Petite escale japonaises en livres

Petite escale japonaises en livres

21 avril 2022 8 Par Bidib

Voici un petit billet fourre-tout pour vous partager deux lectures faites dans le cadre du challenge un Mois au Japon organisé par Hilde et Lou.

La femme qui dort de Natsuki Ikezawa

Couverture La femme qui dort

Ce titre dormait dans mes étagères depuis une petite dizaine d’années ! Il était temps que je lui donne sa chance. J’étais tombé par hasard sur un lot de roman des éditions Picquier (éditeur spécialisé dans la littérature asiatique) et j’avais acheté à petit prix tout un tas de roman et puis ils ont fini par prendre la poussière. Comme je voulais être sûre de terminer le livre à temps pour le challenge un mois au Japon, j’ai choisi la femme qui dort, car c’était le plus petit de ma présélection. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre et en le commençant je n’avais pas compris que c’était un recueil de nouvelles. Finalement, c’était ce dont j’avais justement besoin, enchainer plusieurs histoires courtes correspondait parfaitement à mon humeur livresque du moment.

Dans ce recueil on découvre donc 3 nouvelles de l’auteur :

Les origines de n’kure

C’est la lecture des premières lignes de cette nouvelle, la première du recueil, qui m’a convaincu de me plonger dans cette lecture. Un début très énigmatique qui m’a donné envie de savoir ce que c’est que le n’kunre (mis à part un mot imprononçable!).

Dans cette nouvelle Ikezawa nous amène dans la forêt amazonienne du Brésil. Un homme, après avoir tué sa femme lors d’une querelle particulièrement violente, prend la fuite et se réfugie dans la forêt pour échapper au beau-père qui veut sa mort. Là il fait la rencontre d’une tribu d’amérindiens qu’on appelle les Desertores, car ils fuient tous les conflits. Il découvre chez eux le n’kunre, une sorte de mantra magique qui va changer sa vie et celle du monde.

Une nouvelle très courte et étrange dont le ton m’a déstabilisé. Au début on ne sait pas où tout ça nous mène et on ne comprend pas la légèreté avec laquelle on évoque l’extrême violence du protagoniste qui a quand même tué sa femme à mains nues. Mais au final j’ai trouvé ce texte intéressant.

Mieux encore que les fleurs

Dans cette seconde nouvelle, nous partons à Okinawa. Un homme est dans un bar où il rencontre une vieille connaissance et se livre à lui. Il va lui raconter l’épisode le plus étrange qu’il lui soit arrivé de vivre depuis leur dernière rencontre des années plutôt. Ainsi commence un long monologue (nous n’entendrons jamais la voix de son interlocuteur) où il rencontrera une étrange aventure qu’il a eue avec une femme médecin rencontrée dans l’hôpital où il travaillait en arrivant sur l’île alors qu’il était encore dans la vingtaine. Cette histoire de sexe cache en réalité quelque chose de bien plus étrange et intrigant. Quelque chose qui a à voir avec le folklore local, mais je ne vous en dis pas plus.

Encore une fois j’ai été interpellé par le style et le ton de l’auteur qui change de ce que j’ai l’habitude de lire. Cela me mettait un peu mal à l’aise, mais en même temps c’est agréable à lire. J’ai aimé cette histoire qui commence comme une banale aventure entre une femme d’âge mûr et un jeune homme et qui nous amène petit à petit dans un univers beaucoup plus fantastique.

La femme qui dort

Troisième et dernière nouvelle, la femme qui dort donne son titre au recueil pourtant c’est celle qui m’a le moins plu. On va suivre un drôle de voyage onirique qui amène une parfaite petite épouse japonaise expatriée aux États-Unis dans une cérémonie à Okinawa.

Si le concept de voyage onirique et cérémonie folklorique m’ont plus, je n’ai pas du tout aimé le personnage principal. La parfaite petite épouse qui n’a qu’un seul but dans sa vie, préparer le repas de son mari et qui semble s’en satisfaire. Le couple ne parle même pas. Elle écoute, il monologue. Il travaille et elle s’occupe des tâches ménagères. La façon dont la nouvelle est écrite est aussi assez fastidieuse, on décrit par le menu chaque petite action qu’elle fait, mais comme elle ne fait rien de passionnant… ben c’est ennuyeux à lire. Je pense que c’est voulu et que c’est justement fait pour marquer le côté répétitif de sa vie, mais j’ai eu du mal à me motiver pour continuer la nouvelle. Le seul aspect du quotidien de l’héroïne qui m’a intéressé c’est la nourriture, omniprésente.

