comprendre à sa petite fille, mais Marinka a toujours la tête ailleurs.

Tout au long de ce roman, nous allons suivre Marinka qui ne rêve que de se faire des amis, des amis bien vivants qui seront toujours là demain. Elle n’aime pas la vie à laquelle elle se destine, chaque jour guider les morts et les voir vous quitter. Elle aime sa grand-mère, mais celle-ci ne la comprend pas. Elle, elle veut autre chose et dans sa quête elle finit par faire des bêtises, des bêtises qui n’ont l’air de rien, mais qui vont finir par avoir de terribles conséquences. Il va lui falloir trouver des solutions. Comment résoudre le problème sans pour autant abandonner ses rêves ? Ce sera la quête de Marinka.

J’ai beaucoup aimé ce roman, par l’ambiance qui s’en dégage. C’était un plaisir de parcourir le monde avec la maison de Baba Yaga, mais j’avoue que Marinka m’a tout de même bien agacé. Si l’idée de ne pas abandonner ses rêves et de chercher sa propre voie sans se contenter du destin auquel on veut nous cantonner est une belle idée. J’avoue que j’ai trouvé la petite Marinka vraiment têtue et égoïste. On a beau lui dire les choses, elle ne veut rien entendre. Et parfois j’ai trouvé qu’elle avait une vision beaucoup trop égoïste de la vie et j’avais envie de la voir se raisonner. Certes son égoïsme va avoir de terribles conséquences, mais là encore elle ne lâche pas l’affaire, elle n’écoute personne et ça en devient agaçant. Va-t-elle grandir ? N’ai-je pas cessé de penser. Mais c’est que je suis une vieille Yaga qui aime les enfants sages. Une gamine de douze va sans doute plus s’identifier au personnage de Marinka parce qu’elle a vraiment ce caractère qu’ont les jeunes filles de cet âge-là. Têtue à ne pas en finir !

Mais l’auteur a réussi un tour de magie étonnant : j’ai adoré ce roman sans pour autant en adorer l’héroïne. J’ai trouvé la petite Marinka bien agaçante de nombreuses fois, mais je n’ai pas lâché le roman trouvant plaisir à chaque fois à suivre ses péripéties, rencontrer des Yaga, parcourir les différents paysages en compagnie de la chipie et de sa maison.

J’ai adoré faire la fête avec les morts, m’assoir à la table avec eux, et découvrir des Yagas bienveillantes. Un joli roman qui plaira à tous ceux qui aiment les ambiances d’Halloween. Le petit plus, la jolie mise en page et les illustrations qui parsèment le roman, sans oublier les nombreux intermèdes gourmands.

sur le site de l’école des loisirs

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À la table de Baba Yaga

Il se dégage beaucoup de douceur de ce roman et les intermèdes gourmands n’y sont pas pour rien. Faut dire que Baba Yaga aime cousiner et sait recevoir, même si ses invités ce sont des morts. Avant leur grand voyage et leur offre de belle table qui regorgent de plat chaud, de boissons fermentées, de musique de danse…

Une découverte de la culture culinaire slave que je ne connais pas du tout. Ça m’a donné envie d’essayer. Je suis partie donc à la recherche de quelques recettes (cliquez sur les photos pour voir les recettes).

Voici un aperçu de ce qu’on trouve à la table de Baba Yaga:

 » – le déjeuner est prêt. J’ai préparé un festin : un chtchi et des bagels au blé noir. Il y en a assez pour Jack également.

Mon estomac se met à gargouiller au moment où me parvient l’odeur de la soupe aux choux et du pain fraîchement cuit. » p. 11

Chtchi est une soupe à base de chou.

Soupe au chou russe chtchi

« Baba remue un grand chaudron de bortsch qui cuit à grand feu. […]

– tu veux que je serve le Kvass ?

Je regarde la table envahie de rangées de choppes qui attendent l’être remplies de cette boisson corsée, de couleur sombre.

-Oui, s’il te plaît.

Je me dirige vers la table dans l’air embué et aigre, tandis qu’elle chevrote une chanson d’une voix un peu fausse et approche de ses lèvres une cuillère de supe rouge vif.

-ça manque d’ail, marmonne-t-elle.

Elle jette une poignée de gousses dans le chaudron.

J’ouvre une bouteille et sers le kvass. Sa forte odeur de levure envahit l’atmosphère et se mêle sans effort avec le fumet de la soupe. Je regarde les bulles crémeuses s’élever dans le liquide brun et former une mousse épaisse à la surface. » p. 14-15

Le bortsch est une soupe à base de betteraves et de viande.

Borchtch à la russe - Photo par via279 Bortsch aux betteraves

le bortsch de Syl ne ressemble pas à celui décrit dans le roman, mais il me fait bien envie, alors je partage aussi sa recette

Le Kvass est une boisson traditionnelle russe fabriquée en faisant fermenter du pain ou des céréales, une sorte de bière très peu alcoolisée. Je n’ai pour ma par jamais goûté, mais j’ai trouvé des recettes sur le net, ça ne semble pas trop difficile à faire.

Kvass du pain noir - sombre, copieux, rafraîchissant! Recette Kvass sur pain noir sans levure

« Tout sourire, Baba me désigne la table, déjà chargée de bouteilles de kvass, de verres et de plats de poisson : harengs marinés avec de la crème conservée au frais dans le garde-manger, blinis au saumon fumé et à l’aneth, vobla fumé et salé, et mini kotletis de poisson. » p.79

La vobla est un poisson, quant au kotletis, ce sont de boulettes préparées soit avec de la viande soit avec du poisson. J’ai trouvé une recette de kotletis de viande sur le net. Cette recette ressemble à s’y méprendre à la recette de popeltte de viande que prépare ma mère. Mais dans le roman il est question de boulette de poissons.

Kotlety de poisson

« Je pose sur la table le pain noir que j’ai fait cuire, du beurre salé, du fromage tcherkesse, du raifort et du kvass – tout ce que Baba préfère – et j m’assieds pour attendre que la Porte s’ouvre » p. 131

j’ai cherché une recette de pain noir russe, mais j’ai trouve des recettes tellement différentes les unes des autres que je n’ai du coup aucune idée du pain dont il est ici question, mais une chose est sûre il doit y avoir de la farine de seigle (seule constante de toutes les recettes que j’ai lues).

« Je passe la journée à cuisiner – du bortsch à partir de légumes en conserve, des beignets à la touchonka, des pirog aux champignons séchés et des vatrouchka avec un bocal de sauce au fromage préparé par Baba. Je fais cuire du pain noir et du pain au miel, je prépare des zoakouskis et des pastilas à partir de fruits au sirop. Je fait refroidir du kissel en gelée dans la neige. » p. 260

la touchonka c’est de la viande en conserve. Le pirog est une tourte. La vatrouchka est une tarte au fromage blanc. Les zoakouskis sont des hors-d’œuvre. Le kissel est un dessert à base de fruits rouges.

Pirog pirogh creme gelifiee russe Photo de la recette : Vatrouchka, tarte russe au fromage blanc et aux raisins secs


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