D’or et d’oreillers [roman jeunesse]

D’or et d’oreillers [roman jeunesse]

5 mars 2022 8 Par Bidib

Couverture D'or et d'oreillersAujourd’hui je vais vous parler d’un roman de Flore Vesco, sortit aux éditions l’école des loisirs en 2021 : d’or et d’oreillers.

Ma première rencontre avec l’auteur s’est fait à travers son roman l’estrange malaventure de Mirella qui s’inspirait du conte du joueur de flute pour nous livrer une étrange aventure fantastique au Moyen-âge. J’avoue que cette première lecture m’avait donné du fil à retordre. L’auteur pour donner une saveur plus authentiquement moyenâgeuse à son récit avait écrit dans un style imitant le vieux français. Pour la dyslexique que je suis, c’était drôlement fatigant. Il m’a fallu une bonne moitié du livre pour m’habituer. Ce roman m’avait aussi laissé une drôle d’impression par sa construction. L’histoire y est très longue à démarrer. Pendant deux bons tiers du récit, il ne se passe pas grand-chose, puis tout à coup ça s’emballe et la fin est superbe.

J’étais donc très curieuse de retrouver l’autrice et je me demandais comment cette deuxième lecture allait se passer. J’avais un peu peur, je l’avoue, tant la lecture du précédent roman m’avait couté. Mais la fin de celui-ci m’avait enchanté et j’avais envie de voir comment l’autrice allait s’approprier un nouveau conte.

Avec d’or et d’oreiller, Flore Vesco s’attaque au fameux conte de la princesse au petit pois, mais ce n’est pas le seul conte qui s’immisce dans le récit. Tout au long de cette aventure, les clins d’œil aux contes classiques seront nombreux, certains seront très explicites, d’autres beaucoup plus subtiles. J’ai adoré ce jeu de références cachées dans le récit, un peu comme un jeu de piste.

Revenons à l’aventure !  Point de princesses. Nous sommes dans l’Angleterre victorienne. L’héroïne travaille comme bonne dans une famille de la haute bourgeoisie. Un jeune lord de la région fait savoir qu’il cherche une épouse, mais que pour obtenir la place, il faudra passer une épreuve qui consiste à passer une nuit entière au château. Scandale, une idée pareille dans l’Angleterre puritaine de l’époque, vous n’y pensez pas ! Enfin, les idées puritaines, quand il y a une fortune pareil à la clé, on s’en arrange. Le lord est riche, très riche. Et la mère de la famille a bien l’intention de lui céder l’une de ses trois filles parfaites. Voilà donc les trois jeunes bourgeoises élevées pour faire de fragiles parfaites épouses et leur bonne dans le château. Chacune leur tour, elles devront passer le test. Y compris Sadima, la bonne.

Sadima est une jeune fille très curieuse, avec un penchant certain pour le surnaturel, dotée elle-même d’un drôle de pouvoir qu’elle ne maîtrise pas vraiment. Bien que consciente de l’incongruité de la proposition du Lord, elle ne résiste pas à la tentation de passer une nuit de plus dans ce château où il se passe des choses étranges. C’est le début d’une aventure qui sera aussi dangereuse que romantique.

L’histoire est fabuleuse et nous emporte. Un château hanté, presque vivant. Un héroïne en avance sur son temps, indépendant, farouche, sure d’elle et qui ne se laisse pas facilement impressionner, et surement pas par la colossale fortune du Lord qu’elle n’hésite pas à remettre à sa place, un Lord pas comme les autres, étrange, fantasque. Une série d’épreuves étranges. Voilà les ingrédients d’une aventure comme je les aime. Riche en rebondissements, cette histoire est moderne et classique à la fois.

Mais si j’ai un coup de coeur pour ce roman, ce n’est pas seulement pour sa jolie histoire et son héroïne charismatique. Ce qui m’a fait adorer le roman c’est la plume de l’autrice. L’aventure commence dans cette famille bourgeoise ou travaille l’héroïne, dans tout ce passage nous sommes dans le deuxième degré et j’ai trouvé ça très drôle. La condition des femmes du XIX siècle y est tourné en ridicule et cela donne d’autant plus de force à l’héroïne qui tente de s’affranchir des codes très rigides de la société dans laquelle elle évolue.

En cela le roman m’a fait penser à Enola Holmes. Le style y est très différent et les aventures vécues par les deux héroïnes sont très différentes, mais les deux évoluent dans la même époque et les deux n’hésitent pas à critiquer la condition de la femme dans la société de l’époque et l’une comme l’autre veulent s’en affranchir, car elles ont des esprits libres.

Le fantastique qu’on trouve dans ce roman m’a beaucoup plus. Cela commence doucement, on ne sait pas trop s’il y a du surnaturel, si ce sont juste des rêves. Et petit à petit, au fur et à mesure qu’on avance dans le récit la magie se fait de plus en plus présente, toujours en lien étroit avec le monde des rêves (et aussi en lien étroit avec la condition féminine, mais je ne vous en dirais pas plus sur le sujet).

J’ai été emmené par ce récit qui au début m’a amusé avec le ton décalé du deuxième degré et ensuite m’a envouté par l’univers fantastique très particulier de cette étrange demeure. Un très beau roman, très sensuel. Une sensualité très poétique qui m’a vraiment touché.

Bref c’est très riche, en seulement 233 pages on a de la poésie, de l’humour, une réflexion sur la condition des femmes, sur leur sensualité/sexualité, sur l’amour, de l’aventure, de la magie… que demander de plus ?

D’or et d’oreillers sur le site de l’école des loisirs

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avec cette lecture je participe au challenge Contes & Légendes, challenge Petit Bac, British Mysteries, Objectif PAL, le tour du monde en 80 livres et au challenge de l’imaginaire

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