Petit panier de romans #2
Petit panier garni aux saveurs diverses, il y en aura pour les grands et les petits. On commence ce petit panier par deux lectures chevaleresques, mes toutes premières lectures de 2021, avant de faire un saut dans un lycée américain pour y parler littérature et censure, s’arrêter en Italie le temps d’une enquête, et enfin s’embarque dans une quête épique pour une tout autre sorte de chevalier : Zorro. Trois lectures de décembre que je n’avais pas encore eu le temps de présenter.
Perceval ou le conte du Graal
Roman de Chrétien de Troyes, traduit et abrégé par Jean-Pierre Tusseau, édition de l’école des loisirs de 2019.
J’avais commencé ce roman l’année dernière à l’occasion du mois dédié aux légendes arthuriennes, mais je n’avais pas eu le temps de le terminer à temps. Ayant l’intention de réitérer cette thématique (j’étais bien trop frustré de ne pas avoir eu le temps de me pencher davantage sur la question), je l’ai mis de côté. L’année 2021 du challenge Contes & Légendes s’ouvre avec les légendes arthuriennes, il était temps pour moi de ressortir Perceval de mes étagères.
J’aime beaucoup cette traduction que je trouve très agréable à lire. Nous sommes dans une ambiance moyenâgeuse avec des tournures de phrases parfois un peu étranges, mais toujours compréhensibles ce qui rend le texte accessible à tous. Ce qui m’a le plus surpris dans cette lecture c’est que j’ai trouvé le texte vraiment drôle. Avec de la littérature du Moyen Âge, même adapté pour de jeunes lecteurs, je m’attendais à quelque chose d’ennuyeux. Et je me suis bien marée. Perceval est si naïf qu’il en devient presque idiot. On s’amuse de le voir si innocent, se mettre dans des situations pas possibles et s’en sortir avec une facilité déstabilisante. Il est si naïf qu’il ne se rend même pas compte des difficultés dans lesquelles il se met.
J’étais très amusé aussi de voir la mère de Perceval lui faire une bonne leçon sur le consentement avant de le laisser partir à l’aventure. Peut-être que certains jeunes hommes auraient besoin d’une petite leçon de chevalerie de nos jours encore. Bon, on explique au chevalier qu’il se doit d’être respectueux des demoiselles, mais… ce respect est tout de même relatif, faut respecter leur vertu, certes, mais les remarques misogynes ne manquent pas. Enfin, consolons-nous en nous disant que toutes les remarques misogynes de l’histoire sont tout de même sorties de la bouche des ennemis de nos héros et pas des leurs.
Je dis bien nos héros, car si le livre s’ouvre avec le jeune Perceval qui s’en va dans l’espoir d’être adoubé chevalier, nous suivons aussi les aventures d’un chevalier de la Table ronde, Gauvain, le neveu du roi Arthur. Les aventures des deux chevaliers se déroulent en parallèle sans aucun lien entre les deux, ce qui est un peu bizarre. Je me demandais, tout du long, où on voulait en venir en passant de Perceval à Gauvain et, apparemment, on n’en vient nulle part. On a deux histoires sans liens entre elles si ce n’est les références à la lance qui saigne, que l’on retrouve dans les deux aventures. Le livre n’a pas de conclusion et ça fait un peu bizarre aussi, un peu comme si on venait de voir Infinity war et que Endgame ne sortait jamais. On reste sur notre faim, ça se termine avec la promesse d’un duel très important et… on ne sera jamais qui l’importe.
→ avec cette lecture je participe au challenge Contes et Légendes, challenge de l’imaginaire, challenge Petit BAC et le challenge cette année sera classique. Je triche un peu et participe aussi au challenge objectif PAL puisque si j’avais déjà lu la moitié du livre, celui-ci avait repris le chemin de la pile à lire depuis plus de 6 mois. Petit clin d’œil aussi au challenge Des livres (et des écrans) en cuisine avec des passages gourmands.
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→ Perceval ou le Conte du Graal sur le site de l’école des loisirs
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Lancelot Dulac
Roman jeunesse, écrit par Victor Pouchet, illustré par Killoffer, publié dans la collection Neuf de l’école des loisirs (2020).
Lancelot Dulac vient de faire sa rentrée en sixième, sa prof principale lui fait remarquer qu’il porte le nom d’un chevalier. Cette remarque il l’a entendu mille fois, mais cette année elle prendra une tout autre signification pour lui. C’est que Lancelot vient de tomber éperdument amoureux. Jennifer a ravi son coeur et devient sa Genièvre. À partir de cet instant, Lancelot va tout faire pour devenir un chevalier digne d’être remarqué par la reine de la cour de récré. Mais il va lui falloir surmonter de nombreux obstacles, partir dans une longue et dangereuse quête.
