La Fantasy, un genre digne d’intérêt ?

22 juillet 2017 0 Par Bidib

avant propos

J’ai récemment suivi un mooc dédié à la littérature fantasy sur la plate-forme fun-mooc. C’était très intéressant. J’ai appris plein de choses. J’aurais du en parler tant que les inscription étaient encore ouverte, mais… à force de remettre cela au lendemain, c’est trop tard -_-‘

Mais j’avais envie de partager le travail écrit qui était demandé en fin de parcours. Il fallait répondre à la question suivante : la Fantasy, un genre digne d’intérêt ? Il fallait donner des argument et contre-argument, fournir des exemples… bon facile à dire, mais moi, même après le mooc en fantasy j’y connais pas grand chose. Pourtant j’ai trouvé l’exercice intéressant et amusant à faire.

Je vous livre ici le texte tel que je l’ai livré au jugement des paires sur fun-mooc. Sans retouches. Juste quelques images pour égayer le tout. N’hésitez pas à me faire vos retours, laisser des conseils de lecture, etc.

La fantasy, un genre digne d’intérêt ?

Sous l’étiquette Fantasy, on retrouve des œuvres bien différentes les unes des autres, de l’épique épopée du Seigneur des anneaux à la chasse aux vampires de Buffy, en passant par les viriles aventures de Conan le barbare, la Fantasy compte de nombreux sous-genres. Une diversité qu’il est difficile d’analyser comme une seule et même identité. Qu’est-ce que vraiment la Fantasy ? On pourrait la définir comme une littérature du merveilleux où le surnaturel fait partie intégrante de l’univers proposé et est accepté comme allant de soi par le lecteur. Ce surnaturel peut se manifester de façons bien différentes d’un sous-genre à l’autre, d’une oeuvre à une autre.

Comme la plupart des littératures de genre, la Fantasy est souvent décriée au profit d’une littérature générale, seule considérée comme digne d’intérêt. L’un des principaux reproches qui est fait à la Fantasy c’est celui d’être très, trop, stéréotypé, de se structurer toujours autour des mêmes mécanismes narratifs. On ne peut nier l’existence de ces stéréotypes maintes fois recyclés par des auteurs de fantasy. Mais le fait qu’une recette à succès soit recyclée par des auteurs en manque d’inspiration ou simplement soucieux de surfer sur une vague à la mode, n’enlève rien aux qualités des oeuvres qui ont donné naissance à ces stéréotypes.

Parmi ces stéréotypes, nous pouvons citer celui né dans le Seigneur des anneaux de Tolkien. Son roman qui s’inspire à la fois de la mythologie celtique et nordique pour ses créatures surnaturelles et de la chanson de geste médiévale pour son côté épique, impose, par son succès auprès des lecteurs et de la critique, l’un des stéréotypes fondateurs du roman Fantasy, ou du moins de l’Epic Fantasy : le groupe d’aventuriers appartenant à différentes races (humains, elfes, nains…) et menant une seule et même quête dans le but de protéger le (un) monde menacé par des forces obscures. Si l’on peut reprocher aux auteurs ayant repris cette idée de manquer d’originalité, cela ne réduit pas la valeur du roman de Tolkien qui ne doit pas son succès à la simple utilisation de ce stéréotype, mais au formidable travail de création de l’univers qui sert de base à son épopée. Nous touchons là à l’un des principaux intérêt de la Fantasy selon moi : le  dépaysement. La Fantasy, quelque soit le sous-genre, propose des univers alternatifs empreints de merveilleux et de surnaturel. La réussite et l’intérêt d’une oeuvre Fantasy dépend avant tout, selon moi, du talent de l’auteur à créer un univers cohérent. En cela Tolkien a excellé, créant pour son roman Le Seigneur des Anneaux un univers très riche et cohérent pour lequel il nous fournit de nombreux détails anthropologiques, ethnologiques, linguistiques… L’univers de Tolkien, qu’il décline et développe dans plusieurs oeuvres et travaux, allant jusqu’à créer une langue, est si riche qu’il devient plausible.

On pourrait aussi citer le succès plus récent de la série à destination de la jeunesse de J.K. Rowling : Harry Potter. Le succès de ce dernier a vu se multiplier les histoires plus ou moins réussies d’apprentis sorciers et sorcières. Ce qui pour moi fait la force de Harry Potter, outre les thématiques universelles qu’il aborde (passage à la vie adulte, finitude de la vie humaine, lutte contre ses propres pulsions de destruction, ode à la tolérance…) c’est son univers très riche et bien construit. Le monde magique que Rowling superpose au nôtre fonctionne à merveille. On peut, l’espace d’une lecture, y croire. Les nombreux détails qu’elle fourni facilitent l’immersion. Et j’en viens au second intérêt de la fantasy, après le dépaysement et la découverte d’autres univers, vient l’émerveillement.

