Les filles du siècle : La capucine [roman jeunesse]

14 février 2021 10 Par Bidib

Couverture La capucine

roman de Marie Desplechin, éditions l’école des loisirs (2020)

Louise est une jeune fille de 13 ans qui travaille dans les marées de Bobigny. Nous sommes au XIXe siècle et Bobigny est encore un village de maraicher qui fournit en légumes non seulement Paris, mais aussi de nombreuses villes d’Europe. Louise adore la terre et sait comment produire de beaux légumes et prendre soin de ses plantes. Mais son maître la bat et ne la paie même pas. Elle en a plus qu’assez. Elle décide de partir à la ville, rejoindre sa mère qui travaille comme bonne dans une maison bourgeoise. Mais une place à Paris ce n’est pas si facile à trouver, surtout quand la seule chose qu’on sache faire c’est faire pousser des légumes.

Dans ce roman historique, Marie Deplechin nous raconte le Paris et ses alentours du XIXe à travers le regard de Louise, une jeune fille du peuple, pleine d’énergie qui va devoir trouver sa place dans un monde qui ne lui est pas vraiment favorable. On suit la jeune fille sur plusieurs mois, on la voit évoluer. Elle nous raconte le marré, elle s’indique du traitement qu’on lui réserve, elle découvre Paris et la façon dont vivent les bourgeois, elle découvre l’univers des domestiques… Avec elle nous (re)découvrons cette époque à travers un récit plein de fraicheur et d’humour.

S’agissant d’un roman jeunesse, le texte est très abordable et pas trop long (220 pages). Mais, s’il se passe beaucoup de choses dans la vie de Louise, on ne peut pas vraiment dire qu’il y ait de l’action. C’est un roman tranche de vie. On suit Louise dans son quotidien. Au début j’ai mis un petit moment à rentrer dans le récit, j’attendais de l’action et elle ne venait pas. Finalement c’est par l’ambiance et l’humour que ce livre m’a séduit. Une fois que j’ai cessé d’attendre un tournant et que j’ai accordé de l’importance aux petits détails, je me suis prise au jeu et j’ai passé un excellent moment de lecture. Ce sont les petites remarques que l’auteur glisse par ici et par là sur Bobigny, Paris, la société… mais aussi tous ces détails donnés sur le travail que ce soit celui des maraichers ou celui des domestiques, qui font l’intérêt de ce roman.

Il y a aussi beaucoup d’humour et de clin d’oeil. Louise est une jeune fille pleine de vie qui n’hésite pas à remettre à leur place ceux qui lui manquent de respect, qui n’a pas froid aux yeux et qui affronte la vie avec beaucoup d’énergie, sans jamais se laisser abattre. C’est un beau personnage, très positif.

Dans la même série (les filles du siècle) il me reste encore 2 romans à découvrir : Satin grenadine et Séraphine. J’ai hâte de les découvrir.

sur le site de l’école des loisirs

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⇒ je partage cette lecture avec Lou

Avec ce livre, je participe au challenge Des livres (et des écrans) en cuisine

Bien que la cuisine ne soit pas le sujet de ce roman, il renferme de nombreux passages gourmands, en voici quelques uns :

“Bernadette m’a donné des crêpes à la bière et de la confiture de capucines qui m’on fait beaucoup de bien, d’autant que je n’avais rien avalé depuis le midi. Sa bonté l’arrangeait parce qu’elle en a profité pour s’enfiler un deuxième souper. Quand elle mange, on voit son plaisir sur sa figure. C’est pour cela qu’elle est grosse. Ses bras son ronds et dodu comme des jambonneaux et ses joues crémeuses à embrasser.

L’hiver comme l’été, elle a toujours de quoi sortir un pot qu’elle tire de l’une des caches qu’elle a ménagées partout dans la baraque. […] Elle confit, elle compote, elle conserve, elle fermente dans des pots de terre et des bocaux en verre. Elle fait sécher les noix, les abricots, les herbes, les fleurs même, et la viande en saucisson.” p. 13

“- Chez d’Argenton, a-t-il dit, on boit du café. C’est autorisé. […]

J’ai reussi à convaincre la patronne que ce qui est bon pour eux ne peut pas être mauvais pour nous. Par chance, elle a l’esprit moderne. En voulez-vous ?

[…]

Certainement, nous en voulions. Mais je n’en avait jamais bu. Et, à voir la mine de Bernadette, elle non plus. Elle a hoché timidement la tête. J’ai fait de même. Félicien nous a versé un peu d’une eau très noir, au fort parfum de brulé. ” p. 56-57

“- Il y a de l’astuce dans ce pot. Vous avez du savoir-faire. La cuisson est excellente, saisie et fondue, sans abîmer ce qui croustille. Et je pense pouvoir vous dire ce qui est entré dedans…

Bernadette se rengorgeait. On aurait dit un dindon, ma parole, avec sa crête rouge frémissant sur la tête.

– Essayez toujours…

-Laurier, thym, oignons, vin blanc et sel, comme de juste. Vous avez ajouté de l’estragon, n’est-ce pas ? Et ce qu’il faut de baies de genièvre. Un peu de romarin peut-être, en début de cuisson ?

-Vous oubliez un doigt de miel, a jubilé Bernadette. Mais ce ne serait pas si bon si on n’y mettait pas de l’inattendu, pour réveiller le goût qui s’habitue à tout. J’y ai rajouté de la marjolaine, à laquelle on ne pense pas mais qui donne un parfum, sans compter qu’elle est bonne pour les nerfs et pour l’estomac. Et pour finir, comme il faut toujours un secret…” p. 57-58

“Tandis que le service de midi était envoyé, et qu’on portait les plats du déjeuner sans la salle à manger, Félicien m’avait fait servir une assiette de soupe. Je remarquait avec joie qu’il y nageait un véritable morceau de viande, sans nerf ni cartilage. Ce n’est pas le grippe-sou de Gaston qui nous aurait mis de la viande dans la soupe.” p. 150

avec cette lecture je participe aussi au challenge de l’imaginaire et lire au féminin

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