“Voilà ce qu’elle se disait en posant des toasts sur la table où étaient déjà alignés beurre, confiture, sucre et crème fraîche. Elle apporta une omelette, plutôt réussie ce matin. La plupart des collègues de son mari prenaient, semble-t-il, un petit déjeuner japonais. Mais comme le plus souvent le déjeuner voire même le diner étaient des repas américains plutôt lourds, son mari préférait un petit déjeuner à l’américaine relativement léger. Selon les jours, elle lui faisait des œufs brouillés, des œufs sur le pat ou une omelette, accompagné au choix de jambon, bacon ou saucisse. Et comme légumes, des asperges en boite ou du chou en saumure. Parfois elle préparait une salade de cresson et champignons.”

Nous n’avons de toute évidence pas la même conception du “petit déjeuner léger” l’auteur et moi 😀

“Elle fit mijoter un reste de sashimi de thon avec du gingembre et, en fin de cuisson, ajouta une bonne quantité de poireau émincé. Elle ébouillanta rapidement des épinards qu’elle assortit d’une grosse poignée de copeaux de bonite séchée. Elle superposa deux couches de riz blanc qu’elle sépara avec une feuille d’algue séchée, puis, se disant que pour compléter l’ensemble elle verrait bien un peu de couleur rouge, elle ajouta une petite portion d’œufs de morue au sel et au piment. Dans un petit récipient à part, elle mot un kaki épluché pour le dessert.”

Pendant ce temps-là monsieur boit son café tranquille…

“Elle n’avait pas envie de cuisiner, elle décida donc de préparer du zôni, cette soupe que, même en dehors des fêtes de Nouvel An, elle mangeait souvent parce que c’était facile à cuisiner. Elle prépara le bouillon, coupa les légumes et, pendant qu’il cuisaient, elle fit griller les galettes de riz gluant. Une bonne odeur se rependit, qui aiguisa un peu sa faim. Pour accompagner le tout, elle éminça des légumes en saumure et se mit à table”

Moi quand je n’ai pas envie de cuisiner je me fais un bon de céréales…

 

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Quant à l’aspect fantastique de la nouvelle, c’est intrigant, mais on nous laisse dans le flou, j’aurais aimé avoir une explication au phénomène. Néanmoins j’étais ravie de découvrir une toute petite parcelle du folklore d’Okinawa. Ça m’a donné envie d’en savoir plus.

Avec cette lecture je participe au challenge un mois au Japon, au tour du monde en 80 livres, au challenge de l’Imaginaire, au challenge Petit BAC, objectif PAL, au challenge Contes & Légendes et à des livres (et des écrans) en cuisine.


Accroche-toi à maman ! de Satomi Ichikawa

Couverture Accroche-toi à maman ! 

On change complètement de registre avec un album de Satomi Ichikawa, une autrice jeunesse japonaise qui vit en France depuis des années et publie ses albums aux éditions l’école des loisirs. D’elle j’ai déjà présenté ici Croc-Croc Caïman (il y a un an précisément).

Avec Croc-Croc on parfait en Amazonie, Acroche-toi à maman est tout aussi dépaysant. Dans ce nouvel album, Ichikawa nous offre une nouvelle petite aventure écologique, direction Bornéo, à la rencontre des Orangs-Outans. Une petite fille qui vit à la lisière de la forêt avec sa maman, en allant chercher des bananes elle aperçoit un bébé orang-outan et lui propose de partager son gouter. La maman orang-outan va lui faire découvrir la forêt sous un nouvel angle. Une vision magnifique, mais fragile puisque l’habitat des orangs-outans diminue chaque année à cause de la déforestation.

Tout comme les enfants amazoniens invitent à protéger et respecter les caïmans, ici la petite fille nous invite à protéger et respecter ses grands singes arboricoles.

Un très joli album, avec un beau message et un dépaysement assuré.

Pourquoi les orangs-outangs sont-ils orange ?

Femelle orang-outang avec son petit, à Bornéo en Indonésie © Anup Shah / Getty Images

Avec cette lecture je participe au challenge un mois au Japon, au tour du monde en 80 livres et au challenge Petit BAC


Kimonos de Sopjie Milenovich

Je finis ce petit tour avec un beau livre de Sophie Milenovich qui est partie à Tokyo pour découvrir le monde merveilleux du kimono. Dans ce beau livre en format à l’italienne et à l’épais papier cartonné, on découvre à la fois de très belles photos, des informations techniques sur la conception du kimono, des informations historiques où encore des informations sur les différents types de kimonos et en quelles occasions ils sont portés.

Un très beau livre qui donne envie de porter des kimono, mais aussi d’en confectionner.

Avec cette lecture je participe au challenge un mois au Japon, au tour du monde en 80 livres et au challenge Petit BAC

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