Bam l’éléphant et le jardin de safran [album jeunesse]

8 juillet 2020 12 Par Bidib

C’est grâce à une rencontre avec l’auteur organisé à l’école primaire de ma fille il y a déjà quelques années que j’ai découvert ce joli album de Ludovic Chevallet et Émilie Camatte, publié aux éditions L’arbre au galop en 2015.

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Bam, un jeune éléphant, attiré par l’odeur du riz en fleurs, vient ravager les rizières du village de Nechmi, dans la province nord-est de l’Inde. Sharma, l’un des villageois aux champs dévastés décide d’aller demander conseil d’abord chez le Brahamane Jati, puis auprès de Shashank Nirdish, le chef du village. Mais ni les conseils de l’un ni le conseil de l’autre ne parviennent à décourager Bam qui, sans cesse, revient dans les rizières. Sharma décide alors de se rendre à Gangtok, la capitale de la province de Sikkim afin de demander conseil au grand Karmapa du monastère de Rimtek. Un long voyage l’attend. Le grand Karmapa lui prodigue un étrange conseil. Il confie au jeune homme un sachet contenant des petits bulbes de crocus. Il conseille au jeune homme de planter ces bulbes aux alentours de la rizière. L’odeur qui se dégagera des fleurs dissuadera Bam. C’est ainsi que Sharma revient au village et devant ses voisins septiques plante les crocus sur le chemin de la rizière. Cinq jours plus tard, des fleurs aux longs pistils rouges s’épanouissent et embaument toute la rizière, Bam, dérangé par l’odeur épicée du safran, ne revient plus jamais. Le village devient connu pour sa culture de safran qu’ils appelleront en hommage à l’éléphant, le safran de Bam.

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Un très joli conte, servi par de beaux dessins très colorés. Une lecture agréable qui nous invite à la découverte de l’Inde et de sa culture.

Émilie Camatte  (instagram)

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Le coin des curieux

SikkimSikkim est un état du nord de l’Inde situé dans l’Himalaya, à la frontière du Népal, du Tibet, du Butan et du Bangladesh. Dans cet album, le héros se rend à la capitale, Gangtok, pour rendre visite au grand Karmapa du monastère de Rimtek. Ce monastère existe vraiment, et il est le siège du Karmapa, qui, tout comme le dalaï-lama, est une personnalité religieuse tibétaine importante. Tout comme pour le dalaï-lama, le Karmapa se réincarne, génération après génération. C’est le chef de la lignée Karma-kagyu du bouddhisme tibétain.

La culture de riz en terrasse a été introduite dans la région par les Britanniques. On cultive également d’autres céréales et la cardamome, épice que l’on retrouve dans de nombreux plats indiens. Une importante politique d’économie verte a été menée dans la région et en 2013 Sikkim est le premier état 100% bio. On retrouve cette notion de respect de la nature dans le conte de Ludovic Chevallet où les villageois, bien que désespérés à l’idée de voir leur récolte saccagée, jamais ne pensent à tuer l’éléphant. Ce qu’ils cherchent c’est un moyen pacifique de l’éloigner des champs. Une leçon dont auraient bien besoin certains détraqueurs du loup dans les montagnes françaises… mais c’est un autre débat. Revenons à nos montagnes indiennes.

Il y a donc du riz et de la cardamome comme dans le conte, mais qu’en est-il du safran ?

Le safran, cette épice rouge aux fortes saveurs est produite en récupérant les pistils du crocus à safran : crocus sativus. Je suis tout d’abord tombé sur un lien me disant que ce crocus était originaire du Népal et là je me suis dit que c’était parfait. Mais quelques clics plus loin, je découvre que la plante serait plutôt originaire de la Méditerranée. On commence à se trouver très loin du Sikkim. Si les analyses génétiques de la plante montrent que son ancêtre sauvage serait plutôt européen, le safran est cultivé depuis plus de 5000 ans et on le retrouve dans de nombreuses cultures, du bassin Méditeranéen, au Cachemire, en passant par la Chine et l’Iran. Le Safran est donc cultivé en Inde depuis bien longtemps. En revanche, je n’ai rien trouvé de spécifique sur la culture du safran dans la région de Sikkim.

Paysage du Sikkim, Inde (Bernard Gagnon )

Un beau conte qui m’a fait découvrir une belle région. Les images donnent vraiment envie d’aller visiter !

Mais oublions 5 minutes les épices pour revenir aux légendes !

Dans ce conte il est question, à un moment donné, de faire des offrandes à la déesse Sûrya, protectrice des cultures. Ne connaissant pas cette déesse, j’ai eu envie d’en apprendre un peu plus sur elle.

Statue de Sūrya au Tropenmuseum d'Amsterdam Shri Surya Bhagvan bazaar art, c.1940's.jpg

Sûrya (en sanscrit : सूर्य) est le dieu Soleil, fils d’Āditi et de Kashyapa. Il a quatre épouses et plusieurs enfants parmi lesquels on trouve Yama, le dieu de la mort et Manu, le premier homme.

Comment ce dieu solaire s’est transformé en déesse de protectrice des cultures, c’est un mystère. En tout cas mes brèves recherches ne m’ont révélé aucune version féminine de Sûrya.


avec cette lecture je participe aux challenges :

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(cliquez sur les logos pour en savoir plus)

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