Dans ce court roman (115 pages) richement illustré, l’auteur s’amuse à transposer les codes de la chevalerie dans la vie d’un garçon de 11 ans. Un gringalet à l’imagination fertile qui va puiser son inspiration dans la littérature de chevalerie et qui va transformer son quotidien ordinaire en une véritable épopée chevaleresque.
Le texte est très drôle, même si on n’y croit pas vraiment. Aucun garçon de 11 ans ne serait aussi naïf que Lancelot de nos jours. Celui-ci se prend si bien au jeu de la chevalerie qu’il semble vraiment croire aux fables qu’il se raconte. Les illustrations, très pop, accompagnent à la perfection le texte. J’ai passé un très bon moment, c’est léger et c’est très amusant de voir ainsi les codes de la chevalerie transposée dans le monde du collège.
Cette lecture pourrait être un complément amusant à travailler au même temps que les textes classiques, car sans connaitre ceux-ci on risque de passer à côté de ce que le roman a à offrir de plus drôle. Je suis bien contente d’avoir lu Perceval juste avant, j’ai vraiment pu faire le parallèle entre les deux ambiances.
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→avec cette lecture je participe au challenge Contes et Légendes, au challenge Petit BAC
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Lire est dangereux (pour les préjugés)
Roman ado de Dave Connis, publié en 2020 au éditions Milan.
Clara, une jeune fille de milieu modeste entame sa dernière année dans un lycée privé huppé ou elle peut étudier grâce à une bourse. Se croyant ouverte d’esprit, elle va découvrir qu’elle a plein de préjugés, notamment envers l’élite du lycée quand la censure d’un certain nombre de livres par la direction de l’école la pousse a ouvrir une bibliothèque clandestine.
Ce roman est prétexte à réflexion sur la littérature et la censure.
Niveau littérature on est mieux servi par les nombreuses références que par la qualité du texte, qui est ici assez médiocre. Ce n’est peut-être pas d’une grande qualité littéraire, mais ça se lit bien et vite. L’ambiance est sympa, les personnages sont assez stéréotypés et on se croirait dans l’une des ses nombreuses séries américaines life school, mais ça le mérite d’être à la portée de tous, même ceux habitués à peu lire. Et comme ça vante les mérites de la littérature en citant de nombreux livres, ça donne envie de lire plus. Et ça, c’est top ! Moi, en tout cas, ça m’a donné envie de découvrir les livres cité, si j’en connaissais certains de nom, d’autres je les ai découverts ici.
Le style est très vivant pas le choix narratif, avec des chapitres courts, une narration à la première personne, beaucoup de dialogues et même des conversations par texto.
Bref un texte abordable et sympathique qui donne envie de découvrir la littérature américaine et qui fait réfléchir sur la notion de censure, mais aussi sur la stigmatisation à l’école. Je ne peux que recommander.
→ Avec cette lecture, je participe au challenge Petit BAC
→Lire est dangereux (pour les préjugés) sur le site des éditions Milan
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Le gentleman florentin
premier volume d’une série de roman policier de Magdalen Nabb, éditions 10/18 collection grands détectives (2001)
On change complètement d’ambiance on quitte le décor des lycées américains pour se balader dans les rues du centre-ville florentin. Un Anglais est mort assassiné, les carabiniers enquêtent, deux agents de Scotland yard sont venu leur prêter main-forte, car la victime appartient à une influente famille britannique.
J’ai beaucoup aimé ce roman policier pour son ambiance, les rues de Florence dont je connais bien le décor, le choc des cultures entre les détectives italiens et anglais. Pas de courses poursuites au programme, mais beaucoup de flegme.
Il y a beaucoup de personnages, aux côtés des deux agentes anglais nous avons un jeune carabinier en formation, son supérieur malade et pressé de pouvoir se rendre dans sa famille restée en Sicile pour les vacances de Noël, ainsi qu’un inspecteur que je n’ai pas bien su placer dans la hiérarchie. Tous très différents et complémentaires. J’avoue avoir eu un petit faible pour le jeune stagiaire complètement dépassé par les évènements, mais ayant à cœur de bien faire son travail et de ne pas décevoir ses supérieurs.