Par ailleurs, si le stéréotype très présent dans la Fantasy peut être sujet à critique, il fait aussi parti du plaisir de lecture. Les lecteurs, surtout les jeunes, aiment, en ouvrant un ouvrage fantasy, y reconnaître des archétypes qui leurs sont familiers.

Comme beaucoup d’autres littératures de genre, la Fantasy est une littérature qui semble légère. Elle nous émerveille et nous offre une échappatoire aux réalités de la vie, aux ennuis du quotidien. Certains pourraient lui reprocher de pousser le lecteur à l’escapisme, à la fuite du réel. Si le voyage et le dépaysement est total, la réalité n’est finalement pas aussi loin qu’il y paraît. Grâce à l’énorme liberté  que le merveilleux offre à l’auteur, il peut se permettre une critique parfois très poussée de notre société et de ses excès, une réflexion profonde sur la nature humaine, de son rapport aux autres, à la nature, au pouvoir, aux luttes intérieurs entre pulsion de destruction et altruisme, sur la question pas si simple du courage individuel et/ou collectif, l’importance du groupe, etc… sous ses airs de conte de fée, la Fantasy cache une véritable réflexion philosophique.

Prenons l’exemple de Peter Pan de J.M Barrie qui a même donné son nom à un syndrome psychologique. Dans son roman, Barrie met en scène un enfant qui ne veut pas grandir. L’enfance qui est perçue comme un paradis perdu duquel il faut accepter de se séparer pour devenir adulte. Peter Pan s’y refuse et restera un enfant à jamais. Dans le Monde de Narnia, l’enfance est aussi présenté comme un âge béni qui ouvre des portes merveilleuses, portes qui se referment quand l’enfance s’évapore. On peut lui opposer Harry Potter où, au contraire, plus l’enfant grandi et accepte ses responsabilités, plus son pouvoir magique grandi et les combats qu’il mène deviennent spectaculaires. Grandir le fait gagner en puissance et non perdre ses pouvoirs. Deux visions opposées de l’enfance et surtout du passage à l’âge adulte sont livrées dans ces romans. Dans Harry Potter le récit pousse le jeune lecteur (n’oublions pas que s’il est lu par des adultes, le roman s’adresse à la jeunesse qui grandit avec son héros), à accepter de grandir et assumer ses responsabilités, c’est une étape fondamentale de la construction de soi. Grandir veut dire perdre quelque chose dans Peter Pan ou Narnia, tandis qu’Harry Potter gagne quelque chose. Nous avons là des approches très philosophiques du passage de l’enfance à l’âge adulte.

Peter Pa par Renae De Liz

Pour donner un autres exemple , dans le Seigneur des anneaux comme dans Harry Potter, il n’est pas question d’une simple lutte du bien contre le mal . L’univers que nous livrent ces deux romans est moins manichéen qu’il n’y paraît. Harry comme Fredon doivent affronter leur propres désirs de pouvoir, leur propres pulsion destructrices pour vaincre les forces obscures qui menacent leur monde.

Je pourrais encore citer le roman japonais, Sword Art Online, mêlant sf et fantasy, où le héros est plongé, grâce à des technologies futures, dans un univers virtuels de jeu vidéo fantasy. Sword Art Online propose, au détour de ses aventures épiques, une réflexion intéressante sur ce qu’est la réalité et la perception que nous avons de celle-ci, ou encore sur la spécificité humaine en s’interrogeant sur ce qui détermine l’humanité d’un individu. Peut-on considérer une intelligence artificielle éprouvant des sentiment comme une chose ?

Ce n’est là que quelques exemples pour montrer la richesse de la réflexion que peut proposer la fantasy.

La production de fantasy est très importante et très variée que ce soit dans le support (roman, film, bande dessinée, série télévisées…) que dans ses sous-genres (epic fantasy, urban fantasy, fairy tale fantasy, heroic fantasy…), tout comme dans la littérature générale la qualité dépend du talent de l’auteur. Le bon roman fantasy peut apporter à la fois détente, émerveillement et réflexion au lecteur, peut-être au prix de quelques moins bonnes lecture. Comme dans tout genre littéraire. Autrement dit, la Fantasy a autant d’intérêt que tout autre genre littéraire.

Harry Potter illustré par Jim Kay

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