→ avec cette lecture, je participe au challenge Polar et Thriller, au challenge British Mysteries, au challenge Petit BAC et au challenge Lire au féminin
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Zorro
Roman d’Isabel Allende, publié aux éditions Grasset (2005)
Isabel Allende, auteure chilienne, s’attaque ici au mythique Zorro. Ce héros masqué est né en 1919 sous la plume de Johnston McCulley. Il a vu depuis fleurir les adaptations. Je me souviens surtout de la série Disney de la fin des années 50 avec Guy Williams que je regardé quand j’étais petite avec ma grand-mère. Il y a aussi le film avec Antonio Banderas, ou encore le dessin animé sorti il y a quelques années. Bref Zorro a été ris et repris à l’écran, mais aussi par des auteurs qui se sont approprié le personnage pour lui offrir de nouvelles aventures. Isabel Allende ne nous raconte pas tant les exploits de Zorro, mais le cheminement de Diego de Vega avant qu’il ne devienne le Zorro que nous connaissons tous. On découvre ainsi son enfance dans la Californie espagnole de la fin du XVIII siècle, puis ses études en Espagne, ses voyages transatlantiques, sa rencontre avec des pirates… On a là un véritable roman d’aventures avec tout un parcours initiatique qui fera du jeune Diego le héros masque nommé Zorro.
J’ai adoré ce roman. Isabel Allende a le don de savoir nous emporter dans une autre époque, on s’y croirait vraiment. Je trouve qu’elle arrive très bien à rendre la pensée de l’époque tout en ayant un regard critique qui passe par une bonne dose d’humour. Elle s’amuse et se moque de ses personnages avec tendresse.
Le roman est un joli pavé de plus de 450 pages, mais je n’ai pas vu le temps passer. Je me suis beaucoup amusé en compagnie de Diego et de ses amis. J’ai beaucoup aimé le style, que j’ai trouvé très drôle et vivant et qui m’a donné l’impression de faire un voyage dans le temps.
→ avec cette lecture je participe au challenge Lire au féminin et au challenge Petit Bac
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Je t’avoue que la couverture de Perceval ne m’attire que moyennement mais à te lire, j’ai bien envie de me forcer, tu sembles avoir passé un très bon moment.
Et je te rejoins complètement pour ta 2e lecture : pour bien la saisir, il faut connaître les références. D’ailleurs, cette 2e lecture peut aussi entrer dans le challenge classique puisqu’on accepte les références et détournements 😉
Un livre qui parle de livres, forcément j’aime. J’avais repéré sans rien lire de lui ton 3e, il a rejoint ma wishlist grâce à toi
Et Zorro aussi peut intégrer le challenge classique 😉
super ! moi qui croyait avoir qu’un seul livre me voici déjà à 3 🙂 je savais pas trop pur les détournement. Je voulais vous poser la question puis ça m’est sorti de la tête
😉
Et bien quel beau panier ! Ça en fait des lectures ! Oh je pense relire Zorro, tu m’as donné envie de replonger dans son univers. J’avais oublié qu’il y avait aussi des pirates. Je ne me souviens même plus de l’histoire ! Et pourtant je sais que j’avais adoré ! Je l’ai dans ma bibliothèque. Je vais le relire, c’est décidé.
les pirates, les indiens, le cirque… il y a vraiment tous les ingrédients du roman d’aventure 😀 bonne relecture
Chouettes lectures ! 🙂 Les 2 premiers me rappellent la fac de lettres… 🙂 Bon week-end, Bidib !
bon ou mauvais souvenirs ?
J’ai de mauvais souvenirs scolaires de Chrétien de Troyes 😉
moi je ne l’ai jamais étudié à l’école du coup j’ai bien profité 😉
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Bonjour
J’ai été amusé de voir Perceval classé en catégorie « Littérature de l’imaginaire » (et participer au 9e Challenge du même nom!). Je pense que Chrétien de Troyes lui-même n’aurait jamais prévu ça, quand il compilait son roman, il y a …quelques siècles!
Pour ma part, j’avais d’abord découvert « Perceval le Gallois » au cinéma, dans le film stylisé (à l’excès?) de Rohmer. J’étais gamin (au siècle dernier!), et ça m’avait plutôt déçu voire rebuté comme trop « théâtral ». L’avez-vous vu?
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola
oui c’est sur que Chrétien de Troy n’aurait jamais classé son livre dans « littérature de l’imaginaire », d’autant plus que cette notion est très récente. Mais si on se pose la question de qu’est-ce qui caractérise la « littérature de l’imaginaire » aujourd’hui, je trouve que Perceval à plusieurs ingrédients qui correspondent bien avec la lance qui saignent et autres incursion du magique dans le récit.
je n’ai pas vu le film vous parlez mais présente comme ça il ne me fait pas très envie du coup 🙂 surtout que j’ai du mal avec le jeu d’acteur très théâtral
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[…] – Cat. A — 26/301. Le silence est d’ombre, Loïc Clément et Sanoe2. Perceval ou le conte du Graal, Chrétien de Troyes3. La Capucine, Marie Desplechin4. Les tisserands de la Vérité, tome 1, […]